Monkeypox : la colère monte

Publié par Fred Lebreton le 22.07.2022
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ThérapeutiqueMonkeypox

Depuis la découverte du premier cas du Monkeypox en France, le 19 mai 2022, l’épidémie progresse de façon alarmante. Dix jours après l’ouverture de la vaccination préventive aux groupes les plus exposés, force est de constater que le compte n’y est pas. Les témoignages se multiplient sur un accès très difficile à la vaccination et la colère monte parmi les personnes concernées et les associations.

16 000 cas dans le monde, 1500 en France

Au 22 juillet 2022, le site Monkeypoxtally, qui fait un décompte quotidien des cas de Monkeypox dans le monde, annonçait un nombre total de 16 075 cas. Dans le « top 5 » des pays les plus touchés arrivent en tête l’Espagne (3 383 cas), les États-Unis (2 425), l’Allemagne (2 191), le Royaume-Uni (2 137) et la France (1 453).

Dans son dernier bulletin épidémiologique publié le 20 juillet, Santé Publique France (SPF) rapporte en effet une nette hausse des cas de variole du singe en une semaine. Au 19 juillet 2022 à 12 heures, 1 453 cas confirmés ont été recensés en France par département de résidence : 678 cas résident en Île-de-France, 111 en Occitanie, 103 en Auvergne-Rhône-Alpes, 65 en Nouvelle Aquitaine, 55 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 41 dans les Hauts-de-France, 25 en Grand Est, 18 en Normandie, 15 en Pays-de-la-Loire, 9 en Bourgogne-Franche-Comté, 9 en Centre-Val de Loire, 9 en Bretagne et 1 en Martinique. La région de résidence n’est pas renseignée pour 309 cas et 5 cas résident à l’étranger. SPF précise qu’ « en raison de délais accrus de collecte des informations sur les cas récemment constatés, le nombre total de cas confirmés publié ce jour intègre un rattrapage de données. L’augmentation du nombre de cas depuis le dernier bilan publié s’étale sur les dernières semaines et ne doit pas être interprété comme une augmentation exceptionnelle bien qu’une tendance à la hausse soit néanmoins constatée ». Tous les cas recensés à ce jour, sauf 6 adultes de sexe féminin et 2 enfants, sont des adultes de sexe masculin. Les cas adultes sont âgés de 18 à 84 ans (âge moyen : 36 ans). Parmi les cas investigués, 78 % ont présenté une éruption génito-anale, 72 % une éruption sur une autre partie du corps, 76 % une fièvre et 74 % des adénopathies. Aucun cas n’est décédé.

Plus de traçage des contacts ?

Le tweet de la colère. Le 18 juillet dernier, Sébastien Tüller, un activiste LGBT qui a réagi dans les médias du fait qu’il avait contracté le Monkeypox interpelle publiquement l'Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France sur Twitter : « Spoiler : 0 contact tracing, l'@ARS_IDF ne m'a toujours pas contacté ». Réponse le lendemain du compte twitter officiel de l’ARS Île-de-France : « Bonjour, le contact tracing n’est plus effectué à chaque déclaration de cas par contre le contact warning [le fait que les personnes infectées préviennent elles-mêmes leurs partenaires, ndlr], est vivement conseillé à chaque fois ». Un tweet qui a suscité beaucoup de réactions. « Manque de moyens, irresponsabilité, refus de la santé publique » tweete Jérôme Martin (co-fondateur de l’Observatoire Transparence Médicaments). « Allons-nous faire reposer la lutte contre l’épidémie de monkeypox sur les malades eux-mêmes » s’indigne Florian Bardou (journaliste à Libé). De son côté Mélanie Vogel (Sénatrice écologiste des Français-es de l’étranger) interpelle l’Agence : Bonjour, On pourrait savoir pourquoi ? Le contact tracing ça parait quand même important non ? » Pas de réponse. Contactée par Seronet le 20 juillet, l’ARS Île-de-France justifie ce choix : « dans le contexte d’une augmentation rapide estivale du nombre de cas, et à partir du 8 juillet, il a été décidé, au niveau national, d’adapter les investigations des cas pour pouvoir continuer à suivre la tendance épidémique et être en capacité de détecter une évolution des caractéristiques des cas, qui marquerait un tournant dans l’épidémie (par exemple diffusion dans la population générale), tout en allégeant la charge de travail associée à ces investigations. À ce stade de l’épidémie, le contact tracing n’est plus réalisé que pour les cas pédiatriques et adultes féminin et les cas graves ainsi qu’une faible proportion des cas adultes masculins non graves ». Dont acte.

