Municipales juste avant le premier tour

Publié par jfl-seronet le 13.03.2020
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Politiquemunicipales 2020

La santé, la lutte contre le VIH et les hépatites, le combat contre les discriminations… Voici quelques thèmes qui ont été portés par des organisations de la société civile durant cette campagne des municipales, dont le premier tour se déroule dimanche 15 mars. En régions, des militants-es ont battu la « campagne » pour mettre en avant des enjeux locaux dans la mobilisation contre le VIH et pour la défense des droits des groupes les plus exposés au risque d’infection. À quelques heures du scrutin, Seronet revient sur des infos pratiques, les derniers sondages parisiens et sur le travail mené dans deux régions par les militants-es de AIDES.

Combien de candidats-es aux municipales ?

Le nombre de candidats-es au premier tour des élections municipales, le 15 mars, s'élève à 902 465 ; un chiffre en baisse de 3 % par rapport au scrutin de 2014, selon les chiffres diffusés lundi 2 mars par le ministère de l'Intérieur. Les candidats-es sont répartis-es sur 20 765 listes. Le second tour des municipales aura lieu le 22 mars. La baisse du nombre de candidats est liée à celle du nombre de communes, en recul de 5 % en six ans, avec un total de 34 997 communes en 2020. À Paris, un nombre record de 181 listes a été déposé pour le premier tour et huit candidats-es présentent des listes dans l'ensemble des 17 secteurs de la capitale (les quatre premiers arrondissements ne forment plus désormais qu'un seul secteur électoral). Chaque prétendant-e à l'Hôtel de Ville devait ainsi réunir environ 500 colistiers-ères pour que ses listes soient présentes partout dans Paris. Près de 47,7 millions de personnes sont inscrites, selon l'Insee, sur les listes électorales à la veille des municipales, soit 544 000 de plus en moins d'un an. Les Français-es devront élire les 15 et 22 mars quelque 500 000 conseillers-ères municipaux-ales, un nombre également en baisse de plus de 20 000 en six ans avec les regroupements de communes. Autre volet du scrutin, ils éliront en même temps quelque 67 000 conseillers-ères intercommunaux-ales pour gérer les 1 259 intercommunalités que compte le pays.

Ce que l’Ardhis veut à Paris

À Paris, des militants-es de AIDES ont sollicité les différents-es candidats-es aux municipales et réalisé des interviews dont celle de la maire sortante. Des associations ont également été sollicitées pour dresser le bilan qu’elles faisaient de l’action municipale dans le domaine qui est le leur. C’est le cas avec l’Ardhis (Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l'immigration et au séjour) à qui cette question a été posée : « Depuis des années, Paris connaît, du fait de facteurs multiples, des difficultés concernant l’accueil des personnes migrantes, certaines d’entre elles sont des personnes LGBTQI+. Que pensez-vous de l’action actuelle de la ville sur ces sujets et quelles sont, selon vous, les mesures prioritaires de la prochaine équipe municipale ? » « L’accueil des personnes exilés-es, et, en particulier, celles qui souhaitent demander l’asile, relève de la compétence de l’État. La maire actuelle a beaucoup porté et incarné un discours de rappel de l’État à ses obligations, parfois aux côtés d’autres maires en France. Or ce discours n’est pas suffisant, car nous faisons face à une défaillance organisée de l’État et à une politique de désaccueil des personnes exilées », constate l’association. « Quelles ambitions une politique municipale peut-elle porter dans ce contexte ? Tout d’abord elle peut revendiquer un accueil inconditionnel, qui doit se traduire par de l’hébergement d’urgence, quelle que soit la situation administrative des personnes exilées, sans les exposer à des risques d’expulsions. Il faut rappeler qu’avoir un toit, manger à sa faim, ne pas craindre pour sa sécurité, sont les premières conditions pour un accès aux droits, qu’il s’agisse d’une demande d’asile ou de santé sexuelle » explique l’Ardhis. « Ensuite, la mairie doit soutenir les associations comme la nôtre qui pallient les défaillances de l’État en aidant les personnes exilées à demander l'asile, à demander des titres de séjour et à avoir accès à leurs droits sociaux, à une prise en charge de leur santé et à une prise en compte de leur santé sexuelle. Ce soutien peut se traduire très concrètement par une facilité d’accès à des locaux, et à des subventions de fonctionnement à la hauteur du travail fourni, et non sur projet, car nos associations assurent en réalité des missions de service public et porte un projet très fort de solidarité », conclut l’association.

