"Paris doit être au cœur d’une stratégie globale de santé publique"

Publié par Rédacteur-seronet le 04.03.2020
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Interviewmunicipales 2020

David Belliard entend capitaliser sur la prise de conscience de l’urgence écologique qui pousse tous-tes les candidats-es à verdir leurs programmes. Le candidat Europe Écologie Les Verts (EELV) a publié sur son site de campagne un ensemble de deux cents propositions. Neuf chapitres y sont proposés, déclinant un grand nombre de propositions relatives à la solidarité et à la santé. Interpellé par les militants-es de AIDES à Paris, le candidat écologiste revient sur ses engagements dans le domaine de la santé.

Dans un récent sondage (1), le candidat Europe Écologie Les Verts (EELV) à la mairie de Paris, David Belliard, est crédité de 11 % des intentions de vote (un résultat stable), mais la campagne est loin d’être finie. Le candidat écologiste reste un atout pour le second tour pour Anne Hidalgo. En effet, dans l'hypothèse d'une quadrangulaire au second tour, une liste d'union entre Anne Hidalgo et David Belliard arriverait en tête avec 37 % des suffrages, devant la liste Dati (32 %), la liste Buzyn (22 %) et la liste Villani (9 %). La formation écologiste fait partie de la majorité sortante. C’est d’ailleurs une élue écologiste Anne Souyris qui est adjointe à la Maire de Paris en charge de la santé et des relations avec l’AP-HP.

Paris compte aujourd'hui encore près de 900 nouvelles contaminations annuelles au VIH, soit 15 % des nouveaux diagnostics à l’échelle nationale. L’épidémie touche prioritairement les groupes les plus stigmatisés dans notre société, y compris dans la capitale. Quel bilan faites-vous de l’action de l’équipe municipale sortante en matière de lutte contre le VIH/sida ? Quels sont les succès et les échecs ?

David Belliard : Clairement, la diminution de 16 % des contaminations par le VIH à Paris entre 2015 et 2018 est une bonne nouvelle ; mais comme vous le signalez 906 nouveaux diagnostics ont tout de même été recensés à Paris en 2018. Cette amélioration doit donc nous inciter à redoubler d’efforts. La stratégie parisienne de lutte contre le sida, élaborée et mise en œuvre avec tous les acteurs de la santé (Vers Paris Sans Sida, associations de santé communautaire, services de la ville, Cegidd (2), professionnels de la santé…) a contribué à cette diminution du nombre de nouveaux cas à Paris. S’il y a un crédit à mettre à l’action de la municipalité, il ne saurait donc être dissocié de celui qui revient à l’ensemble des partenaires impliqués dans cette stratégie. En tant qu’écologistes, nous nous inscrivons dans une démarche de santé publique résolument pragmatique et scientifique. C’est ce qui explique notre soutien aux associations de santé communautaire (telles que les Amis du Bus des Femmes pour les travailleuses du sexe) ou de réduction des risques et des dommages (salle de consommation à moindre risque portée par l’association Gaïa).

Par ailleurs, cette baisse des nouveaux diagnostics est encourageante, mais elle concerne principalement les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) nés en France (3). On constate une stagnation des contaminations pour les femmes hétérosexuelles nées à l’étranger et une augmentation chez les HSH nés à l’étranger. Il faut donc développer encore nos actions à destination de ces publics.

Ces questions ont fait l’objet de nombreux débats au sein de la majorité municipale. Je pense que le bilan de l’action municipale aurait sans doute été meilleur si nous n’avions pas été confrontés aux réticences idéologiques d’une partie de la majorité qui a, par exemple, choisi de s’opposer aux subventions de Médecins du Monde, qui travaille très efficacement à l’accompagnement sanitaire des travailleuses du sexe avec une approche de réduction des risques. La subvention a été sauvée grâce à la mobilisation des élus-es écologistes. En outre, les actions de santé auprès des exilés-es et de réduction des risques auprès des usagers-ères de drogue ont été largement mises en difficulté par la politique de l’État.

Pour la prochaine mandature, quels sont vos objectifs en matière de santé et quelle place comptez-vous y faire pour la lutte contre le VIH/sida ?

