"Oh Oui !" : faites-vous plaisir à Paris !

Publié par Camille Spire le 18.06.2014
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Sexualitésanté sexuelle

A partir du 23 juin, AIDES et ses partenaires proposent une semaine thématique baptisée "Oh Oui !", un événement inédit à Paris sur les sexualités et la santé sexuelle. Présidente de la région Nord Ouest Ile-de-France de AIDES et administratrice de l’association, Camille Spire détaille le programme, les objectifs et surtout l’état d’esprit, chaud bouillant, de cet événement dédié aux plaisirs sexuels. Interview.

Quels sont les objectifs de la semaine "Oh Oui !"?

Camille Spire : Sous la forme d'une semaine thématique, "Oh Oui !" a pour objectif d'aborder les questions de plaisirs, du désir, de la prévention, de la réduction des risques, de la santé reproductive, de l'épanouissement, des droits, de la diversité... De la santé sexuelle ! Et tout cela en associant nos partenaires locaux.

Dans quel esprit cet événement a-t-il été imaginé, conçu, et quels en sont les principaux points forts ?

Il s'agit de mettre à l'honneur la diversité sexuelle, autour de débats, d'ateliers, de temps  festifs, de temps coquins... Il y aura des temps forts dans tous les quartiers de Paris, à Pigalle notamment avec des ateliers sur les trans, sur les putes, un atelier effeuillage et une visite du musée de l'érotisme ; le happening sur l'égalité des droits dans le Marais ainsi que de nombreuses animations dans les bars du Marais ; la soirée des Préliminaires (d'ouverture) et bien sûr la Marche des Fiertés, sous le signe du carnaval des diversités !

Lorsque AIDES organise un événement de ce type, un de ses objectifs est de libérer la parole sur le sexe. Ce qui peut sembler paradoxal car on a justement dans l'idée que parler sexe n'est pas du tout tabou dans les communautés LGBT. Qu'apporte de plus cette manifestation ?

Tout d'abord, la semaine "Oh Oui !" n'est pas destinée uniquement à la communauté LGBT, mais à tous les types de sexualité... Et comme tu le notes, il n'y a pas une communauté LGBT, mais des communautés, et ces événements leur permettront d'échanger entre elles également. Par ailleurs, je ne pense pas que la parole sur le sexe soit si libérée, même dans les communautés LGBT. On parle beaucoup de sexe, mais il y a beaucoup de choses qu'on tait, de questions qu'on n'ose pas poser notamment sur la prévention. On le voit lors de nos entretiens de dépistage rapide notamment.

Craignez-vous que dans le contexte actuel, les suites du débat sur le mariage pour tous, puis aujourd'hui la supposée théorie du genre, cela devienne de plus en plus difficile, de moins en moins évident de parler publiquement de sa sexualité, de le faire dans un cadre collectif ?

Le vote de la loi ouvrant droit au mariage et à l'adoption aux couples de même sexe en 2013 a suscité un espoir d'un mouvement d'égalité et donc de libération de la parole publique autour de la sexualité. Or, ce n'est pas ce qu'on a pu observer... Nous sommes effectivement préoccupés par la montée des actes homophobes (+ 78 % en 2013), par l'affichage de propos homophobes ou transphobes jamais autant vus ou entendus depuis plus de 20 ans... Et surtout légitimés par certains politiques. Alors oui, nous craignons qu'il soit encore plus compliqué qu'avant de parler publiquement de sa sexualité, dès lors qu'elle sort de la norme bien-pensante.

Un autre objectif de ce type d'événement est de faire réfléchir aux stratégies de prévention. Est-ce que les personnes que vous rencontrez abordent facilement la question des risques, les enjeux personnels de prévention ? Qu'attendez-vous de cet événement sur ce point ?

Si on est à l'aise avec sa sexualité, il est tout de suite plus facile de développer sa propre stratégie de prévention. Alors plus les débats ou les ateliers permettront aux participant-e-s de "se lâcher" sur leur pratiques sexuelles et plus ils et elles parleront facilement de leur techniques de prévention, de stratégie personnalisée de prévention : c'est clairement un des objectifs de ces journées, dans la continuité de nos actions de terrains pendant l'année.

Lorsqu'on regarde le programme de "Oh oui !", on voit que vous arrivez à associer des partenaires très différents à cet événement. Qu'est-ce qui les intéresse, les motive selon vous…?

Cet événement est placé sous le signe de la diversité ; on ne pouvait pas l'organiser tout seul. Tous ceux qui interviennent pendant cette quinzaine sont des partenaires avec lesquels nous travaillons toute l'année. Nous savions ce que nous pouvions nous apporter mutuellement, comme par exemple avec l’association Acceptess-T dans l'atelier "Les trans pour les nuls". Et puis la santé sexuelle, ce n'est pas que l'affaire de AIDES, au contraire. L'offre de santé sexuelle que nous souhaitons voir se développer s'appuie sur la complémentarité de tous les partenaires qui peuvent apporter leur expertise, leur approche de la santé sexuelle.

Plusieurs événements sont clairement destinés aux "tous publics". Est-ce que cela sous-entend le grand public ? Quelles sont vos ambitions en termes d'audience, de cible ?

Cela signifie qu'il n'y a pas que les adeptes d'une pratique spécifique qui peuvent participer à l'événement en question. D'autres personnes peuvent vouloir découvrir d'autres sexualités que la leur... Diversité et ouverture sont nos mots d'ordre ! Cette année, c'est la toute première édition de "Oh Oui !", on ne sait pas encore très bien la notoriété que cet événement va acquérir, alors on espère que ce sera un beau démarrage en terme d'audience, pour revenir encore plus fort et encore plus novateur l'an prochain !