OMS : traiter plus tôt !

Publié par jfl-seronet le 20.07.2010
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Vienne 2010OMSSud
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié (19 juillet) ses nouvelles directives pour lutter contre le VIH. Elles recommandent de commencer le traitement plus tôt, en utilisant des molécules moins toxiques. Ces directives sont destinées particulièrement aux pays pauvres.

Dans ses dernières directives, qui datent tout de même de 2006, l'OMS recommandait de traiter les personnes malades quand le nombre de T4 (CD4) descendait en dessous de 200 T4/mm3, elle recommande maintenant de commencer un traitement dès que le niveau de CD4 atteint 350 T4/mm3. Le taux normal de T4 dans l'organisme est de 1 000 à 1 500 T4/mm3 de sang. "Tous les adultes et les adolescents, y compris les femmes enceintes séropositives, présentant un niveau de CD4 de 350 cellules par mm3 de sang, doivent commencer un traitement antirétroviral, qu'il y ait ou non des symptômes cliniques", indique aujourd'hui l'OMS. Cette recommandation avait déjà été avancée en novembre 2009. Par ailleurs, dans le document de 150 pages qu'elle publie à l'occasion de la Conférence de Vienne, l'OMS suggère aussi que les personnes  présentant des symptômes importants commencent le traitement quel que soit leur compte de CD4. "Les nouvelles recommandations peuvent augmenter substantiellement le nombre de personnes susceptibles de recevoir un traitement et donc augmenter le coût", admet l'OMS qui conçoit qu'elles puissent, de ce fait, ne pas être immédiatement appliquées par tous les pays. Reste que l'objectif de mettre sous traitement toutes les personnes ayant un nombre de T4 inférieur ou égal à 350 T4/ mm3 devrait "faire baisser le nombre des décès de 20 % d'ici à 2015".

Commentaires

Portrait de nathan

Dans les pays du Nord, on traite déjà à 350 CD4 et dans les faits, de plus en plus autour de 500 CD4. Proposer le traitement à 350 CD4 n'est donc qu'un alignement sur un ancien standard des pays riches.

Mais dans ces pays-là, les experts parlent de plus en plus souvent de traiter dès la connaissance de la séropostivité, quel que soit le niveau de CD4.

Reste que les séropos n'accepteront cette éventualité que s'ils ont la certitude que la toxicité des ARV est la plus faible possible. Bien sûr l'indutrie pharmaceutique travaille à une moindre toxicité des molécules. En tout cas, elle le prétend. Mais c'est insuffisant. Il faut un garde-fou. Il faut avoir confiance dans les traitements.

N'est-ce pas quand les personnes traitées auront la possibilité d'obtenir légalement des réparations si elles subissent des dommages du fait des traitements - comme c'est le cas avec d'autres médicaments - que la confiance dans les traitements sera telle qu'en effet on pourra traiter au plus tôt et espérer éradiquer le virus - comme toutes les organisations tournées vers la lutte contre le sida le projettent ?

Si on n'inscrit pas noir sur blanc cette responsabilité-là de l'industrie pharmaceutique, je doute que ces projections se réalisent.

Portrait de derdeder

faut prendre un max d'actions de labos pharmaceutiques ?
Portrait de jean-rene

Tu crois vraiment, Nathan, que je pourrais demander réparation sur les dégâts causés par les antiprotéases sur mon système cardiovasculaire ? !
Portrait de nathan

Je parle bien sûr de l'avenir et pas du passé : les verbes sont conjugués au futur.

J'imagine très mal qu'on traite tous les séropos à l'avenir, quel que soit leur niveau de CD4, ce  qui est, pour l'Onusida (voir le Traitement 2.0), la condition sine qua non pour éradiquer le virus et l'épidémie, si on ne donne pas des garanties aux séropos qui commenceront un traitement que celu-ci n'entraînera pas de dommages graves, tant sur le plan physiologique qu'esthétique et donc social.

Voir par  exemple ce point de vue ici :

http://www.seronet.info/billet_forum/traitements-et-resistances-chez-les...

Et j'imagine mal chez les homos ayant des rapports avec des homos, séropos ou pas - toujours très touchés - qu'ils acceptent le traitement comme moyen de prévention si on leur donne pas de garanties fermes qu'is ne finiront pas par présenter des atrophies et des dystrophies peu esthétiques au bout de quelques mois de traitement.

C'est pourquoi je ne crois pas que de bonnes paroles de l'industrie pharmaceutique destinées à faire avaler la pilule suffiront désormais  comme ce fut le cas  dans le passé. Il faudra des garanties plus solides, scientifiques certes mais aussi juridiques... Ce pare-feu doit être aussi une incitation forte pour l'industrie pharmaceutique à réduire la toxicité de ses molécules comme le demande aussi l'Onusida.  Il faut qu'elle y mette des moyens, ce qu'elle peut faire compte tenu des sommes gigantesques qu'elle a engrangées depuis plus de 25 ans d'épidémie. Il faut qu'il y ait un retour sur l'investissement humain que ces profits ont nécessité en termes de réduction de la toxicité des traitements à venir.