Nouvelles du front… en attendant la marche du 16

Publié par jfl-seronet le 14.12.2012
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Droit et socialmariage pour tous

Encore beaucoup de nouvelles ces derniers jours sur le mariage pour tous… dont la date des débats au Parlement… on commence d’ailleurs par cela…  et on vous dit tout sur les dernières manifestations des opposants, les nouvelles du mariage pour tous à l’étranger et les appels à la manifestation pro-mariage à Paris le 16 décembre prochain.

Des dates pour un débat

Voilà, c’est confirmé le débat à l'Assemblée nationale sur le projet de loi  débutera le 29 janvier et il se poursuivra durant la semaine du 4 au 10 février. C’est drôle…mais il semble que le gouvernement ait prévu que cela dure… un peu. Cette décision a été prise lors d'une réunion de la conférence des présidents de l'Assemblée, qui réunit notamment son président et ses vice-présidents, ainsi que les chefs de file des groupes politiques, en présence du ministre chargé des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies. Si à gauche, on prépare le débat, à droite, on fournit les armes.

Manif anti-mariage : l’UMP a son "Comité de pilotage"

Eh oui, ce n’est pas tout d’en venir presque aux mains pour désigner le chef… c’est bien d’avoir un gentil bouc-émissaire pour faire front commun. Pour l’UMP, ce sera le mariage pour tous, le grand thème pour se refaire la cerise aux yeux des militants. Haro donc sur le rainbowflag et ceux et celles, de même sexe, qui veulent convoler. L'UMP a mis en place (5 décembre) un "comité de pilotage" en vue de la manifestation anti-mariage pour tous du 13 janvier, a annoncé son président "élu" Jean-François Copé. "Je lance à compter de cette semaine un groupe de pilotage pour préparer la mobilisation de l'UMP" pour "contribuer à préparer, pour la part qui est la sienne, à la manifestation du 13 janvier contre le projet de loi du mariage et de l'adoption homosexuelle", a-t-il expliqué.  "C'est un sujet sur lequel l'UMP a des débats", a-t-il observé, mais elle "est très choquée par la manière très abrupte avec laquelle le gouvernement impose sans aucune discussion ses vues. Ce sujet est très grave", il "concerne en réalité la cohésion de notre société". Le 13 janvier "est pour moi un rendez-vous populaire majeur", croit savoir le député-maire de Meaux, qui appelle "les militants et sympathisants de l'UMP a être des acteurs clefs pour le succès de cette manifestation".

Ça l’affiche mal !

Elle est sortie en version provisoire et manifestement ils en sont fiers. C’est l’affiche "touche pas à ma mère et à mon père". L’AFP nous dit qu’elle a été débattue, début décembre en bureau politique sans faire l'unanimité. Il parait que les équipes de l’UMP vont y retravailler… on attend avec impatience le résultat final. Cette affiche montre une grande main bleue qui évoque celle, jaune des débuts de SOS Racisme proclamant "touche pas à mon pote". La main "touche pas à ma mère et à mon père" est surmontée d'un slogan : "non au mariage et à l'adoption pour les couples homosexuels", avec en socle le logo de l'UMP. C’est très classe. On pourra la placer au musée des horreurs  à côté du tee-shirt "Non au PaCS" que des députés de droite portaient dans l’hémicycle lors des débats à l’Assemblée Nationale. 

Civitas… dans la bande

Cela va sans doute poser un problème (au moins d’image) à Frigide Barjot et à l’UMP, mais bon, c’est leur problème. L'Institut Civitas, le groupe catholique intégriste proche de l’extrême droite, a annoncé (5 décembre) son intention de participer à "la manifestation nationale contre le mariage gay" du 13 janvier. Interrogé par l'AFP, le président de Civitas Alain Escada a précisé que cette décision avait été prise en interne début décembre, deux semaines après la manifestation houleuse du 18 novembre et son épisode violent qui avait opposé les traditionalistes au groupe féministe Femen. Théoriquement, cette manifestation est celle des associations catholiques prétendues "modérées" conduits par des personnalités comme Frigide Barjot. Les organisateurs ne la prétendent pas homophobe… ce qui n’est pas le souci de Civitas, mouvement obsessionnellement homophobe. Pour Alain Escada, la manifestation du 13 janvier ne découle d'"aucun comité organisateur qui uniformiserait toutes les associations. C'est une erreur d'estimer que la force serait dans la centralisation", a-t-il ajouté. Le président de Civitas estime que "c'est l'addition des déterminations des différents groupes qui va permettre de déstabiliser le projet de loi, il y a donc tout intérêt à manifester non pas dans l'uniformité, mais sous sa propre bannière". Pendant que l’homophobie prospère en France, ailleurs cela bouge…

Le premier mariage gay dans les Caraïbes néerlandaises

Les services d’Etat civil de Saba ont enregistré, début décembre, la première union de personnes de même sexe entre deux hommes, 26 et 27 ans, résidant sur Aruba. C’est la première cérémonie civile de ce type dans les Caraïbes néerlandaises rapporte le journal "The Daily Herald". Comme le précise le journal, Saba est la première île des anciennes Caraïbes néerlandaises à permettre les mariages de même sexe depuis que ces îles ont obtenu leurs propres statuts constitutionnels en octobre 2010.

