OMS : il faut soigner plus tôt !

Publié par jfl-seronet le 04.12.2009
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stavudineZérittraiter plus tôt
Les séropositifs devraient entamer un traitement contre le VIH plutôt, un an ou deux, que cela ne se fait actuellement. Ce sont les nouvelles recommandations adressées aux médecins qui ont été publiées la veille de la journée mondiale contre le sida par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Explications.

Cela peut paraître bien lointain, mais l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) n'avait pas fait de nouvelles recommandations sur la prise en charge thérapeutique des personnes vivant avec le VIH… depuis 2006. Cette fois, l'OMS fait coïncider ses toutes nouvelles recommandations avec le VIH avec la tenue de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Comme toujours, l'organisme international se fonde sur les études scientifiques pour étayer ses recommandations qui s'adressent en premier lieu aux médecins et principalement aux pays du Sud.


En 2006, l’OMS avait recommandé que tous les patients commencent un traitement anti-VIH quand le nombre de leurs CD4 (ce qui permet de mesurer l'état du système immunitaire) tombait en dessous de 200 CD4/mm3. Depuis, des études et des essais ont clairement démontré qu’en commençant le traitement plus tôt, on réduit le taux de morbidité et de mortalité. L’OMS recommande donc désormais de commencer le traitement à un seuil de CD4 plus élevé, soit 350 CD4/mm3 chez toutes les personnes séropositives, y compris les femmes enceintes, que les personnes soient ou non symptomatiques. Cette nouvelle recommandation, déjà largement appliquée dans les pays occidentaux, concerne surtout les pays émergents. Par ailleurs, l’OMS recommande aux pays de mettre progressivement fin à l’utilisation de la stavudine (Zerit ou d4T), en raison des effets secondaires irréversibles à long terme de ce produit. La stavudine est encore largement utilisée dans le traitement de première intention dans les pays en développement car il s’agit d’un produit peu coûteux et largement disponible. L'OMS recommande la zidovudine (AZT) ou le ténofovir (Viread) qui sont "moins toxiques et tout aussi efficaces."

De façon générale, l’OMS recommande désormais de "commencer plus tôt le traitement antirétroviral chez l’adulte et l’adolescent, d’administrer des antirétroviraux (ARV) plus faciles à prendre et mieux tolérés et d’utiliser les ARV plus longtemps pour réduire le risque de transmission du VIH de la mère à l’enfant." "Les scientifiques ont établi de façon certaine que les patients séropositifs avaient tout intérêt à entamer le traitement antirétroviral plus tôt, car ils courent sinon davantage de risque d'attraper une maladie potentiellement mortelle comme la tuberculose ou de développer d'autres complications quand ils entameront leur traitement", indique un expert.

Pour la première fois, l’OMS recommande que les mères séropositives ou leurs enfants prennent des antirétroviraux pendant l’allaitement pour éviter la transmission du VIH. En 2006, l'organisme recommandait de fournir des médicaments anti-VIH aux femmes enceintes séropositives au troisième trimestre de la grossesse (à partir de la 28e semaine) pour éviter la transmission à l’enfant. A l’époque, il n'y avait pas assez de données sur l’effet protecteur des médicaments anti-VIH pendant l’allaitement. Depuis, plusieurs essais ont démontré leur efficacité pour la prévention de la transmission pendant l’allaitement. Les nouvelles recommandations entendent donc promouvoir l’utilisation des médicaments anti-VIH à un stade plus précoce de la grossesse, à partir de la 14e semaine et jusqu’à la fin de la période de l’allaitement. L’OMS recommande désormais de poursuivre l’allaitement jusqu’à l’âge d’un an, à condition que la mère séropositive ou l’enfant prenne des médicaments anti-VIH  pendant cette période, ce qui réduira le risque de transmission et améliorera les chances de survie de l’enfant. Les nouvelles recommandations concernant la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant pourraient ramener le risque de transmission à 5 % ou même en dessous.

Si l'ensemble de ces recommandations était scrupuleusement appliqué, celles-ci permettraient de "doubler le nombre de personnes suivies, ajoutant trois à cinq millions de patients aux quelque cinq millions attendant déjà d'être traités." Comme on l'imagine le principal problème consiste à "améliorer la disponibilité des traitements dans les pays où les ressources sont limitées."  Comme l'explique l'OMS : Si elles sont adoptées, les recommandations se traduiront par un nombre accru de personnes ayant besoin d’un traitement. Mais les coûts supplémentaires associés au traitement plus précoce pourraient être compensés par une diminution des frais hospitaliers, par une meilleure productivité du fait de la diminution des congés maladie, par un nombre inférieur d’orphelins du sida et par une baisse des infections par le VIH." Bref, un calcul de santé publique difficile à faire partager dans des pays qui n'ont pas les moyens d'investir beaucoup dans la santé et qui doivent aujourd'hui faire face à des baisses de financement de la part du Fonds mondial.
Plus d'infos sur http://www.who.int/fr/

Commentaires

Portrait de danielec

plutôt que " plutôt " ...dans : " Les séropositifs devraient entamer un traitement contre le VIH plutôt..."

Tatie Daniele.