La Ville doit être au cœur d’une stratégie globale de santé publique, pour que toutes les Parisiennes et tous les Parisiens puissent bénéficier d’un environnement favorable à leur santé. Cela nécessite d’agir sur l’ensemble des déterminants de la santé : environnement physique, environnement économique, environnement social, caractéristiques et expériences individuelles, offre sanitaire et médico-sociale.

Pour lutter contre l'exposition aux différentes sortes de pollution (atmosphérique, alimentaire, nuisances sonores, pollution lumineuse, etc.) qui renforcent les risques cardio-vasculaires, pulmonaires et les cancers, nous créérons de nouveaux espaces piétonnisés ainsi que des zones environnementales prioritaires, à proximité des structures accueillant des populations vulnérables (enfants, personnes âgées, malades).

L’accès aux soins de secteur 1, au plus près des Parisiens-nes, doit également être développé pour que cette offre soit disponible partout à Paris. Nous renforcerons le dispositif Paris Med’ qui favorise l'installation et l’exercice de professionnels-les de santé accessibles financièrement, territorialement, nuits et week-ends.

Nous mettrons aussi en place des mesures adaptées aux besoins des publics les plus vulnérables. Je pense, par exemple, aux personnes précaires qui n'ont pas de droits ouverts, pour lesquelles nous proposons la création d’un PASS ambulatoire destiné aux soins de Ville sur le même modèle que celui qui existe pour l’hôpital. Pour les femmes en situation de précarité, qui subissent davantage de violences que les hommes – notamment sexuelles, nous souhaitons créer des centres d’accueil dédiés.

L’action de notre municipalité doit également s’adresser aux jeunes : l’éducation à la santé, dès le plus jeune âge, permettra de préparer les adultes de demain à prendre soin d’eux-mêmes, et à s’inscrire dans une démarche de citoyens acteurs de leur santé. C’est l'objectif du plan Cap Santé Jeunes d’Éducation Prévention Santé que nous mettrons en œuvre, et qui permettra l’intervention d’équipes mobiles pluridisciplinaires dans les établissements scolaires autour des thématiques santé.

Je souhaite enfin apporter une attention particulière aux enfants en situation de handicap, afin de favoriser leur prise en charge et leur inclusion : un programme de formation continue de sensibilisation au handicap pour les professionnel-le-s des crèches, jardins d’enfants, des PMI (centre de Protection Maternelle et Infantile) et des personnels intervenant en milieu scolaire doit être mis en place. Il faut également redonner de l’attractivité aux postes d’Accompagnant des élèves en situation de handicap pour parvenir à recruter à hauteur des besoins, avec un objectif de zéro enfant sans solution.

Pour ce qui concerne la lutte contre le VIH/sida, notre objectif est clair : 0 nouvelle contamination à horizon 2030. Cela nécessite un changement systémique. C’est dans cette optique qu’Anne Souyris a proposé à l’Assurance maladie à Paris et à l’Agence régionale de Santé (ARS) Île-de-France l’expérimentation de l’accès au test VIH dans tous les laboratoires d’analyse parisiens, sans frais et sans ordonnance. Cette mesure, portée à Paris par l’Association Vers Paris Sans Sida, s’appuie sur une communication ciblant les populations clefs et sur un développement spatial et temporel de l’offre (maillage de l’ensemble du territoire et extension des horaires). Par ailleurs, cette offre est universelle puisque nous avons obtenu de l’ARS que les personnes sans droit ouvert (non assurés sociaux) puissent y avoir accès.