AIDES en campagne en Auvergne Rhône-Alpes

Des contacts ont été pris avec les candidats-es à la mairie de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), sauf avec l’extrême droite. Sept listes se sont déclarées : Lutte Ouvrière, La France Insoumise, Cause commune, une liste associant LREM/UDI/MRSL/Agir (Ensemble, transformons Clermont-Ferrand), une liste LR/Soyons libres/Parti Chrétien Démocrate (Révéler Clermont), une liste PS/PCF/EELV/Génération/Nouvelle Donne/Place publique (Naturellement Clermont) et une liste d’extrême droite. Historiquement, Clermont-Ferrand est plutôt ancrée à gauche avec une municipalité tenue par les socialistes depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Depuis les deux dernières élections municipales, le PS n'obtient plus, une majorité au premier tour. Une fusion a lieu au second tour avec la ou les listes de gauche.

Les militants-es de AIDES ont contacté trois listes durant la campagne 2020 : Naturellement Clermont, Révéler Clermont et Ensemble, transformons Clermont-Ferrand. Le candidat du Modem a aussi été contacté, mais, depuis, il a rejoint la liste Révéler Clermont. Les trois listes ont répondu à la demande de rendez-vous faite par l’association… avec des résultats variés. Du côté de la liste du centre Ensemble, transformons Clermont-Ferrand, les militants-es ont été reçus-es par deux colistiers-ères (le colistier, 7e place sur la liste, est issu du milieu associatif LGBT, la colistière, 12e sur la liste, est issue du travail social) et ont croisé cinq minutes la tête de liste. Les deux colistiers-ères ont présenté leur programme. Il met l’accent sur une forme de décentralisation appliquée à la ville, avec un découpage de Clermont-Ferrand en « villages » et l’ouverture de « maisons de villages » ; maisons dans lesquelles les associations pourraient trouver une place. Cette liste s'engage dans un maintien du budget global pour les associations. En matière de santé, le projet est principalement axé sur l'accompagnement de la création de maisons médicales dans les quartiers dits « défavorisés ». Des quartiers qui connaissent une pénurie de professionnels-les de santé. « La difficulté lors de ce rendez-vous est que nos deux interlocuteurs-rices n’ont pas semblé réellement comprendre les orientations de AIDES concernant les publics clés », explique Agnès Daniel, présidente de la région Auvergne Rhône-Alpes. À la suite de cette rencontre, le candidat tête de liste, Eric Faidy, est venu rencontrer AIDES, seul, au local de l’association. Il y a été reçu par le délégué du lieu de mobilisation, Christopher Depalle, pour une présentation des activités de l’association. « Il a assez clairement exprimé sa méconnaissance sur les sujets qui sont les nôtres. Pour autant, il a montré de l'intérêt pour ce que nous faisons et pour les thématiques que nous défendons en posant des questions et même en confrontant ses connaissances voire ses représentations à nos réalités », indique Christopher qui l’a reçu.

Professionnel de santé, le candidat tête de liste pour la liste d’union de la droite Révéler Clermont, Jean-Pierre Brenas, est venu rencontrer les militants-es au local de l’association, accompagné de trois colistiers-ères, dont un est l’ancien doyen de la fac de médecine (13e sur la liste). Les deux autres viennent pour l’une du travail social (4e sur la liste) et l’autre est un militant associatif LGBT (11e sur la liste). Ils se sont montrés, lors d’un rendez-vous assez long, intéressés par l'activité du Caarud (centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour les usagers-ères de drogues). C’est principalement ce sujet qui a  été abordé. Les candidats-es pensaient d’ailleurs qu'il y avait une salle d'injection à moindre risque dans le local. « Même si cela n'a pas été dit de façon explicite, ils-elles n'ont pas semblé réfractaires à l'idée que Clermont-Ferrand accueille un tel dispositif… ce que nous ne manquerons pas de leur rappeler dans l’hypothèse de leur élection », explique Agnès Daniel. « Leur programme est très centré sur la sécurité, nous avons donc abordé l’intérêt que présente une salle de consommation à moindre risque. Ils arrivent à entendre la nécessité qu’il y a à prendre en compte les questions de réduction des risques et à faciliter l’accès aux structures d’accueil avec, par exemple, une présence raisonnée de la police aux abords du Caarud. De façon générale, les personnes présentes nous ont semblé plutôt ouvertes à la discussion sur les questions de consommation de produits psychoactifs dans la ville. Elles ont indiqué que l’ensemble de la liste ne partage pas cette ouverture et que d’autres candidats-es défendent des positions plus dures ». Côté financement des associations, cette liste serait favorable à des contrats d'objectifs et de moyens pluriannuels ainsi qu'à une plus grande transparence sur le budget accordé par la mairie. « Le fonctionnement actuel est jugé trop opaque ». Par ailleurs, l’équipe défend l’idée de liens entre mairie et associations ne se limitant pas à du financement. « Leur attente est que les associations prennent une place d'experts-es auprès des élus-es pour les aider dans la prise de décision tant sur les financements que sur les projets de la ville », dans les domaines où les dites associations sont compétentes.

