"Pauvre, un jour, pauvre toujours ?"

Publié par jfl-seronet le 05.04.2016
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Droit et socialprestations sociales

Le 1er avril n’est pas uniquement le jour de sortie des poissons de papier qu’on accroche dans le dos. C’est aussi, un peu comme le 1er janvier, la date d’annonce d’un certain nombre d’augmentations de prestations sociales, de remboursements, de nouvelles règles tarifaires. Côté prestations sociales et familiales, l’augmentation est faible. Elle se situe à 0,1 %. C’est ce qu’a annoncé la Caf. Cela équivaut à quelques centimes d’euros de plus pour chaque prestation. Passage en revue de ces biens maigres augmentations… très critiquées par certaines associations.

RSA

Le montant forfaitaire mensuel du revenu de solidarité active (RSA) est à compter du 1er avril 2016 de 524,68 euros pour une personne seule en métropole et dans les DOM (hors Mayotte) contre 524,16 euros précédemment. Ce montant atteint 673,75 euros (contre 673,08 euros auparavant) pour une personne seule bénéficiant de la majoration pour isolement auquel s'ajoute un supplément de 224,58 euros par enfant (contre 224,36 euros).
Pour Mayotte, ce montant forfaitaire est porté de 262,08 euros à 262,34 euros. Ce montant est de 131,17 euros (contre 131,04 euros) pour le conjoint ou le premier enfant, de 78,70 euros pour chaque enfant à charge jusqu'au troisième (contre 78,62 euros précédemment) et de 26,23 euros pour chaque enfant à charge à partir du quatrième (contre 26,21 euros).

La prime d'activité

Le montant forfaitaire mensuel de la Prime d'activité, nouveau dispositif d'aide aux salariés à revenus modestes entré en vigueur au 1er janvier 2016, passe lui de 524,16 euros à 524,68 euros pour une personne seule en métropole et dans les Dom (hors Mayotte). Ce montant est applicable aux primes calculées pour déterminer le montant dû pour avril.

La base mensuelle des allocations familiales

Elle s'élève à 406,62 euros, contre 406,21 euros. Elle sert notamment à calculer l'allocation de rentrée scolaire et les allocations familiales.

L'allocation aux adultes handicapés (AAH)

Le montant mensuel maximum de l'allocation adulte handicapé (AAH) est porté de 807,65 euros à 808,46 euros. L'AAH est versée aux personnes en situation de handicap de plus de 20 ans ou 16 ans sous certaines conditions. Elle est modulable en fonction des ressources du foyer et d'une éventuelle activité. Elle est accordée aux personnes souffrant d'un taux d'incapacité supérieur à 80 %. Entre 50 et 80 % de taux d'incapacité, la personne doit être victime "d'une restriction substantielle d'accès à l'emploi" du fait de son handicap. La demande d'allocation doit être formulée auprès de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). L’allocation est versée par la Caf. L’augmentation de l’AAH est donc de 0,81 centimes par mois.

L'IVG remboursée à 100 %

Depuis 2013, seul l'acte lui-même était pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Depuis le 1er avril 2016, l'Assurance maladie prend en charge à 100 % l'ensemble des actes autour de l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Les examens de biologie, les échographies ou la consultation de recueil de consentement feront ainsi partie des prestations remboursées.

Des "augmentations" critiquées

Le 29 mars, l’association des paralysés de France (APF) est montée au front pour dénoncer la trop faible revalorisation des minima sociaux. "Pauvre tu es ? Pauvre tu resteras !", a ironisé l’APF. "80 centimes par mois, c’est l’augmentation maximale accordée par le gouvernement en 2016 aux bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé (AAH), qui s’appliquera à compter du 1er avril", dénonce l’APF qui juge que ce "niveau de revalorisation de 0,1 % [est] inacceptable (…) au regard des conditions de vie précaires d’un million de personnes en situation de handicap et plus largement de plus de six millions de personnes qui relèvent des minima sociaux". Cette revalorisation ridicule concerne également un million de bénéficiaires de pensions d’invalidité. "Pauvre tu es ? Pauvre tu resteras !" : C’est le message adressé par le gouvernement à un million de personnes qui vivent avec 800 euros par mois voire moins, quand le seuil de pauvreté est, lui, de 1000 euros", dénonce l’APF. "Certes, pour les personnes en situation de handicap, cette "revalorisation" intervient plus tôt dans l'année — en avril au lieu de septembre — mais ce pourcentage de revalorisation de 0,1 % des minima sociaux calé sur une inflation quasi nulle est ridicule. Gel déguisé, il ignore la baisse de pouvoir d'achat et les charges excessives supportées par les personnes en situation de handicap", critique l’association.
Début avril, le député PS Christophe Sirugue doit remettre au Premier ministre un rapport de mission sur les minima sociaux (dont le RSA et l'AAH). L’APF espère que le document et ses conclusions seront l’occasion "face à la situation dramatique de millions de personnes vivant avec ces minima sociaux de revoir ce régime et de mettre en place les solutions pour sortir réellement les personnes de la pauvreté". "Les personnes qui vivent des situations de pauvreté méritent mieux que l’aumône. La mise en place d’un revenu d’existence personnel décent demandé par l’APF depuis des années devrait être une piste à suivre par nos gouvernants", conclut l’APF.