Monkeypox : recos plus précises

Publié par jfl-seronet le 03.07.2022
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ThérapeutiqueMonkeypox

En France, comme en Europe, le nombre de personnes diagnostiquées pour le Monkeypox augmente , notamment parmi les HSH multipartenaires. Le phénomène est tel que des sociétés savantes (SFLS, SPILF) et AIDES demandent la mise en place d’une vaccination préventive pour ces personnes particulièrement exposées au virus. De leur côté, des agences officielles font de nouvelles recommandations et la distribution du vaccin Imvanex s’organise, peu à peu.

Nouveaux cas en France

Le nombre de cas diagnostiqués augmente en France. Au 28 juin 2022, 440 cas ont été confirmés : 312 en Île-de-France, 30 en Occitanie, 29 en Auvergne-Rhône-Alpes, 21 en Nouvelle Aquitaine, 16 en Provence-Alpes-Côte d'Aur, 16 dans les Hauts-de-France, sept en Normandie, trois en Bretagne, trois Grand-Est, un en Centre-Val-de-Loire, un en Bourgogne-Franche-Comté, et un en Pays-de-la-Loire, explique Santé publique France (SPF). Sur les 399 cas confirmés au 27 juin 2022, 358 ont fait l’objet d’une investigation, cinq sont injoignables ou ont refusé de répondre au questionnaire et 36 sont en cours d’investigation. Les cas adultes confirmés au 22 juin 2022 sont âgés entre 19 et 71 ans (âge médian : 35 ans). Parmi les cas investigués, 74 % ont présenté une éruption dans la zone génito-anale, 72 % une éruption sur une autre partie du corps, 70 % une fièvre et 72 % des adénopathies (inflammation des ganglions). Parmi les cas investigués, treize concernent des personnes immunodéprimées ; aucun cas n’est décédé. Comme dans les autres pays d’Europe et comme indiqué dans les précédents bulletins français, ces cas sont survenus majoritairement, mais pas exclusivement, chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), sans lien direct avec des personnes de retour de zone endémique. La majorité des cas rapporte des partenaires sexuels multiples. La plupart des cas investigués déclarent ne pas pouvoir identifier la personne qui les aurait infectés ; ce qui est une difficulté dans la stratégie de vaccination réactive qui vise à vacciner les personnes contacts pour éviter la survenue de la maladie et son éventuel passage à d’autres. Parmi les cas investigués, 81 ont voyagé, séjourné ou travaillé à l’étranger avant le début de leurs symptômes, dont certains dans plusieurs pays différents : 43 voyages sont ainsi rapportés en Espagne, neuf en Belgique, six en Allemagne, cinq au Royaume-Uni, etc. Ces voyages ne constituent pas systématiquement l’origine de la contamination. Jusqu'à présent, le Monkeypox n'avait touché que des adultes. Un premier cas a été confirmé chez un enfant, élève de primaire en Île-de-France, en juin. L’enfant a été pris en charge et « ne présente aucun signe de gravité », indique l’Agence régionale de santé francilienne qui a signalé le cas (24 juin). Dans un communiqué relayé sur les réseaux sociaux, l'ARS indique que ses équipes et celles de Santé publique France « ont immédiatement débuté les investigations afin de retracer au plus vite la chaîne de contacts de l'enfant ». « Un cas probable a été identifié au sein de la même fratrie (mais non confirmé à ce jour). Des mesures ont été prises avec l'Éducation Nationale et un message a été adressé aux parents des enfants contacts à risque de l'école fréquentée par l'enfant », ces derniers devant notamment surveiller l'apparition de symptômes (fièvre, éruption cutanée) et les signaler en urgence, ajoute l'ARS.