Éducatrice spécialisée, tête de liste de la France Insoumise sur la ville, Marianne Maximi, s’est manifestée spontanément auprès de AIDES. Elle s’est rendue au local, accompagnée de son directeur de campagne. Dans ses propositions figurent, notamment, un redéploiement de la police municipale sur des missions de proximité et non plus uniquement sur du PV de stationnement, la mise en place de centres de santé municipaux dont la gestion serait directement assurée par la mairie. Il ne s’agirait pas de se limiter à une aide à l'installation de maisons médicales privées. Serait discutée la mise en place de la délivrance d’un récépissé de contrôle d'identité. Sur les questions liées aux discriminations, la candidate est favorable à un « investissement plus grand de la ville dans la lutte contre les discriminations », à l'instauration d'un réseau d’établissements commerciaux « safe » pour les femmes et les personnes LGBT+ avec sensibilisation des équipes de salariés-es pour une vigilance particulière de leur part, une réaction en cas de problème, etc. La candidate préconise aussi la mise en place d'un lieu d'accueil sécurisé et sécurisant pour les femmes victimes de violences ainsi qu'un renforcement du dispositif d'hébergement. Sur la question des migrations, les propositions sont plus floues car moins dépendantes directement des compétences municipales. « Reste que la candidate acte le fait que nous ne sommes pas dans une ville accueillante et que de nombreux efforts pourraient être faits. La question de la réquisition de logements vacants a été évoquée. De façon générale, Marianne Maximi évoque la possibilité pour la municipalité d'entrer en désobéissance civile sur certains points,  mais cela dépend en grande partie du nombre de villes qui seraient dirigées par des élus-es de la France Insoumise (ex : réseau de « villes rebelles »). » Sur la question de la consommation de produits psychoactifs, la candidate « semble plutôt ouverte à la discussion pour un travail renforcé entre le CAARUD et les agents municipaux sur la question de l'identification des lieux d'injection, celle de la gestion des déchets [liés aux injections, ndlr]. La question d’une salle de consommation à moindre risque a été abordée. Sur ce point, il nous semble que La France Insoumise pourrait être un soutien au sein de la municipalité. La question de la formation des agents municipaux concernant la consommation, mais aussi les discriminations a également été évoquée », précise Agnès Daniel.

« De façon générale, nous avons plutôt l'impression d'avoir fait des rencontres intéressantes, parfois surprenantes, à l’exemple des éventuelles ouvertures avec les candidats-es que nous avons vus de la liste d’union de la droite, sur les questions de consommation de produits psychoactifs. À ce jour, suite à un rendez-vous manqué de notre part, nous n’avons pas réussi à rencontrer la liste d'union de la gauche qui est, pour l'instant, en tête des sondages avec 45 % des voix au premier tour et 51 à 56 % au second tour selon les éventuelles fusions entre la droite et le centre et un éventuel retrait de l’extrême droite. Néanmoins, il nous semble que ces rencontres avec des personnalités qui ont de fortes chances d'être élues au prochain conseil municipal pourraient être utiles et intéressantes pour nos projets, notamment au Caarud », résume Agnès Daniel.

Agnès Buzyn écrit une lettre aux associations

Le courrier date du 2 mars. L’ancienne ministre de la Santé et actuelle candidate LREM à la mairie de Paris y répond aux présidents-es d’associations engagées dans la plateforme de revendications autour du VIH et de la lutte contre les discriminations.