D’autres mesures importantes ont déjà été prises, qui commencent à porter leurs fruits : renforcement de l’accès à la prophylaxie pré-exposition (Prep) et sa promotion, distribution de kits d’autotests, coopération accrue entre les centres spécialisés dans les maladies infectieuses et les centres de santé parisiens. Il faut maintenant consolider nos actions à destination des publics parmi lesquels nous constatons une hausse ou une stagnation des contaminations. Durant la mandature, nous avons été des éléments moteurs de la majorité sortante pour la mise en place de mesures favorisant les actions de santé communautaires, les actions d’aller-vers, auprès de l’ensemble des publics les plus vulnérables (usagers-ères de drogues par injection, travailleurs-euses du sexe, personnes exilées). Une communication et une offre adaptée aux HSH, aux exilées en provenance d'Afrique sub-saharienne doivent être déployées. Enfin, la municipalité doit soutenir les associations qui s'occupent des professionnels-les du sexe et faire la promotion de la Prep auprès des personnes exposées au VIH.

Il serait trop long de développer ici l’intégralité de nos propositions, mais je ne peux que vous encourager à consulter notre site pour plus d'exhaustivité.

Ces derniers mois, une forte mobilisation s’est faite pour la défense de l’hôpital public. L’AP-HP est un des acteurs majeurs de la santé à Paris et plus largement en Île-de-France, notamment dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH, vivant avec une hépatite virale, suivies pour des addictions, etc. Quel constat faites-vous et quelles solutions préconisez-vous ?

La situation à l’AP-HP est devenue intenable et invivable. La dégradation des conditions de travail a logiquement entrainé une détérioration de la qualité des soins. Elle met en danger la santé des patients. Avec Anne Souyris (actuelle adjointe à la Santé, ndlr), nous avons rencontrés et soutenus les membres des Collectifs InterHopitaux et InterUrgences. Nous avons bien compris leurs attentes et leurs recommandations : le manque de moyens est dramatique depuis de nombreuses années et cette crise s’aggrave de jour en jour, touchant tous les services des hôpitaux, aussi bien les grands CHU parisiens que les hôpitaux dit « périphériques ». L’hôpital public est une institution centrale de santé publique, et le peu de cas qui est fait des revendications des soignants-es est déplorable. On leur demande de faire toujours plus avec de moins en moins de moyens. Ainsi il est pour moi impératif de réévaluer l’Ondam (4) en fonction des besoins réels de santé. D’autre part, le manque de personnels paramédicaux entraîne la fermeture des lits d’hospitalisation. Il est donc primordial de redonner envie aux gens qui travaillent à l’hôpital d’y rester et cela passe par la réévaluation des rémunérations, notamment des bas salaires. Pour garantir et assurer la qualité du service de santé publique, il faut également faire en sorte que le temps des soignants-es soit consacré aux soins et non aux tâches administratives. Ce constat fait, la Ville doit aussi agir. La création en 2019 du premier Centre de santé Sexuelle à l’Hôtel-Dieu montre le rôle décisif que la municipalité peut jouer dans l'innovation en matière de structures de santé. Nous devons poursuivre notre effort de renforcement de l'offre de centres de santé, et favoriser l’exercice regroupé de professionnels de la santé. Ces dispositifs permettent de limiter le recours aux urgences pour des soins pouvant être pris en charge par la médecine de ville.

Une des particularités de la lutte contre le VIH/sida réside dans le fait d’une persistance des discriminations dont sont victimes les groupes les plus exposés aux risques d’infection. Quel bilan faites-vous de l’action de l’équipe municipale sortante en matière de lutte contre les discriminations (homophobie, sérophobie) et que proposez-vous ?

Chaque année le bilan semble s’alourdir. En 2018, SOS homophobie a recueilli près de 2 000 actes LGBTQIphobes (insultes, rejet, agressions, discriminations…), soit une augmentation de 15 % par rapport à 2017. C’est la troisième année consécutive d’augmentation enregistrée par l’association. Le nombre d’agressions physiques recensées a lui aussi augmenté de 66 % en un an. Il est pour moi inacceptable qu’à Paris, en 2020, une personne soit victime de discriminations à cause de son orientation sexuelle ou de son genre. Des actions ont certes été menées, mais nous pensons qu’il faut aller plus loin que repeindre aux couleurs arc-en-ciel les passages piétons du Marais. Il faut protéger et accompagner les victimes, favoriser et faciliter la prise en compte des plaintes : cela passe par des formations dans les commissariats et par le recrutement de professionnels pour que les victimes puissent bénéficier au plus tôt d'un accompagnement médico-social.