Pas encore une urgence de santé publique

Quel statut donner à l’épidémie de Monkeypox dans l’échelle de gravité des problèmes sanitaires ? L’Organisation mondiale de la santé (OMS) y a réfléchi ces dernières semaines, et a tranché provisoirement. Son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a expliqué (25 juin) que l’institution avait estimé que la flambée mondiale de Monkeypox était une menace sanitaire dont l’évolution était très inquiétante, sans atteindre pour le moment le stade d’une « urgence sanitaire mondiale ». Cette décision a été prise à l’issue d’une réunion d’experts-es (23 juin) dont l’objectif était de savoir si l’OMS devait déclencher son plus haut niveau d’alerte face à l’épidémie, qui touche essentiellement l’Europe de l’Ouest. Comme le rappelle l’AFP, une hausse des cas de Monkeypox a été détectée depuis début mai, loin des pays d’Afrique centrale et de l’Ouest où la maladie est depuis longtemps endémique. Plus de 3 413 cas confirmés et un décès ont été signalés à l’OMS par une cinquantaine de pays où la maladie n’est pas endémique. « En outre, depuis début 2022, près de 1 500 cas suspects et environ 70 décès ont été signalés en Afrique centrale, principalement en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et au Cameroun, avait rappelé (23 juin) Tedros Adhanom Ghebreyesus. Bien entendu, l’institution se dit inquiète « concernant l’échelle et la rapidité de propagation de l’épidémie actuelle ». Il n’en demeure pas moins que l’institution ne veut pas réagir tardivement comme cela lui a été reproché avec la Covid-19. Certains-es experts-es ont considéré que l’OMS, suite à des pressions chinoises, avait trop tardé à signaler l’urgence pour la Covid. Cette fois, l’OMS a appelé, dès le 23 juin, les pays à la « vigilance » et à la « transparence » face à cette rare et nouvelle flambée de Monkeypox dans le monde. Et l’OMS de préciser, histoire d’être bien comprise : « Dans d'autres épidémies, nous avons parfois vu les conséquences du manque de transparence des pays, du manque de partage des informations ».

Appel à la vigilance mondiale

« Nous avons besoin que tous les pays restent vigilants et renforcent leurs capacités à prévenir la transmission du virus de la variole du singe. Il est probable que de nombreux pays auront manqué des occasions d'identifier des cas, y compris des cas qui n'ont pas voyagé récemment », a soutenu le patron de l’OMS. L’institution juge probable que le nombre réel de cas de Monkeypox soit supérieur, et considère que le virus devait déjà circuler avant la flambée actuelle — peut-être depuis 2017. Depuis 2017, quelques cas importés, notamment du Nigeria, ont été sporadiquement identifiés dans plusieurs pays. « On ne s'attendait pas à avoir un aussi grand nombre de cas. Et il est un peu difficile de voir quelle est la partie émergée de l'iceberg », notamment du fait d’un dépistage peu facile, a indiqué à l'AFP Philippe Duneton, directeur exécutif d'Unitaid, une organisation qui aide les pays à faibles revenus à prévenir, diagnostiquer et traiter les maladies. « Il n'y a pas de tests faciles à utiliser pour dépister. Cela se fait essentiellement sur le plan clinique. Et donc un enjeu important est d'avoir des tests qui soient évidemment plus précoces et qui permettent de dépister les cas notamment dans les cas contacts », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, l’OMS a supprimé (18 juin) dans ses statistiques sur le Monkeypox la distinction entre pays endémiques (où la maladie sévit en permanence) et non endémiques, pour mieux « unifier » la réponse au virus. ET de préciser : « Nous supprimons la distinction entre les pays endémiques et les pays non endémiques, et présentons les pays ensemble lorsque cela est possible, afin de refléter la réponse unifiée qui est nécessaire », a indiqué l'OMS, dans son bulletin d'information du 17 juin ; et cela afin d’éviter la perception d’une épidémie à deux vitesses. Selon les données internationales (source OMS au 27 juin 2022), la région européenne est au centre de la propagation du virus, avec 2 933 cas confirmés, soit 86 % du total mondial. Vient ensuite le continent américain (381 cas, 112 %), suivi de l'Afrique (73 cas, 2 %) et des régions de la Méditerranée orientale (15 cas) et du Pacifique occidental (11 cas). Un cas de décès a été rapporté au Nigeria en 2022. En Europe, les pays les plus concernés sont la Grande-Bretagne (793 cas), l’Allemagne (521 cas), l’Espagne (520 cas), la France (voir plus haut), le Portugal (317 cas), les Pays-Bas (167 cas), l’Italie (85 cas), la Belgique (77 cas), etc. Un autre décompte existe ; celui réalisé par les CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains). Il fait mention (données en date du 24 juin) d’un total de 4357 cas confirmés, dont 910 au Royaume-Uni, 765 cas en Allemagne, 736 cas en Espagne, plus de 330 cas en France, 365 au Portugal, 257 aux Pays-Bas, etc.