La candidate y affirme, en préambule, que « Paris n’est pas la ville sûre et inclusive qu’elle devrait être ». Et Agnès Buzyn d’expliquer : « Les femmes ne se sentent plus en sécurité à Paris, dans les rues ou les transports. C’est une dure réalité : neuf parisiennes sur dix ont déjà été victimes d’agressions ou de harcèlement dans l’espace public ! Et ces situations se multiplient ». Elle explique aussi que « l’augmentation des violences et discriminations subies à Paris est alarmante. C’est notamment le cas pour la communauté LGBT+ : nombreux sont ceux qui confient avoir déjà évité un quartier ou renoncé à une sortie de peur d’y être agressé ou harcelé », écrit-elle. Devant ce constat, la candidate s’engage « à mener une action résolue pour enrayer l’augmentation des agressions, pour accompagner les victimes de discriminations, leur apporter un soutien concret et pour sensibiliser les administrations ». Elle envisage différentes mesures. « Nous formerons les policiers municipaux à la prise en charge des victimes d’agression à caractère raciste, antisémite, sexiste et anti-LGBT+ », indique Agnès Buzyn. Si elle est élue, elle annonce que sera créé un « réseau parisien de lutte contre les discriminations, constitué de points d’accueil dans chaque mairie d’arrondissement à même de faciliter l’orientation ». Autre annonce : le fait de faciliter « les formalités administratives pour les personnes en transition, qui auront accès à des interlocuteurs sensibilisés à ces démarches ». Le courrier, par le constat qu’il dresse et les solutions qu’il préconise, apparait comme une critique de l’action de l’équipe municipale sortante, mais il pointe aussi, en creux, la relative inefficacité des actions du gouvernement et des forces de police (préfecture de police) dans le champ des discriminations et des violences aux personnes. À noter que le courrier ne fait pas mention des enjeux liés au VIH.

AIDES en campagne dans le Centre Val-de-Loire

À Tours (Indre-et-Loire), Orléans (Loiret), Blois (Loir-et-Cher), Amboise (Indre-et-Loire), Saint-Jean-de-la-Ruelle (Loiret), etc., des contacts ont été pris avec des exécutifs sortants ou de nouveaux-elles candidats-es. L’objectif était de faire découvrir les revendications de AIDES et les enjeux locaux de la lutte contre le VIH et les hépatites virales. « En région Centre Val-de-Loire, les enjeux ne manquent pas. Il y a celui de l’épidémie cachée de VIH. C’est d’ailleurs un des axes que nous avions mis en avant lors du dernier congrès de AIDES qui s’était déroulé à Tours en 2019, rappelle Catherine Aumond, vice-présidente de AIDES et présidente de la région Centre Val-de-Loire de l’association. Nous avons constaté que cet enjeu était assez méconnu chez les élus-es. Ils et elles ont plus conscience de la désertification médicale, phénomène auquel nous nous attaquons nous-mêmes dans le domaine du suivi du VIH et de l’accès à la Prep. Autre enjeu, l’accueil des personnes migrantes, les élus-es voient bien qu’il y a un souci dans les conditions actuelles d’accueil, mais n’ont pas beaucoup de réponses à y apporter et renvoient vers l’État. Nous avons aussi constaté, en différents occasions, que des candidats-es sont venus-es avec des colistiers-ières ouvertement LGBT et ont évoqué leur souhait de s’engager dans la lutte contre les discriminations, parfois en prenant l’engagement d’avoir dans leur équipe municipale un-e adjoint-e chargé-e des discriminations ».

