Parcours de soin : ce que le TRT-5 attend des travaux de la HAS

Publié par Eric Salat le 12.05.2014
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Thérapeutiquecoordination des soinsparcours de soin

A la demande d’associations du TRT-5 (Actions Traitements, AIDES, Act-Up Paris, Sol En Si), la Haute autorité de santé (HAS) a retenu dans son programme de travail (2014-2015) le parcours de soins des personnes vivant avec le VIH et facteurs de co-morbidités et co-mortalités associés. Eric Salat (Actions Traitements/TRT-5), expert sur les questions de prise en charge, explique en quoi consiste ce travail et son intérêt pour les personnes vivant avec le VIH. Interview.

La HAS a inscrit à son programme de travail (2014-2015) le parcours de soins des personnes vivant avec le VIH et facteurs de co-morbidités et co-mortalités associés ? Qui a fait cette demande ?

Eric Salat : Cette saisine réalisée par le TRT-5 et déposée auprès de la Haute autorité de santé marque un pas majeur dans la reconnaissance du statut d’acteurs de santé des structures associatives. Pour la première fois, la HAS permet aux associations de malades d’initier un travail visant à construire l’organisation de la prise en charge.

Qu’attend le TRT-5 de ce travail ? Autrement dit à quoi servira cette réflexion sur le parcours de soins ? Quels effets en escomptez-vous sur la vie des personnes vivant avec le VIH ?

Les personnes séropositives sont touchées par une série de co-morbidités/co-mortalités (troubles métaboliques, risque cardio-vasculaire, ostéoporose, troubles neurocognitifs, atteintes rénale et hépatique, cancers, etc.) qui complexifient la prise en charge médicale et exigent d’adopter une approche multidisciplinaire. Le discours institutionnel place le malade au centre du système de santé. En réalité, le malade se retrouve très souvent seul à coordonner ses propres soins, à réaliser le lien entre de très nombreux acteurs de santé. Le parcours de soins vise à faciliter la coordination entre ces différents acteurs et à anticiper les situations qui risquent d’amener les malades vers une dégradation de leur état de santé.

La question de la prise en charge coordonnée et personnalisée des personnes vivant avec le VIH, celle des co-morbidités et de leur prévalence accrue sont traitées dans le rapport d’experts Morlat et font l’objet de recommandations. Qu’apportera de plus le travail de la HAS ?

Les recommandations des rapports d’experts VIH successifs ont permis de marquer des évolutions souhaitées vers un partage plus équilibré entre l’hôpital et la ville et la définition de parcours de soins, mais elles ne permettent pas d’entrer directement dans une phase de mise en œuvre. Le travail mené avec la HAS bénéficie d’un cadre précis d’action avec notamment la mise en œuvre d’expérimentations au niveau régional.

Le travail de la HAS va s’effectuer en parallèle de la future loi de santé publique et dans un contexte économique de plus en plus contraint et qui devrait l’être encore plus concernant les dépenses de santé. De quelle façon, ce contexte peut-il jouer sur l’élaboration de ce parcours de soins ?

Tous les experts promeuvent une meilleure coordination de la prise en charge des pathologies au long cours. Le système de santé bénéficiera de ces évolutions par la diminution des coûts engendrés, notamment par un moindre recours à l’hôpital et une meilleure orientation des personnes.

Quelle part les associations prennent-elles à ce travail ? Participent-elles aux travaux de la HAS ? Qui ? Et puis de façon plus générale, le parcours de soins VIH devrait-t-il avoir des conséquences sur le rôle, la place, les missions des associations ?

Nous défendons la place essentielle de l’action associative au sein des parcours de soins des personnes vivant avec le VIH, notamment aux moments de plus grande vulnérabilité, de précarité et de risques de rupture d’accès aux droits et aux soins. Nous nous rapprochons actuellement des associations pour échanger sur leur expertise de terrain. La HAS constituera un groupe de travail pour débuter les premiers travaux au dernier trimestre 2014. L’objectif à terme consiste à sécuriser et pérenniser l’intervention des associations lors de la mise en œuvre de financement "au parcours" permettant de rémunérer l’ensemble des acteurs de la chaîne.