Pendant ce temps-là au Mexique

Des organisations des droits des LGBT au Mexique ont exprimé jeudi 6 décembre l'espoir qu'un jugement de la Cour suprême contre l'interdiction du mariage pour les couples de même sexe dans l'Etat d'Oaxaca fasse jurisprudence dans le pays. La Cour suprême du Mexique a décidé mercredi 5 décembre que le code civil de l'Etat d'Oaxaca, selon lequel le mariage ne peut être contracté qu'entre un homme et une femme pour "perpétrer l'espèce", était inconstitutionnel. "C'est une victoire et un précédent très important", a déclaré à l'AFP Alejandro Brito Lemus, de l'organisation pour les droits des LGBT Letra S. Ce jugement ouvre la voie à la contestation par des couples homosexuels des lois sur le mariage dans d'autres Etats, a-t-il dit, soulignant qu'une action légale de ce type est notamment prévue dans l'Etat de Mexico.

Pendant ce temps-là aux Etats-Unis

Une majorité d'Américains se dit favorable au mariage pour les couples de même sexe, à un niveau record, selon un sondage Gallup publié le 5 décembre dernier. 53 % des Américains estiment que le mariage pour les couples de même sexe doit être légalisé et bénéficier des mêmes droits que le mariage traditionnel. Ce chiffre, en hausse sur un an, revient au niveau record de mai 2011. Les jeunes, les démocrates et les moins religieux sont ceux qui se déclarent le plus en faveur du mariage pour les couples de même sexe. Une personne sur deux parmi celles qui s'y opposent cite d'abord la Bible et la religion pour expliquer sa position, ajoute le sondage réalisé du 26 au 29 novembre auprès de 1.015 adultes. Ce qui se passe à l’étranger jouera sans doute peu sur le débat français. Pour autant, il est intéressant que des personnalités au statut international prennent part au débat chez nous. On en a un magnifique exemple avec une tribune publiée le 4 décembre par "Le Monde".

E viva Espana !

Alors là, c’est la grande classe (ça change de Jospin !) L’ancien chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, publie le 4 décembre une tribune dans "Le Monde". L’ancien Premier ministre socialiste y explique que le "projet de loi ouvrant le droit au mariage aux personnes de même sexe (…) est une excellente nouvelle. Le président François Hollande tient sa promesse vis-à-vis des citoyens, et démontre ainsi que la politique peut rompre les barrières qui limitent l'égalité et la liberté." "En 2005, mon gouvernement a approuvé en Espagne la loi reconnaissant le droit aux homosexuels de se marier dans les mêmes conditions juridiques que les personnes hétérosexuelles. Nous n'étions pas les premiers à le faire (…) et nous savions que nous ne serions pas les derniers. Depuis, un grand mouvement en faveur du mariage homosexuel s'est étendu dans le monde (…) Une longue liste qui est devenue une véritable chaîne de l'égalité dans laquelle nous étions en droit d'espérer y retrouver la France (…) En Espagne, sept ans après l'adoption de la loi, la normalité du mariage homosexuel s'est imposée (….) Quel mal peut-il y avoir à octroyer les mêmes droits à ceux qui n'en ont pas profité à cause de préjugés invétérés ?" "Grâce à cette loi, de nombreux Français sentiront le bonheur d'être reconnus et la société, plus digne, n'en sera que plus sûre, explique José Luis Rodríguez Zapatero (…) La loi du mariage pour tous rendra justice à tous ceux qui ont été injustement traités par l'Histoire. Nous aurons gagné une nouvelle bataille contre la discrimination (…) Avec l'adoption de la loi du mariage pour tous, la République sera plus républicaine".

La CFTC propose une "union civile pour tous" célébrée en mairie 

A contrario des envolées républicaines et égalitaires de l’ancien chef du gouvernement espagnol, on trouvera que la proposition de la CFTC joue petits bras… et qu’elle est même assez à côté des enjeux. C’est sorti comme le lapin du chapeau… mais personne n’a applaudi. La CFTC propose une "Union civile pour tous", ouverte aux couples homosexuels et hétérosexuels, célébrée "officiellement en mairie" et qui serait une "institution républicaine", mais reste réservée sur le fait d'appeler cette union mariage et demande un débat sur ce sujet. Bon évidemment, vu l’ambiance actuelle, la CFTC explique : "Nous condamnons toute forme de discrimination et d'homophobie. Il faut les mêmes droits pour tous" et elle en profite pour dire tout le mal qu’elle pense du PaCS : "Pour nous, il pose un gros problème parce qu'il s'agit d'un contrat qui peut être rompu unilatéralement" par "répudiation", sans qu'"aucun droit ne soit prévu" pour les pacsés, explique le patron du syndicat chrétien qui entend réservé le mariage à la famille "dans sa composition historique, père-mère-enfant, qui est au fondement de notre civilisation".  