À Tours, les militants-es de AIDES ont rencontré Benoît Pierre, candidat (LREM/modem, liste C’est votre Tours !). L’universitaire se présente pour la première fois à une élection. Il a été à Sciences Po avec le Premier ministre Édouard Philippe. Le candidat a notamment mis en avant l’emploi. Il propose d’ailleurs de créer une « coopérative municipale pour lutter contre le chômage de longue durée tout en développant les emplois de la transition écologique », mais n’ignore pas les autres sujets. « Lors de l’entretien, Benoît Pierre a découvert les chiffres concernant le VIH et nous a fait des réponses assez générales sur la politique de prévention. Il nous a renvoyé sur son programme et surtout le chapitre « La ville qui accompagne ». On y parle de « développer une politique de prévention ». « Nous mettrons la santé au cœur de toutes les politiques municipales. Nous développerons une politique de prévention visant à l’acquisition des gestes de secours d’urgence et des principes de préservation du capital-santé », explique-t-il. La proposition est faite de créer « un centre de santé municipal avec des services aux larges plages horaires pour répondre au manque de médecins en ville et soulager les services d’urgence ». L’engagement est pris en faveur de l’égalité et la diversité. Serait ainsi nommé un adjoint au maire chargé de l’égalité. Chaque année une grande journée en faveur des minorités serait organisée et une maison des diversités mise en place », expliquent les militants-es de AIDES. « Il n’y a pas eu d’orientation budgétaire concrète proposée concernant le financement de maisons de santé. En revanche, Benoît Pierre est favorable à une expérimentation d’une offre en santé sexuelle dans le cadre de ces futures maisons de santé, mais sans préciser, hormis les locaux, les moyens alloués », indique Catherine Aumond. « L’idée serait aussi d’un rassemblement physique de différentes structures (Caarud, Cegidd, AIDES, le Centre LGBT… ». Toujours dans le domaine de la santé, le candidat défend le maintien des Ateliers santé ville (ASV) et s’engage à « soutenir financièrement l’inclusion de AIDES dans ces structures ». Au sujet de sa politique contre les discriminations, Benoît Pierre était accompagné d’un de ses colistiers Mickael Achard (9e sur la liste), ancien président de LGBT 37 et coordonnateur du festival Désir Désirs, un festival culturel LGBT. « Le candidat à la mairie nous a indiqué son souhait de nommer un adjoint à l’Egalité et à la lutte contre les discriminations et de créer une maison de l’Egalité. C’est ce qu’on trouve sous le nom de maison de la diversité dans le programme. Enfin, d’autres engagements ont été pris concernant le Caarud (centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues) et les relations avec la police. Benoît Pierre s’engage ainsi à soutenir la demande de AIDES d’être intégrée au Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD). « L’objectif est de créer un rapprochement avec les éducateurs-rices de proximité et de favoriser l’action du Caarud dans des quartiers qui sont devenus des plateformes de vente », explique Catherine Aumond.

Dans cette même ville, les militants-es de AIDES ont rencontré Emmanuel Denis, candidat de la gauche, de la France Insoumise et des Verts, liste Pour Demain, Tours 2020. Sa liste est également soutenue par le PS. Emmanuel Denis est conseiller municipal d’opposition depuis 2014. Son projet est axé sur trois points : écologie, solidarité, démocratie permanente. Parmi les idées fortes, on retient : la mise en place d’un budget participatif à hauteur de 5% de l’investissement de la ville par an (soit un montant d’environ 1,5 million d’euros), la mise en place de tarifs sociaux et progressifs pour l’eau, etc. « Comme d’autres, Emmanuel Denis a découvert certains chiffres. Il veut créer une maison de santé avec des médecins généralistes salariés par la région. Sur le site de campagne, la mesure est présentée ainsi : « Créer un centre municipal de santé qui permettra de généraliser le tiers payant sans avance de frais, de disposer d’un médecin-référent, de déployer des campagnes de prévention contre les maladies chroniques, l’obésité et les addictions ». L’objectif est d’y inclure des actions et services de prévention. Il serait ok pour que cela soit fait avec AIDES », indique Catherine Aumond. Lors de l’échange, il a indiqué soutenir l’idée « d’une sensibilisation sur le VIH pour le personnel des EHPAD ». En matière de dépistage, le candidat a entendu et noté le besoin de locaux pour le Cegidd et ses partenaires.

Le programme du candidat indique sa volonté de faire de Tours « une ville inclusive, qui lutte contre toutes les discriminations ». Il indique d’ailleurs le souhait d’ « adopter un plan municipal de lutte contre le racisme, le sexisme, les handiphobies, les discriminations et les violences envers les personnes LGBTI ». Emmanuel Denis souhaite nommer un adjoint chargé de l’Egalité et de lutte contre les discriminations. Il prévoit aussi que le personnel municipal, dont celui de l’État civil, soit formé à l’accueil des personnes LGBTI.

Concernant les personnes migrantes, l’élu écologiste défend la « création d’un lieu d’accueil pour les primo-arrivants, même si ce n’est pas du ressort des missions de la ville ». Il entend aussi intervenir sur l’utilisation des crédits Pass (permanence d'accès aux soins de santé) à l’hôpital.