Un nouveau nom ?

L’OMS envisage sérieusement de changer le nom de la maladie. Il y aurait même urgence à le faire a expliqué l’institution car les médias francophones parlent de « variole du singe », pensant correctement traduire ce que les anglophones dénomment Monkeypox. Un billet de blog de Marc Gozlan sur Réalités biomédicales y revient dans le détail (16 juin). « Nous ferons des annonces sur les nouveaux noms dès que possible », a indiqué le directeur général de l’institution, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse. L’objectif est d’être plus précis, notamment d’un point de vue scientifique, sans installer la panique. Il s’agit surtout d’éviter les confusions dans le grand public qui peuvent être préjudiciables à la compréhension des informations et à une perception objective de la maladie comme des risques qui lui sont associés.

Vaccination des cas confirmés

Le ministère de la Santé a demandé à la Haute autorité de santé (HAS) de préciser la stratégie vaccinale à mettre en œuvre autour d'un cas contact de Monkeypoxpour deux groupes de la population : les personnes primo-vaccinées, c'est-à-dire les personnes qui ont été vaccinées dans leur enfance contre la variole, et les enfants. Dans un avis, la HAS recommande ainsi d'administrer une seule dose de vaccin aux personnes contacts à risque et vaccinées contre la variole avant 1980, sauf pour les personnes immunodéprimées, pour lesquelles trois doses sont préconisées. Dans une communication, la HAS explique que la vaccination préventive contre la variole humaine a été obligatoire en France jusqu'aux années 80 (1979 pour la primovaccination, 1984 pour les rappels). Comment sait-on que l’on a été vacciné-e ? « Pour établir, avec ou sans document justifiant de la vaccination, la preuve d'une vaccination antivariolique préalable, [on] retient la présence d'une cicatrice gaufrée indélébile, caractéristique chez les personnes qui ont été vaccinées avec un vaccin de première ou de deuxième génération », explique la HAS. Des études ont démontré la persistance d’une réponse immunitaire chez les personnes vaccinées contre la variole humaine dans leur enfance. De plus, trois essais cliniques ont également mis en lumière que l'administration d'une dose du vaccin Imvanex (celui de troisième génération) chez une personne ayant antérieurement reçu une primovaccination avec un autre type de vaccin antivariolique confère un effet booster, même très à distance de cette primovaccination. Pour ces raisons, la HAS « recommande donc l'administration d'une seule dose du vaccin Imvanex pour les personnes contacts à risque ayant bénéficié d'une vaccination antivariolique avec un vaccin de 1re génération avant 1980 ». Et de préciser : « Dans le cas particulier où les personnes contacts à risque sont des patients immunodéprimés, une vaccination antérieure par un autre vaccin antivariolique ne modifie pas le schéma vaccinal initialement recommandé dans cette population, soit trois doses d'Imvanex ».

Vaccination préventive ?