« Y a-t-il un pilote dans l'avion » se demandent nos confrères-sœurs de Slate dans un article paru le 19 juillet ? « Peut-on savoir qui réfléchit actuellement, au ministère, à des scénarios où 5 % à 10 % d'hospitalisations pour Monkeypox commenceraient à peser sur notre système de santé ? (…). N'est-il pas temps que le ministère de la Santé et de la Prévention actionne le deuxième pan de son portefeuille ? Car il semble que l'on ait un besoin urgent aujourd'hui qu'un pilote dans l'avion, rue de Ségur, reprenne le manche et nous communique son plan de vol pour le Monkeypox, avec un horizon de prévention et une altitude de santé publique ».

Des créneaux de vaccination saturés en cinq minutes

Pour faire face à la diffusion du virus, la Haute Autorité de santé (HAS) a recommandé dans son avis du 7 juillet 2022 qu’une vaccination préventive soit proposée aux groupes les plus exposés au virus. Ainsi, depuis le 11 juillet, en plus des personnes qui ont eu un contact à risque avec une personne malade, les personnes entrant dans les indications retenues par la HAS peuvent prendre rendez-vous pour se faire vacciner sur l’ensemble du territoire : Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les personnes trans, dans les deux cas, multipartenaires ; les travailleurs-ses du sexe ; les professionnels-les exerçant dans les lieux de consommation sexuelle.

Problème, les créneaux de vaccination sont saturés et la colère monte chez les personnes qui cherchent désespérément un créneau de vaccination. Des dizaines de témoignages sur Twitter et Facebook font état d’un système saturé. Exemple le 19 juillet quand Le 190 (centre de santé sexuelle LGBT à Paris) tweete « nous venons d'ouvrir une nouvelle plage pour demain ! Rappel : la prise de RDV se fait uniquement via Doctolib ». Cinq minutes plus tard, un tweetos répond : « Il n'y en a plus, cette gestion (pas de votre faute bien sûr) est désespérante, c'est le Moyen Âge, la guerre du plus rapide, du plus informé, du plus chanceux et cela deux ans après une pandémie mondiale... ».

Quid des stocks de vaccins ? Le 21 juillet, la Direction générale de la santé (DGS) se décide enfin à communiquer des chiffres et fait savoir que 30 000 doses ont « d'ores et déjà été déstockées des stocks stratégiques », et que « plus de 20 000 sont déjà sur le terrain » (source France Info). Mais le compte n’y est pas pour les associations : « Pourtant, la HAS a annoncé 250 000 HSH multipartenaires dans son avis du 7 juillet » commente Act Up-Paris sur Twitter. Même son de cloche du côté de AIDES : « 30 000 doses de vaccins sont disponibles. Nous en réclamons 300 000 » écrit l’association sur Twitter.

Appel aux médecins et infirmiers-ères pour vacciner

Parmi les raisons qui peuvent expliquer ce retard à la vaccination Monkeypox, le manque de professionnels-es de santé. Le 19 juillet, la Société Française de Santé Publique a partagé un appel à médecins et infirmiers-ères pour vacciner. « Nous relayons l'appel à renforts diffusé par le Checkpoint_Paris et la Ville de Paris « L'un des freins majeurs à l'extension effective de la vaccination est le manque de professionnels-les de santé, a fortiori en cette période estivale. Pour y faire face, plusieurs dispositifs parisiens de santé cherchent actuellement des médecins et infirmiers-ères pour renforcer leur offre de vaccination (…). Au-delà de l'Île-de-France, il est possible que les établissements et centres habilités à vacciner qui sont proches de chez vous soient également en difficulté de personnel pour répondre à la demande de vaccination. Si vous êtes en capacité de leur prêter main forte en vous portant volontaire, vous pouvez prendre directement contact avec leurs responsables ».