Pour lutter efficacement contre les stéréotypes LGBTQIphobes qui alimentent ces violences, il faut aussi favoriser un accès libre du grand public à l'histoire de ces communautés. Pendant des années, le collectif des archives LGBTQI+ a effectué un travail monumental de collecte en vue de la création d'un centre des archives LGBTQI+ à Paris, géré par les associations (comme cela existe déjà à Berlin). La Ville de Paris a manqué cette opportunité exceptionnelle qui s'offrait à elle, et le projet ne s'est finalement pas concrétisé. C'est une grave erreur à mon sens, que je compte corriger une fois élu. La lutte contre les discriminations sérophobes sera une autre de nos priorités. Nous avons soutenu le travail effectué par l’association des Séropotes pour la mise en place d’une rencontre nationale relative à l’accès aux soins de ville et à l’assurance emprunteur des personnes vivant avec le VIH. Les conclusions de cette rencontre alimenteront notre politique de lutte contre ces discriminations qui sont d'un autre âge.

Un collectif d'associations de lutte contre le sida et de lutte contre les discriminations a lancé un manifeste avec des propositions à mettre en œuvre auprès des Parisiens-nes. Que pensez-vous de cette initiative et quelles mesures proposées ont votre soutien ?

Le travail effectué par les associations est phénoménal, les propositions sont solides et importantes. C’est simple : je trouve ce manifeste important et je souhaite m’engager sur TOUTES les propositions qui ont été faites et notamment sur l’accès aux soins aux populations vulnérables (migrants-es, personnes LGTBQ, travailleurs-euses du sexe et usagers-ères de drogues).

Ces dernières années, Paris a été confronté à des enjeux spécifiques concernant les personnes usagères de drogues. Des initiatives ont été prises (salles de consommation à moindre risque, plan crack, etc.). Quel bilan faites-vous de la politique municipale actuelle dans ce domaine ? Quelles sont vos propositions en matière d’accueil, d’accompagnement des personnes usagères, de création d’actions innovantes dans le domaine de la réduction des risques ?

Paris, comme toutes les grandes métropoles, est un lieu de consommation de substances psychotropes légales et illégales : alcool, cannabis, cocaïne, héroïne, drogues de synthèse, etc. Cette situation implique nécessairement un trafic important se déroulant intramuros et donc des conséquences en termes de violences et d’insécurité particulièrement élevées. Il s'agit donc d'un double problème de santé publique et de sécurité. La création d’une première « salle de consommation à moindre risque » (SCMR) à Paris en 2016 a constitué une étape, importante, de l’action de la municipalité en matière de prise en charge des personnes usagères de drogue. Ce lieu leur offre un cadre d'usage et de consommation sécurisé, dans de bonnes conditions d'hygiène et sous la surveillance d'un personnel qualifié. La SCMR permet également d'établir un contact avec les usagers-ères de drogues et d’orienter les plus marginalisés d'entre eux vers des dispositifs de soins ou les services sociaux adaptés.

Mais ce dispositif est saturé ! Voilà longtemps que les écologistes demandent la création de nouvelles SCMR pour répondre aux besoins constatés, dans d’autres quartiers de la capitale, mais aussi à l’échelle de la métropole (je pense à la Seine Saint-Denis où là aussi les besoins sont particulièrement importants). Il ne s’agit évidemment pas d’encourager à la consommation, mais bien de réduire les risques pour la santé des consommateurs-trices et de diminuer l'usage de drogues sur l’espace public. Pour rappel, il y a 37 salles de consommation à moindre risque aux Pays-Bas, et 26 en Allemagne.  Si les salles de consommation à moindre risque peuvent apporter des réponses concrètes aux personnes consommatrices d’héroïne, notamment grâce aux traitements de substitution (buprénorphine et méthadone), certains-es usagers-ères de drogues restent difficiles à prendre en charge, en particulier les consommateurs-trices de crack (dérivé de la cocaïne qui se fume) et les Chemsexeurs (pratique de consommation de substances en lien avec la sexualité). Ces deux phénomènes, qui connaissent actuellement un développement considérable, concernent des populations différentes auxquelles il convient d’apporter une offre de soin adaptée.