C’est clairement ce que demandent des représentants de la SFLS (Société française de lutte contre le sida), la SPILF (Société de pathologie infectieuse de langue française) et AIDES. Dans un article du Monde (26 juin), Camille Spire, présidente de l’association, explique qu’il est grand temps d’ouvrir un débat sur la vaccination préventive des HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes). « Ce serait très utile en matière de prévention et bien accueilli par la communauté si accompagné », explique-t-elle dans le quotidien. D’autant qu’il reste encore beaucoup à apprendre sur les modalités de transmission. La question de savoir si le Monkeypox est ou non une IST n’est pas définitivement tranchée mais que les transmissions se produisent aujourd’hui notamment en contexte sexuel ne fait pas débat . La vaccination préventive des HSH multipartenaires est déjà proposée au Canada (où l’on dénombre 235 cas) ou encore en Allemagne (765 cas) et depuis le 23 juin à New York. De son côté, la UK Health Security Agence (UKHSA) recommande depuis le 21 juin de proposer un vaccin contre la variole (Imvanex) aux hommes gay et bisexuels présentant un risque élevé d’exposition au Monkeypox. Du côté des sociétés savantes, on plaide aussi sur l’intérêt de vacciner à titre préventif. La SPILF est favorable à une « recommandation large de la vaccination aux HSH multipartenaires », comme l’explique la professeure Odile Launay, coordinatrice du groupe vaccination à la SPILF, à l’APM, agence de presse médicale. Du côté de ces experts-es, la crainte est que l’épidémie ne reste pas circonscrite à la communauté des HSH et cela d’autant plus que pour les cas actuellement pris en charge, il est très  souvent impossible « d’identifier leurs personnes contacts, ce qui limite l’effort [et l’impact, ndlr] de la vaccination réactive ». La SFLS soutient aussi cette recommandation. « Cette position est rendue sous réserve d’une balance bénéfice-risque favorable de cette vaccination, prenant en compte l’évolution bénigne de l’infection dans la majorité des cas rapportés à ce jour, et tenant compte aussi d’une disponibilité suffisante des vaccins permettant la poursuite de la vaccination des cas contacts », précise le Docteur Pascal Pugliese, président de la SFLS, à l’APM. Comme l’explique l’agence de presse, desstocksont été « prépositionnés dans plusieurs régions en France ». De plus, l’Union européenne a signé (14 juin) un accord pour l’achat d’environ 110 000 doses du vaccin Imvanex qui devaient être livrées aux États-membres de l’UE. Cette vaccination est « sans danger » et peut même être « proposée aux personnes immunodéprimées » a souligné le Professeur Jean-Michel Molina (Hôpital Saint-Louis, AP-HP) auprès de l’APM. On verra ce qui sera fait de ces demandes conjointes pour une vaccination préventive des HSH multipartenaires. À ce jour, la HAS indique à l’APM qu’aucune saisine n’est en cours à ce sujet.

Tractations européennes

L’Agence européenne des médicaments (EMA) a indiqué (28 juin) avoir entamé l’examen du vaccin contre la variole humaine Imvanex (laboratoire pharmaceutique Bavarian Nordic), pour étendre son utilisation contre la variole du singe (Monkeypox), qui se propage actuellement en Europe. Imvanex est autorisé depuis 2013 contre la variole au sein de l’UE. La firme danoise n’avait pas demandé à l’époque une autorisation pour son utilisation contre la variole du singe, considérée bien moins dangereuse et contagieuse que la variole, maladie éradiquée depuis plus de 40 ans. L’EMA n’a pas précisé quand elle pourrait prendre une décision, ajoutant qu’elle attend toujours une demande d’autorisation officielle du fabricant. « Les stocks d’Imvanex sont actuellement très limités dans l’UE », a cependant précisé l’EMA. En raison d’une pénurie d’approvisionnement, les pays européens devraient pouvoir importer la version américaine d’Imvanex, qui s’appelle Jynneos, pour qu’il « puisse être utilisé pour fournir une protection contre la variole du singe dans l’UE ». Les autorités américaines ont déjà autorisé Jynneos contre la variole du singe. Cet avis vise « à aider les autorités nationales qui pourraient décider, à titre temporaire, d’importer des [vaccins, ndlr] Jynneos des États-Unis compte tenu de l’augmentation des taux d’infection dans l’UE », explique l’AFP. L’Union européenne a effectué une première livraison de 5 300 doses de vaccins Imvanex contre la variole du singe à l’Espagne, un des pays d’Europe parmi les plus touchés (520 cas), dans le cadre d’un contrat conclu pour le compte des États européens, a annoncé (28 juin) la Commission européenne. « Depuis aujourd’hui, les premières livraisons de vaccins en réponse à l’épidémie sont en train d’arriver dans les pays les plus touchés », a d’ailleurs indiqué la commissaire à la Santé Stella Kyriakides, dans un communiqué.  Les prochaines livraisons iront au Portugal, en Allemagne et en Belgique, selon la même source. On ne sait pas de combien de doses la France disposera sur ce contingent.