Isolement et précarisation

Pendant ce temps, les personnes concernées prennent la parole sur l’impact de la période d’isolement sur leurs ressources financières. Le 19 juillet, Corentin (@hennebert8), qui a contracté le Monkeypox et en a parlé dans les médias (notamment sur France Info alarme sur sa situation : « Il y a un point que l’on n’aborde pas avec le monkeypox : la précarisation. Trois semaines d’isolement, c’est trois semaines d’arrêt maladie. J’ai perdu quasiment 700 euros sur mon salaire avec cette histoire. Je m’estime chanceux car ayant de côté, mais les travailleurs précaires ? Les TDS ? ». Le tweet partagé plus de 200 fois suscite des réactions similaires. « Je suis dans une merde pas possible à cause de ça. J’ai la chance d’être infirmier et de pouvoir faire de l’interim. Je dois en plus de mon temps plein, travailler sur mes jours de repos. Franchement pour moi c’est le plus dur, pas de vacances » déplore Nicolas (@Nicolavaredas) qui a lui aussi témoigné dans les médias de son expérience avec le Monkeypox.

Souffrance physique et psychologique

Certes, le Monkeypox n’est pas une maladie mortelle - et tant mieux - mais les douleurs physiques et psychologiques entrainées par l’infection et la période d’isolement ne sont pas à prendre à la légère. C’est ce qu’explique Xavier Lescure, Professeur des universités et praticien hospitalier à l’hôpital Bichat (AP-HP), dans un entretien à The Conversation : « Même si la variole du singe est une maladie relativement bénigne pour laquelle nous possédons des traitements et des vaccins, mieux vaut éviter de l’attraper… En effet, les malades que nous recevons souffrent beaucoup, au point de devoir parfois recourir à la morphine. Par ailleurs, les lésions peuvent laisser des cicatrices dysesthésiques, souvent situées sur le visage, ce qui peut s’avérer moralement difficile à supporter. Enfin, la maladie touche à l’intime : elle peut mettre en lumière des comportements sexuels qui ne sont pas forcément toujours assumés ». Et plusieurs témoignages de personnes concernées font état de ces douleurs. C’est le cas de Nicolas qui a témoigné de son hospitalisation dans têtu : « J’avais une fièvre importante et je ne pouvais plus bouger (…). J’ai déjà eu des angines et ça ne m’a jamais fait cet effet-là. Alors le mardi soir, j’ai appelé la maison de santé et j’ai consulté à nouveau (…). Ma gorge était encore plus douloureuse et je n’arrivais plus à manger ni à boire. J’ai voulu prendre conseil auprès du service de maladies infectieuses et tropicales, où on m’a simplement dit que faute de traitement, on ne pouvait rien faire pour moi ».

AIDES réclame une campagne de vaccination coup de poing

Dans un communiqué publié le 21 juillet, AIDES monte au créneau : « Face à la menace pour la santé publique, nous réclamons la mise en place d’une campagne de vaccination coup de poing accessible aux personnes les plus exposées et d’une stratégie de réduction des risques adaptée aux populations clefs touchées par ce virus (…) Le manque de moyens humains et matériels de l’hôpital public et les départs en vacances rendent nécessaire de mobiliser les professionnels-les de santé libéraux-les pour endiguer cette épidémie » estime l’association. « Nous réclamons donc le déploiement dès aujourd’hui par l’Etat d’une campagne de vaccination « coup de poing », qui s'étalera sur les deux semaines à venir. Cette campagne devra s’appuyer sur les professionnels-les de santé libéraux volontaires et en particulier sur celles et ceux implantés-es sur les lieux de villégiature et dans les territoires ruraux. Nous demandons ainsi que les doses soient mises à disposition dans les pharmacies de ville et que les médecins libéraux volontaires puissent être des piliers de cette campagne de vaccination » exhorte AIDES.