A gros traits dans le "Point" !

Trop drôle, l’écrivain Patrick Besson, une des plumes du "Point". Le 29 novembre, Patrick Besson, pas très soutenant sur le mariage pour tous, ironise dans un billet (on a connu plus drôle) intitulé "Les mariés de l’an douze" sur ce mariage qui, décidément, ne passe pas. "L'empereur romain Caligula, premier adepte du mariage pour tous : il avait épousé son cheval. Pourquoi s'en tenir, en effet, aux épousailles entre gens du même genre ? J'ai quelques idées pour de futures unions à célébrer dans les mairies", écrit besson qui cite des exemples de zoophilie, d’inceste… Citons deux exemples de mariage imaginés par le débridé Patrick Besson : "Entre une femme et un gâteau. Elle épouserait une religieuse si elle était gay et un Bavarois si elle était straight" ou "Entre un père et sa fille. Le couple de rêve. Dans ce sens-là, la différence d'âge est moins gênante. Le père est l'idéal masculin de la fille et vice versa : il est temps que la loi française prenne en compte cette évidence." Le talent, on l’a ou on ne l’a pas !

Valérie Trierweiler, témoin d'un mariage

Pour une nouvelle, c’est une nouvelle. La compagne du chef de l'Etat, Valérie Trierweiler, a déclaré lundi 3 décembre à RTL qu'elle serait témoin du mariage d'un couple homosexuel ami dès que la loi serait adoptée. "Je me réjouis d'être l'un des tout premiers témoins de l'un des tout premiers mariages pour tous", a expliqué Valérie Trierweiler. Selon la radio, le couple gay en attente de se marier civilement est un couple d'amis de la compagne du chef de l'Etat.

Nouvelles manifestations contre le mariage pour tous

Du côté des opposants, on poursuit les démonstrations. Entre 12 700 et 32 000 personnes, selon la police ou les organisateurs, ont manifesté samedi 8 décembre contre le mariage pour les couples de même sexe dans cinq grandes villes : Bordeaux, Lille, Reims, Nancy, le Mans et Saint-Denis de la Réunion (1 700 participants selon la police). Les manifestants, selon la police ou les organisateurs, étaient entre 7 000 et 20 000 à Bordeaux, entre 3 500 et 8 000 à Lille, 1 200 à Nancy où les organisateurs n'ont pas donné de chiffre, entre 800 et 2 500 au Mans et entre 250 et 500 à Reims. Le 17 novembre (voir article sur Seronet), plusieurs manifestations (Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Nantes ou Rennes) avaient réuni un total de plus de 100 000 personnes. Comme le précise l’AFP, il n’y avait pas que les anti-mariage pour tous qui battaient le pavé. Le même jour,  plusieurs contre-manifestations ont eu lieu, dont la plus importante a réuni entre 2 500 et 3 000 personnes à Bordeaux. Les contre-manifestants, favorables au projet de mariage pour tous, étaient entre 250 et 300 au Mans, 200 à Nancy, une cinquantaine à Lille, quelques militants à Reims. Dans chaque ville, des élus locaux ont participé aux manifestations, tant du côté des anti que des pro mariage.

Toute le monde à l’appel du 16

Le PS a appelé à marcher pour l’égalité des droits et Bertrand Bertrand Delanoë aussi. "J'appelle tous les Parisiens, tous les Français et tous ceux qui souhaitent que notre société suive le chemin de l'égalité et du progrès, à venir manifester le dimanche 16 décembre après-midi à Paris", a écrit le maire de Paris sur son blog le 3 décembre. De son côté, le Syndicat national des entreprises gaies (SNEG) a appelé lui aussi à manifester car le projet de loi est "au-delà de son enjeu, une étape supplémentaire sur le chemin de l’égalité des droits pour une population longuement stigmatisée et aujourd’hui encore, en défaut d'une véritable reconnaissance légale". La Fédération Sportive Gaie et Lesbienne (FSGL ) appelle aussi à manifester le 16 décembre à Paris. "Choquée par les scènes de violences et les propos haineux qui ont eu cours lors des manifestations de novembre, notamment à Paris, la FSGL souhaite rappeler que "Tous les citoyens naissent libres et égaux en droit". La FSGL condamne donc toute forme de discrimination et plus particulièrement celle liée à l'homophobie. Elle ne saurait rester impassible devant ce déferlement de violence et ce déballage de clichés homophobes d'un autre temps". En piste donc le 16 décembre.