Les autorités sanitaires américaines ont annoncé mardi 28 juin la distribution immédiate de 56 000 doses de vaccin contre la variole du singe —soit cinq fois le nombre de doses déjà distribuées —dans les zones de forte transmission, indique l’AFP. Jusqu’à présent, la vaccination n'était proposée qu'aux personnes présentant une exposition connue à cette maladie ; comme c’est le cas en France actuellement. Désormais, il est recommandé, aux États-Unis, que ces vaccins soient aussi administrés « aux personnes récemment exposées à la variole du singe qui pourraient ne pas avoir été identifiées via les enquêtes et la recherche de cas contacts », a annoncé Rochelle Walensky, la directrice des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC). Sont ainsi concernés les HSH multipartenaires. Le gouvernement américain a jusqu'ici distribué plus de 10 000 doses de vaccin, et & distribué (28 juin) 60 000 doses supplémentaires du vaccin Jynneos, a déclaré David Boucher, du ministère de la Santé. Le vaccin Jynneos s'administre en deux doses. Les autorités s'assurent de disposer de 240 000 doses supplémentaires dans les semaines à venir.

Dons de sang, d’organes et de sperme

L’augmentation des cas d’infection par le Monkeypox survenue dans plusieurs pays dans le monde, dont la France, a conduit le Haut conseil de la santé publique (HCSP ) à proposer des mesures de prévention à mettre en œuvre pour empêcher la transmission du Monkeypox par les produits sanguins (transfusion), les greffons et les autres produits et éléments du corps humain (PCH). Dans un communiqué, mi-juin, le HCSP explique qu’au « regard des données disponibles sur les modes de transmission (…), les méthodes de diagnostic, la persistance du Monkeypox dans le corps humain, les procédés d’inactivation des virus et les recommandations internationales », il recommande pour « les personnes contacts ayant reçu le vaccin Imvanex, une exclusion du don [sang, organes, etc., ndlr] pendant une période de quatre semaines après la dernière dose de vaccin ». Pour les donneurs-ses de sang et d’organes, tissus, cellules : « un ajournement au don de 21 jours pour les personnes identifiées comme cas contact » ; un « ajournement au don de 42 jours pour les personnes ayant eu une infection confirmée par le Monkeypox ». Ces recommandations prennent toutefois en compte des situations particulières nécessitant « en cas d’urgence vitale (cœur et foie) pour les dons d’organes de donneurs présentant une infection confirmée, probable ou suspectée, d’effectuer une PCR orthopoxvirus sur sang, sous réserve d’être en capacité de fournir le résultat dans les délais impartis et d’évaluer le rapport bénéfice/risque au cas par cas » ; « en cas d’impossibilité de différer une greffe de cellules-souches hématopoïétiques, de pouvoir disposer du résultat d’une PCR orthopoxvirus sur sang » ; « en présence d’éléments en faveur d’une infection à Monkeypox chez les donneurs décédés, de les exclure définitivement du don d’organes, tissus ou cellules ». Par ailleurs, le HCSP a aussi statué sur l’assistance médicale à la procréation. Pour l’AMP, les personnes ayant eu une infection confirmée par le Monkeypox sont ajournées 42 jours à partir de la date de début des signes cliniques et celles identifiées comme cas-contact sont ajournées 21 jours à partir de la date du dernier contact. Pour la préservation de la fertilité, le prélèvement est reporté chaque fois que cela est possible ou sinon congelé (un test PCR orthopoxvirus sera pratiqué au moment de la décongélation). Plus d’infos sur le site sexosafe, dédié à la sexualité des personnes HSH, qui propose un résumé des connaissances sur le sujet et qui liste des mesures de prévention.