Et concernant l’usage de crack ?

Les usagers-ères de crack sont généralement dans des situations de grande marginalisation. Il n’existe pour eux pas de traitement de substitution. La préfecture a récemment procédé à l’évacuation de la « Colline du crack » (territoire situé porte de la Chapelle, entre le périphérique et l’autoroute) où se retrouvaient chaque jour des consommateurs-trices de crack. En l’absence de lieux d’hébergement adaptés et en nombre suffisant pour prendre en charge ce public, cela a surtout déplacé le problème vers des lieux de consommation plus éloignés encore, mais tout aussi insalubres, ou dans n’importe quel interstice urbain (cages d’escaliers, cours, etc.). Près de 67 consommateurs-trices de crack ont été pris en charge lors de l’évacuation récente de la Porte d’Aubervilliers : c’est une bonne chose, mais les besoins sont au moins trois fois supérieurs d’après les associations de terrain. Là encore, il nous faut donc changer d’échelle pour répondre de façon adéquate à cette situation dramatique. Le plan crack, soutenu par les écologistes et conclu avec les autorités de l’État, doit permettre de réduire les risques liés à la consommation, de faciliter l’ouverture des droits et l’insertion des usagers-ères, et de pourvoir à l’ensemble de leurs besoins sanitaires et sociaux. Ce plan prévoit la création de nouvelles salles de consommation, la multiplication d’espaces de repos, mais en l’absence d’une majorité convaincue de la nécessité de la réduction des risques, il est à craindre que ces dispositions restent lettre morte.

Enfin, l’explosion des pratiques du chemsex et slamsex constitue un véritable enjeu de santé publique en France et notamment à Paris. Ces nouvelles addictions demeurent mal connues de la plupart des médecins. C’est pourquoi je propose de former les médecins généralistes et les addictologues à leur détection et prise en charge, notamment chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Je souhaite également créer des centres spécialisés Chemsex, différents des centres « habituels » de prise en charge des toxicomanes comme les Caarud (centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues).

Au cours de sa mandature, la maire sortante a été interpellée en diverses occasions sur sa politique concernant les travailleurs-ses du sexe. Sont notamment critiqués des arrêtés municipaux contre les personnes exerçant cette activité. Des acteurs-rices de la société civile estiment que cette politique renforce la dégradation des conditions de travail des personnes concernées et qu’elle entre en contradiction avec un des axes de « Vers Paris sans sida », qui considère ce groupe comme l’un des plus exposés au risque d’infection par le VIH. Que comptez-vous faire sur ce sujet ?

La situation des travailleuses et des travailleurs du sexe est précaire en France et d’autant plus fragilisée par la législation actuelle. Ces dernières années à Paris, rien n’a été fait pour les protéger, ou trop peu. À titre d’exemple, les arrêtés municipaux anti-stationnement dans les bois de Boulogne et de Vincennes sont détournés de leur objectif premier lié au code de la route pour viser prioritairement les travailleurs.euses du sexe, et les mettre en danger. C’est la raison pour laquelle je me suis engagé à mettre fin à ces arrêtés anti-prostitution.  À nouveau, la position des écologistes est orientée sur la réduction des risques, je souhaite ouvrir des droits aux travailleurs-euse du sexe tout en permettant à celles et ceux qui le souhaitent d’entamer un parcours d’insertion ou de réorientation professionnelle. Enfin, une bonne partie de la prostitution de rue est étrangère et en situation irrégulière, ce qui prive de fait les travailleurs-euse du sexe de la prévention et des soins. La mort de Jessyca Sarmiento (5), un peu plus d’un an après celle de Vanessa Campos, constitue une nouvelle illustration tragique des drames auxquels ils/elles sont exposés-es. Je souhaite donc renforcer le soutien municipal aux associations de réduction des risques, de médiation et d'accès aux droits. Pour faciliter l’accès aux soins de ce public, il faudra également développer des consultations médicales de proximité gratuite – je plaide pour la création d’un dispositif mobile de soins, notamment gynécologiques. On pourrait y faire des dépistages rapides, des frottis, distribuer du matériel de prévention et faire la promotion de la Prep.

