OUTrans : la transphobie tue… pas le dépistage !

Publié par jfl-seronet le 25.03.2012
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transdépistage communautaire
Il y a quelques mois, l’association OUTrans, très active en matière de prévention, lançait sa campagne d’incitation au dépistage : "La transphobie tue… pas le dépistage !" Pourquoi et comment ?
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"Être capable de nommer et de discuter nos envies, nos problèmes, nos désirs, nos obstacles, nos jouissances, nos corps, c'est acquérir du pouvoir sur notre sexualité et notre santé sexuelle". C’est dans cette optique que l’association OUTrans a lancé, il y a quelques mois, une campagne de dépistage en direction des personnes trans. "En effet, nous pensons que l’accès au dépistage est une des clefs de voûte d'une bonne santé sexuelle, et ce, quelques soient nos identités, nos pratiques ou nos prises de risques", explique l’association. "Nous pensons que discuter de dépistage avec son, sa ou ses partenaires, c'est permettre d'ouvrir la discussion sur la prévention et la santé sexuelle. Parler de dépistage, c'est aussi parler de VIH, car c'est en en parlant et en sortant de la peur et de la honte que nous pourrons nous donner des moyens d'action sur notre santé", affirme OUTrans. "Pour nous, le sida n'est jamais aussi dangereux que lorsqu’il est tu ou ignoré".


Si l’association s’engage aussi fort sur ce sujet, c’est qu’elle a fait ses comptes. En novembre 2011, étaient publiés dans le "Bulletin épidémiologique hebdomadaire", les premiers résultats d’une enquête menée en France en 2010 sur les "caractéristiques sociodémographiques, identifications de genre, parcours de transition médicopsychologiques et VIH/sida dans la population trans". Conduite par Alain Giami, Emmanuelle Beaubatie, Jonas Le Bail (INSERM), cette enquête comportait un volet sur le VIH/sida. Leurs résultats indiquaient que "le taux de dépistage du VIH est important dans la population trans : 82,5% des MtF [male to female, homme vers femme] et 63,6% des FtM [female to male, femme vers homme] ont déclaré avoir fait le test au moins une fois dans leur vie et 32,3% des FtM et 39,2% des MtF déclarent en avoir fait un au cours des douze derniers mois. La prévalence du VIH/sida dans l’échantillon est fortement différenciée selon le sexe de l’état civil à la naissance, puisqu’aucun FtM n’a déclaré être porteur du VIH. Elle s’élève à 6,9% parmi les MtF ayant déjà réalisé un test de dépistage du VIH. Parmi les MtF ayant déjà eu recours au travail du sexe, 17,2% sont séropositives (…) Par ailleurs, 10,9% des MtF nées à l’étranger sont séropositives. Au total, la prévalence du VIH parmi les MtF nées à l’étranger et ayant déjà eu recours au travail du sexe est de 36,4%".


"Alors que l'enquête INSERM sur la santé sexuelle des personnes trans confirme une forte prévalence VIH chez les filles trans, nous pensons qu'il est grand temps que l'ensemble des personnes et activistes trans acquièrent, développent et diffusent un savoir sur les spécificités de la prévention trans", avance, pour sa part, OUTrans. "Malgré nos identités, nos sexualités, nos partenaires et nos conditions d'existence diverses, nous devons sans plus attendre mettre en place des discours positifs sur la sexualité, nous permettant de nous informer, de discuter et de mettre en pratique, au mieux, des techniques de réduction des risques qui nous conviennent. Alors qu'il a été nécessaire de se battre pour penser nos identités trans hors d’une question de sexualité et de lutter contre l’exotisation de nos corps, nous pensons, à OUTrans, qu'il est désormais temps de refaire de nos corps des corps sexuels, et ce, avec nos propres moyens et nos propres discours", précise l’association.
Une excellente brochure est consultable et téléchargeable sur le site d'OUTrans.