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"JE N'AVAIS JAMAIS EU UNE DOULEUR COMME ÇA": DES MALADES INFECTÉS PAR LA VARIOLE DU SINGE TÉMOIGNENTJeanne Bulant - Le 05/07/2022 à 6:16 La variole du singe, dont le nombre de cas a triplé en deux semaines en Europe, inquiète l'Organisation mondiale de la Santé, qui appelle à "une action urgente". Symptômes, parcours de soins, rétablissement, prévention... Deux jeunes Français qui ont contracté le virus fin juin racontent leur calvaire à BFMTV.com. 

"À l'hôpital, quand on m'a dit que j'avais peut-être attrapé la variole du singe, je n'y croyais pas du tout". Jusqu'à mercredi dernier, Nicolas Prata pensait n'avoir qu'une sévère angine. Avant son diagnostic, le jeune Lyonnais de 24 ans savait à peine ce qu'était la variole du singe.

"J'en avais vaguement entendu parler à la télé mais on parlait d'un cas ici et là, ça ne m'inquiétait pas du tout", confie-t-il à BFMTV.com.

Pourtant, une recrudescence inhabituelle des cas de variole du singe a été détectée depuis le mois de mai en dehors des pays d'Afrique centrale et de l'Ouest, où le virus circule d'ordinaire. Plus de 3000 cas ont ainsi été identifiés en Europe et sur le continent américain, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a appelé à "une action urgente" face au triplement des cas en Europe. En France, 498 personnes étaient contaminées au 30 juin dernier, selon Santé Publique France.

"Il n'y a pas de traitement, on me l'a répété"

Bien qu'il souffre d'intenses maux de gorge et de fièvre, ni les médecins ni Nicolas Prata ne font immédiatement le lien avec la variole du singe. Dans un premier temps, son médecin le met sous antibiotiques, pensant qu'il s'agit d'une simple angine.

"Au début ça ne m'a pas trop inquiété parce que c'est quelque chose que je développe assez souvent à cause la clim", explique-t-il.

Mais deux jours plus tard, le jeune infirmier commence à se poser des questions, voyant que son état ne s'améliore pas du tout, au contraire. "Je n'avais jamais eu une douleur comme ça à la gorge". Quelques heures plus tard, des boutons apparaissent un peu partout sur son corps et son visage. "Ça ressemblait à de tout petits boutons de moustique mais honnêtement si on ne m'avait pas posé la question, à aucun moment je ne les aurais remarqués. J'ai dû regarder mon corps à la loupe".

"Quand j'ai été testé positif, j'ai été soulagé d'une certaine manière que mes symptômes soient pris au sérieux, mais aussi très inquiet vu qu'on ne connaît pas du tout cette variole et que mes symptômes étaient très forts", explique l'infirmier.

"Je n'ai plus qu'à attendre que ça passe", souffle-t-il, "puisqu'il n'y a pas de traitement comme on me l'a répété".

Cela fait désormais cinq jours que le jeune homme est hospitalisé à Lyon, sous morphine. Une dizaine de jours après le début des symptômes, son état commence lentement à s'améliorer, même si les maux de gorge persistent. Il explique qu'il pense avoir contracté le virus au niveau de la bouche après un contact rapproché avec un ami le soir de la Fête de la Musique, mais "c'est flou".

"Je ne parvenais plus à dormir ou m'alimenter"

Courbatures, poussée de fièvre, fatigue... À l'apparition des premiers symptômes de la variole du singe le 21 juin dernier, Corentin Hennebert croit d'abord qu'il a attrapé le Covid, mais le test s'avère négatif.

"Mais ça n'a pas duré longtemps", raconte à BFMTV.com Corentin Hennebert, Parisien de 27 ans.

"Ensuite j'ai des lésions extrêmement douloureuses et très très contraignantes qui sont apparues sur les muqueuses", au niveau des parties génitales. "Puis enfin, des sortes de boutons sur le corps et le visage: des croûtes qui ne cicatrisent pas, en gros".