Par ailleurs, dans une interview accordée à Libé le 20 juillet, Marc Dixneuf, directeur général de AIDES déplore le manque de transparence sur les stocks de vaccin : « Qu’importe l’état des stocks stratégiques du ministère de la Défense, on souhaite simplement être informés du nombre précis de doses disponibles pour les personnes qui en ont besoin. En conséquence, on ne sait pas ce que modélise le ministère de la Santé. C’est désolant car on a eu une organisation de vaccination de masse pour le Covid-19. Là, on a l’impression de redécouvrir comment il faut faire ». Et Marc Dixneuf de poursuivre : On aimerait élargir la compétence de vacciner contre la variole du singe aux pharmaciens. Plusieurs représentants de syndicats y sont favorables. Evidemment, on n’est pas dans le même scénario que pour le Covid-19, nous n’avons pas besoin que toutes les pharmacies soient sur le pont. Mais en s’organisant un peu, cela permettrait d’élargir et de diversifier les créneaux de vaccination ».

De son côté, Marc-Antoine Bartoli, coordinateur prévention d'Act Up-Paris, pointe du doigt les conséquences de cette mise en place laborieuse de la vaccination  sur les personnes exposées : « On risque de payer très cher ce retard à l'allumage à la rentrée : la plupart des patients ont besoin de recevoir deux doses espacées de 28 jours et ne sont protégés de manière optimale que deux semaines après la deuxième injection. Les vaccinés d'aujourd'hui ne seront immunisés qu'en septembre » souligne le militant à France Info.

La colère monte aussi aux États-Unis

Les États-Unis, qui s’attendent à une augmentation des cas de variole du singe dans les semaines qui viennent, n’ont actuellement pas assez de doses de vaccins pour répondre à la demande, a reconnu vendredi 15 juillet une haute responsable de santé publique. « Je veux reconnaître qu’à l’heure actuelle, la demande pour des vaccins de la part des territoires est plus haute que notre approvisionnement disponible, et nous savons que c’est frustrant », a déclaré Rochelle Walensky, la directrice des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique du pays à l’AFP. L’inquiétude grandit notamment à New York, épicentre de l’épidémie américaine. La ville de plus de 8 millions d'habitants-es a vu les contaminations grimper la semaine dernière et les Etats-Unis comptent au total 2425 cas (au 22 juillet). Dans une file d'attente pour se faire vacciner, Leroy Jackson, un professeur de fitness de 27 ans, a une autre inquiétude.  « Je dois être le seul ou peut-être nous sommes deux ou trois personnes noires dans cette queue », sur plus d'une centaine de personnes qui patientent, constate-t-il, en soulevant la question de l'accès aux rendez-vous pour les minorités et les moins privilégiés. Les militants-es d’Act Up New York ont décidé de réagir en organisant une « une marche contre le Monkeypox et l’échec du gouvernement »  le 21 juillet. Même chose à San Francisco ou un groupe d’activistes s’est rassemblé le 18 juillet. « 4 000 doses la semaine prochaine pour San Francisco ça n’est pas suffisant. Nous avons besoin de 40 000 doses. Nous ne voyons pas de mesure d’urgence pour nous protéger » explique un activiste. Comme un air de déjà-vu…

S’informer, se soutenir, se vacciner
- Un groupe d'auto support sur l'app Telegram a été créé par un volontaire de AIDES.
- Une chaine sur l'app Telegram permet d'avoir des infos régulières.
- Une permanence téléphonique « Écoute santé Monkeypox » est ouverte depuis le 13 juillet par les pouvoirs publics au 0 801 90 80 69, 7 jours sur 7, de 8 heures à 23 heures, pour répondre aux interrogations des publics et personnes les plus exposés-es.
- Les coordonnées des centres de vaccination contre le Monkeypox sont accessibles sur santé.fr. Cette liste continuera d’être alimentée  avec les nouveaux centres au-fur-et-à mesure de leur ouverture, selon le ministère de la Santé et de la Prévention.Plus d’infos pour les HSH sur le site Sexosafe, dédié à la sexualité des personnes HSH.

