Nigéria : grâce aux lois homophobes le sida a des beaux jours devant lui !

Publié par jfl-seronet le 29.06.2013
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Mondehomophobie

La chambre des représentants du Nigéria est en train de travailler à un projet de loi renforçant considérablement la pénalisation de l’homosexualité. Si ce projet de loi était promulgué, toute personne qui participerait à une "organisation de défense des droits des homosexuels" ou qui serait surprise dans une "démonstration publique" d’affection avec une personne du même sexe, serait passible d’une peine de 10 ans de prison. Cette hypothèse, un risque réel, fait bondir des associations dont Africagay contre le sida.

Le collectif Africagay contre le sida revient, en détails, dans un communiqué (6 juin) sur cette attaque homophobe législative conduite par les autorités politiques du pays. "Ce projet de loi prévoit (…) de pénaliser de 14 ans de prison les mariages entre personnes de même sexe et de 10 ans de prison toutes personnes qui auraient aidé ces couples à se marier", indique le Collectif. "Plus inquiétant encore, il entend condamner à 5 ans de prison toute personne qui connaitrait un homosexuel et ne l’aurait pas dénoncé aux autorités. Alors que de nombreuses études ont démontré que les homosexuels étaient de 5 à 25 plus touchés par l’épidémie de sida que la population générale, Africagay contre le sida s’inquiète vivement de ce nouveau projet de loi homophobe, qui fait peser de lourds risques sur la réponse nationale au VIH/sida".

Ce choix politique est d’autant plus curieux, pour Africagay contre le sida, que le pays a beaucoup à faire en matière de lutte contre le sida. "Le Nigéria est (….) le deuxième pays du monde le plus touché par l’épidémie de sida avec un taux de prévalence estimé à 4,1 % (soit près de 3,5 millions de personnes vivant avec le VIH) et les homosexuels constituent la seule population au sein de laquelle on observe une augmentation des contaminations : les taux de prévalence étant passé de 13,5% en 2007 à 17,2 % en 2010". "Alors que l’Organisation mondiale pour la santé recommandait en 2011 "d’établir et d’appliquer des lois antidiscriminatoires et protectrices (...) afin d’éliminer la stigmatisation, la discrimination et la violence subie par les homosexuels et les personnes transgenres et de réduire leur vulnérabilité à l’infection à VIH ainsi que l’impact du VIH et du sida", rappelle le Collectif. "Les autorités nigérianes semblent vouloir passer outre, niant ainsi que la stigmatisation et la discrimination que vivent les homosexuels participent de leur vulnérabilité sociale, mais aussi de leur vulnérabilité au VIH/sida. S’il y a 12 ans "Abuja" [conférence d’Abuja sur le sida en Afrique) cristallisait tous les espoirs pour les malades africains grâce aux engagements des chefs d’Etat des pays membres de l’Union Africaine, aujourd’hui "Abuja" est le siège d’un avenir sombre et désespérant car avec cette loi le sida ne sera jamais vaincu", dénonce Jeanne Gapiya, présidente de l’ANSS Burundi (Association nationale de soutien aux séropositifs et malades du sida) et porte-parole d’Africagay contre le sida.

"Tout comme la Coalition pour la défense des droits sexuels au Nigeria l’a déjà fait, nous appelons le président Jonathan Goodluck à prendre toute la mesure des dégâts que cette loi pourrait provoquer dans la réponse nationale menée par son pays contre l’épidémie de sida. Nous tenons à rappeler que cette dernière croit sur le terreau des discriminations et de la stigmatisation et que l’on ne pourra mettre un terme à ce fléau en privant de droits et de protection les populations qui y sont les plus exposées".

Africagay contre le sida, c'est qui ?
Africagay contre le sida est un réseau de dix-huit associations issues de dix pays (Algérie, Bénin, Tunisie, Côte d’ Ivoire, Togo, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Sénégal et France). Son objectif principal est de promouvoir l’accès à la prévention et aux soins pour les homosexuels à travers une approche basée sur les Droits.