"Au début je pensais que ça allait passer", explique le jeune homme, auteur et metteur en scène au théâtre. Mais les symptômes, qui s'apparentaient à des hémorroïdes selon lui, étaient "très douloureux et ne s'amélioraient pas".

"J'ai trouvé ça anormal et je suis vite allé à l'hôpital parce que c'était déjà très contraignant: je ne parvenais plus à dormir. C'était des nuits blanches. Je n'arrivais plus à m'alimenter, j'évitais parce que j'avais très mal au moment d'aller aux toilettes".

Trois jours plus tard, après quelques prélèvements effectués aux urgences, Corentin Hennebert apprend qu'il a bien contracté la variole du singe, comme le redoutaient les médecins. "J'ai été très surpris parce qu'il n'y avait que peu de cas à ce moment-là en France", confie le jeune homme, qui pense avoir été infecté cinq jours avant ses premiers symptômes, lors d'un "contact rapproché avec une personne en contexte festif".

"C'est une maladie qui s'attrappe par un rapprochement: ça peut être la salive ou encore le contact peau à peau", rappelle-t-il.

Un manque de prévention et d'information criant

Désormais, Corentin Hennebert tout comme Nicolas Prata sont contraints de rester à l'isolement pour trois semaines.

"Tout ce qu'il y a à faire, c'est attendre, puisqu'il n'y a pas de traitement", regrette-t-il aussi.

Pour ne pas contaminer autrui, les personnes contaminées doivent couvrir leurs lésions cutanées "de pansements et autres vêtements longs", notamment s'ils venaient à sortir faire leurs courses car "celles-ci ont une très forte charge virale". Avant de pouvoir reprendre une vie normale, ils devront enfin attendre la fin de leur cicatrisation, et laver tous leurs vêtements à 60°C.

Une dizaine de jours après le début de l'infection, le metteur en scène de 27 ans est toujours sous anti-douleurs. "On m'a prescrit de forts antalgiques parce que la douleur n'était pas supportable. Aujourd'hui ça me lance toujours et les boutons sont toujours là même s'ils commencent à rétrécir un peu", confie Corentin Hennebert. Si aujourd'hui "ça va un peu mieux", il explique que les lésions sont longues à cicatriser.

"En tout cas je m'en serais bien passé (...), je ne souhaite ça à personne".

Le jeune homme, qui ne cache pas son inquiétude concernant la suite de l'épidémie, regrette le manque d'information et de prévention des autorités publiques autour de ce virus. "Même au moment où on m'a annoncé que j'avais la variole du singe, je n'ai pas eu beaucoup d'information sur ce qui allait se passer. Le médecin m'a dit ce qu'il fallait faire en gros, et très vite après avoir raccroché, j'étais seul chez moi. Ensuite Santé Publique France m'a appelé pour enquêter sur mes symptômes et ma liste de cas contacts, pour me prévenir qu'ils devaient se faire vacciner. Mais à ce jour ça fait une semaine et ils n'ont toujours pas été appelés" par les autorités sanitaires.

Les malades face à la crainte des amalgames et de l'homophobie

Après avoir publié un thread détaillé sur son expérience de la maladie sur Twitter, Corentin Hennebert dit "avoir été contacté par beaucoup de gens" un peu perdus, qui lui demandant des conseils ou des informations sur la maladie. Selon lui, ses tweets ont eu un très fort retentissement en raison du manque d'information.

"Je trouve ça dingue", pointe-t-il. "Je ne suis pas médecin, et je trouve ça malheureux que ce soit à un malade de dire à d'autres si c'est ça ou non, que ce soit à moi de leur recommander d'aller à l'hôpital".

Enfin, le jeune homme redoute que cette maladie soit sujette aux "amalgames", comme avait pu l'être le Sida dans les années 1980. Car si la majorité des cas européens et américains ont pour l'heure été enregistrés chez des hommes ayant eu des relations homosexuelles, ils ne sont pas les seuls concernés. Depuis la publication de ses tweets, il a d'ailleurs déjà été la cible d'une vague de cyberharcèlement à caractère homophobe. "J'ai reçu des centaines de messages nauséabonds", déplore-t-il.