 

Virus présent dans la salive et le sperme ?
Une étude publiée le 14 juillet sur le site Eurosurveillance indique que le virus de la variole du singe est présent en grande quantité dans la salive, le sperme, les muqueuses buccales, nasales et anales, l'urine et les matières fécales. L’étude a été menée sur un groupe de 12 hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes, tous porteurs du Monkeypox, en Espagne en mai et juin 2022. Cette étude suggère que les fluides corporels peuvent jouer un rôle dans la transmission du virus sans pour autant préciser le niveau de risque. Au regard de cette publication, trois mesures de réduction des risques peuvent être identifiées et combinées : distanciation physique et isolement des cas confirmés, réduction du nombre de partenaires sexuels, réduction de l'exposition aux fluides corporels, dont la salive et le sperme. A cet égard, en France, le Haut conseil de la santé publique a récemment recommandé « par précaution » l’usage du préservatif, même après guérison, et ce pendant deux mois.

 

98 % de cas chez des hommes gays et bisexuels
On savait déjà qu’une majorité des cas d’infections au Monkeypox concernait les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) multipartenaires. Une étude publiée le 21 juillet dans la revue scientifique The New England Journal Of Medecine confirme cette forte tendance. Les chercheurs-ses ont analysé les profils de 528 personnes issues de 16 pays qui ont contracté le Monkeypox entre avril et juin 2022. L’étude indique une « forte probabilité » de transmission uniquement par voie sexuelle (95 % des cas). Au total, 98 % des personnes infectées étaient des hommes gays ou bisexuels, 75 % étaient blancs et 41 % étaient séropositifs au VIH. Aucune femme cisgenre n’a été identifiée dans cette étude.

 

Commentaires

Portrait de Guillaume

VARIOLE DUSINGE, Stratégie et options thérapeutiques, article de David Paitraud juin 2022 qui cite un avis duHCSP, haut conseil de la santé publique à lire, à mon avis, afin  de s'informer et  compléter  notre opinion sur le sujet

Portrait de jl06

L’Agence européenne des médicaments approuve officiellement le vaccin Imvanex contre la variole du singe

Le directeur général de l’OMS s’est dit « inquiet » jeudi de l’augmentation du nombre de cas de variole du singe. Plus de 15 300 malades ont été recensés dans soixante et onze pays.

Le Monde avec AFP - Publié aujourd’hui à 15h28

L’Agence européenne des médicaments (AEM) a déclaré vendredi 22 juillet avoir officiellement approuvé l’utilisation du vaccin Imvanex contre la variole du singe, dont le nombre de cas recensés pourrait susciter le déclenchement du niveau d’alerte maximal de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’agence élargit ainsi, en raison de la similitude entre ce virus et celui de la variole humaine, l’utilisation d’un vaccin qui s’est révélé efficace contre cette dernière. « Le comité des médicaments à usage humain de l’AEM a recommandé d’étendre l’indication du vaccin antivariolique Imvanex pour inclure la protection des adultes contre la variole du singe », a déclaré le régulateur européen dans un communiqué.

Le vaccin Imvanex, de la société danoise Bavarian Nordic, est administré aux Etats-Unis pour la prévention de la variole humaine et de la variole du singe. Dans l’Union européenne, il a été approuvé depuis 2013 seulement contre la variole humaine. Dans les faits, il avait un usage compassionnel en France pour la prévention de la variole du singe.

Augmentation du nombre de cas

Le directeur général de l’OMS s’est dit « inquiet » jeudi de l’augmentation du nombre de cas de variole du singe lors de l’ouverture d’une réunion du comité d’urgence de l’organisation, demandant conseil aux experts. C’est à lui qu’incombe la responsabilité de déclarer l’urgence de santé publique de portée internationale, le plus haut degré d’alerte de l’agence de santé, sur la base des recommandations du comité. Lors d’une première réunion le 23 juin, la majorité des experts avaient recommandé au docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus de ne pas prononcer l’urgence de santé publique de portée internationale.

La situation s’est aggravée ces dernières semaines : désormais, plus de 15 300 cas sont recensés dans soixante et onze pays, selon les derniers chiffres des autorités sanitaires des Etats-Unis.

Décelée pour la première fois chez l’humain en 1970, la variole du singe est moins dangereuse et contagieuse que sa cousine la variole, éradiquée en 1980. La maladie se traduit d’abord par une forte fièvre et évolue rapidement en éruption cutanée, avec la formation de croûtes. Elle est le plus souvent bénigne, et l’on en guérit généralement spontanément après deux à trois semaines.