À Orléans, AIDES a rencontré Nathalie Kerrien (sans étiquette, liste Nous, elle, Orléans). Son programme met en avant les enjeux de santé. C’est la deuxième thématique mise en avant. « Nous voulons une ville innovante, à la politique de santé publique forte », explique la candidate. Un des objectifs est de lutter contre la désertification médicale qui affecte la ville. Cela passe par la création d’une maison de santé avec des praticiens salariés et leur renforcement dans les maisons de santé existantes. Cela passe aussi par le déploiement de la télémédecine que la candidate entend favoriser. Lors de l’entretien avec AIDES, les questions de prévention ont été peu abordées. Pour autant, le programme de la candidate préconise d’appuyer « la lutte contre les addictions et la transmission de maladies » et de « permettre l’accès au dépistage pour les populations à risque, de façon gratuite ». En matière de RDR, Nathalie Kerrien évoque l’installation d’un Totem. Concernant les personnes migrantes, la candidate n’a pas de solution précise à proposer, mais elle entend intervenir sur l’utilisation des crédits Pass (permanence d'accès aux soins de santé) à l’hôpital. En matière de lutte contre les discriminations, la candidate s’engage à avoir un adjoint chargé de la lutte contre les discriminations. Le numéro 2 de la liste, Yann Chaillou, est militant au GAGL (Groupe action gay et lesbien Loiret). Elle souhaite que le personnel municipal, dont celui de l’État civil, soit formé à l’accueil des personnes LGBTI.

À Blois, la rencontre a eu lieu avec Marc Gricourt (Liste Blois, résolument citoyenne, solidaire, écologiste), le maire sortant. Comme il a déjà rencontré les militants-es de AIDES en 2019, il connaît les enjeux liés au VIH de sa ville comme du département et même de la région. Infirmier (en libéral et en hôpital), il s’est engagé à mettre à disposition un local de deux pièces et à accorder une subvention de fonctionnement à AIDES, que l’association entend consacrer au renforcement de ses actions de dépistage du VIH et du VHC. Le maire sortant se dit aussi intéressé pour « expérimenter sur sa ville un lieu de vie pour les personnes LGBT vieillissantes », note Catherine Aumond. Sur son programme, le maire sortant s’engage aussi contre les discriminations. « Vouloir une ville citoyenne, c’est les reconnaître et les garantir dans l’affirmation de règles communes. Qu’il s’agisse de l’origine, de l’orientation sexuelle, de l’égalité des sexes, de la reconnaissance des droits à la différence, il convient de développer un sentiment partagé d’appartenance à la communauté républicaine », peut-on lire dans le chapitre sur la citoyenneté. Le programme préconise d’ailleurs de « Contrer toutes formes de discrimination notamment via nos politiques publiques éducatives, de démocratie permanente, de prévention, de soutien associatif... en favorisant les initiatives qui rassemblent et luttent contre les préjugés ». Du côté de la santé, il s’engage sur des mesures pour favoriser l’installation de médecins généraliste et spécialistes et à étudier la création d’une « mutuelle communale » permettant de financer une part des soins non remboursés.

Adjoint sortant (en charge, entre autres, de la santé), Brice Ravier est candidat Divers Gauche et EELV (liste Pluralisme et Solidarité) à Amboise. Le maire ne se représente pas, il entend lui succéder. Comme il est, à titre professionnel, coordinateur du Corevih (coordination régionale de lutte contre le virus de l'immunodéficience humaine) Centre Val-de-Loire, dans un CHU, il maitrise bien les enjeux liées au VIH tant en matière de prévention que de prise en charge. Par exemple, il est favorable à une sensibilisation sur le VIH et sur la sexualité dans les trois Ephad de la ville et les résidences séniors. De même, il est favorable à une offre de dépistage dans le futur pôle santé, avec la future antenne du Cegidd. Enfin, concernant les personnes migrantes, il explique qu’il y a « déjà une tradition d’accueil » dans la ville. Il rappelle aussi que le service du 115 local est financé par la ville. Sur son programme, le candidat explique vouloir mettre en place « une politique de santé territoriale pour améliorer la prévention et les soins » et « initier un centre de dépistage ». On y apprend aussi qu’une maison de santé est en cours de création (lancée lors du dernier mandat) et que des efforts seront faits pour « rendre plus attractive l’installation de nouveaux médecins ».