Depuis des années, Paris connaît, du fait de facteurs multiples, des difficultés concernant l’accueil des personnes migrantes, certaines d’entre elles sont des personnes LGBTQI+. Que pensez-vous de l’action actuelle de la ville sur ces sujets et quelles sont vos propositions ?

Avant tout, il faut rappeler que les difficultés concernant l’accueil des personnes exilées que nous connaissons aujourd’hui à Paris et en France sont en grande partie liées à la politique ouvertement discriminatoire menée par le gouvernement. Nous en avons encore eu une illustration récente avec l’adoption d’un délai de carence de trois mois pour qu’une personne exilée bénéficie de l’accès aux soins dans le cadre de la protection universelle maladie (Puma) : c’est à la fois inhumain, dangereux et coûteux puisque la prise en charge tardive des pathologies lourdes entraîne des frais encore plus conséquents. La Ville de Paris s’est ouvertement opposée à cette politique indigne, notamment en refusant d’appliquer le décret visant à créer un nouveau fichier national recensant les mineurs étrangers isolés, ou en adhérant à l'Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants (Anvita).

Concernant le cas spécifique des personnes LGBTQI+ exilées, elles sont de plus en plus nombreuses à découvrir leur séropositivé en France : il est donc important d’y apporter une attention particulière et de permettre un accès aux soins des personnes qui n’ont pas de droits ouverts. La création de notre Permanence d'Accès aux Soins de Santé (PASS) ambulatoire permettant à tous les Parisiens-nes d'accéder aux soins de Ville bénéficiera donc aussi à ce public. Par ailleurs, les personnes LGBTQI+ exilées peuvent faire l’objet de discriminations au sein de leurs communautés d’origine, comme cela est malheureusement le cas dans tous les milieux : nous pourrions évaluer l’opportunité de créer des structures spécifiques pour accueillir ce public et éviter ainsi une double-discrimination.

Propos recueillis par Manon Latscha et Jean-François Laforgerie

(1) : sondage Ifop-Fiducial paru dimanche 1er mars, pour le compte du Journal du Dimanche et de Sud Radio. Enquête réalisée en ligne du 25 au 28 février auprès de 946 personnes inscrites sur les listes électorales, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur de 1,4 à 3,1 points.
(2) : centre gratuit d'information, de dépistage et de diagnostic des infections par le VIH et les hépatites virales et les infections sexuellement transmissibles.
(3) : en 2018, 906 Parisiens-nes ont appris leur séropositivité, contre 1 078 en 2015, c'est-à-dire un recul de 16 %. Cette baisse est particulièrement marquée chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH, -22 %), qui représentent 45 % des nouveaux cas en 2018, et parmi eux chez les HSH nés en France (-28 %).
(4) : objectif national des dépenses d'assurance maladie.
(5) : Travailleuse du sexe trans, Jessyca Sarmiento a été assassinée sur son lieu de travail, au Bois de Boulogne, le 21 février, fauchée par une voiture. Un hommage lui a été rendu en présence d’une centaine de participants-es samedi 29 février.

Commentaires

Portrait de jl06

Paris compte aujourd'hui encore près de 900 nouvelles contaminations annuelles au VIH, soit 15 % des nouveaux diagnostics à l’échelle nationale

LA REGION PACA SUIS AUSSI ....pas un mot ,

les émigrés passe pour la plus part par les frontieres Italiennes ,(dont Menton) pas un mot ....sa s 'apprend la géographie ,

sur la cote nous avons autant de P.... que sur Paris surtout l,été des filles de l,est ,  la Drogue boff par bateaux elle arrive  plus chic ...Marseille la plaque tournante , mais Paris savent pas ....!

j,ai rien contre le Monssieur (Belliard ) , mais je ne voterait jamais pour un écolo , pas du tout confiance ! pour finir Paris nous connais que pour les impots .....a quand une vrais séparation des régions état , 

Provincial je suis Provincial je reste  !