Maire sortant (PS et Ecologiste, liste Rassemblés pour Saint-Jean-de-la-Ruelle), Christophe Chaillou est maire de Saint-Jean-de-la-Ruelle depuis 1998 et brigue donc un quatrième mandat. Interrogé par la presse quotidienne régionale en janvier dernier, il rappelait à propos de son bilan la construction d’une nouvelle maison de santé pluridisciplinaire (un projet en plusieurs phases) qui accueille d’ores et déjà treize professionnels-les de santé, dont sept médecins généralistes, un allergologue, deux infirmières, une orthophoniste, une psychologue et une pédicure podologue. La santé est d’ailleurs un des principaux thèmes de campagne du maire sortant, rappelait La République du centre en janvier dernier. Le colistier  rencontré par AIDES a indiqué que l’équipe du maire sortant soutenait l’idée d’une sensibilisation sur le VIH dans les EPHAD. Soutien aussi au Forum santé qui devrait être proposé dans certains quartiers de la ville. En matière de lutte contre les discriminations, le représentant de Christophe Chaillou a rappelé que « des actions avaient déjà été mises en place concernant la laïcité » et que l’équipe du maire sortant était favorable à la formation du personnel de la ville dont la police municipale à l’accueil des personnes LGBTI et au renforcement des actions contre les discriminations.

Agnès Buzyn, future Défenseure des droits ?

L’information a fait l’objet d’une escarmouche entre Agnès Buzyn (candidate LREM) et Rachida Dati (candidate LR) lors d’un débat télévisé entre l’ensemble des candidats-es, organisé sur France 3 et France Info, le 11 mars. Rachida Dati a accusé Agnès Buzyn de pouvoir bénéficier d'un « poste de secours » après les élections municipales en cas de défaite : elle serait nommée Défenseure des droits, en remplacement de Jacques Toubon, dont le mandat ne peut pas être prolongé. Comme le rappelle le site Atlantico, la candidate LR est intervenue sur le mode : « Peut-être que vous avez l’habitude des nominations, des cooptations, ça me met en colère parce que moi je travaille, j’ai toujours travaillé […] Vous allez être nommée au poste de défenseur des droits, c’est acté. Vous avez déjà un poste de secours au cas où ». « Comment vous permettez-vous Madame Dati ? », lu a alors répondu la candidate LREM.
« Je me permets, c’est ce que j’ai lu, ce que j’ai entendu », a répliqué Rachida Dati. Cette hypothèse a été avancée par La Lettre A (le quotidien de l’influence et des pouvoirs) dans un de ses échos (9 mars 2020). À suivre.

Les derniers sondages parisiens

Selon un sondage Ifop-Fiducial paru dimanche 8 mars, la maire sortante, Anne Hidalgo arrivait en tête des intentions de vote au premier tour des municipales (24 %), suivie de Rachida Dati (22 %) puis d’Agnès Buzyn (19 %) et de David Belliard (12 %).

Un sondage plus récent (11 mars) donne des résultats différents. Rachida Dati est en tête des intentions de vote au premier tour des élections municipales de Paris (25 %), avec une courte avance sur la maire socialiste sortante (24 %). Agnès Buzyn  se maintient en troisième position (19 %), devançant David Belliard (12 %), et Cédric Villani (7 %). Selon ce même sondage BVA pour Orange et Europe 1, la candidate de la France Insoumise Danielle Simmonet et le candidat d’extrême droite Serge Federbusch arrivent en fin de peloton (4 % tous les deux).
Ce sondage a été réalisé par Internet entre le 2 et le 6 mars, auprès de 1 202 personnes inscrites sur les listes électorales, issues d'un échantillon représentatif de 1 385 habitants de Paris, selon la méthode des quotas.

 

Commentaires

Portrait de jl06

J ai. Plus de 70 ans Conformément à ce qu a dit le président Je reste chez moi pour le 1 et le 2 eme tour !

Personne ne va y aller . On aurait du annuler et laisser le maire en place gérer la crise

La maintenance de ces élections permet de s'interroger sur ce qu'il en sera de la "démocratie" en ce qui s'annonce comme abstention .. Votes révélateurs de résultats complétement faussés ...Qu'en sera-t-il pour le deuxième tour ..? ..