"Pénalisation du racolage public : 10 ans de trop !"

Publié par jfl-seronet le 13.03.2013
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Initiativeracolagepénalisationtravail du sexe

Le 18 mars 2003, la loi pour la sécurité intérieure était adoptée. Elle comportait l’article 50 qui faisait du racolage public un délit. Une mesure adoptée au prétexte de rétablir l'ordre public et de lutter plus efficacement contre la traite des êtres humains, en particulier les femmes migrantes. Une manifestation est organisée à Paris samedi 16 mars dont le slogan est : "Pénalisation du racolage public : 10 ans de trop !"

Quelles ont été les conséquences de cette mesure depuis son adoption ?

"Les effets catastrophiques et contre-productifs de cette mesure ont été annoncés en amont, puis constatés et constamment dénoncés depuis sa mise en œuvre. Loin de garantir la lutte contre le travail forcé, la servitude, l'esclavage et la traite à ces fins et, au fond, de protéger les personnes, ces dernières doivent faire face à un arbitraire policier qu'elles subissent quotidiennement", indiquent plusieurs associations qui organisent la manifestation du 16 mars.

"Les travailleurs et travailleuses du sexe et prostituées et prostitués ont été acculés à la clandestinité, s’éloignant ainsi des structures de prévention, de soins, de dépistage et d'accès au droit. Repoussées dans des zones de non-droit, elles se trouvent particulièrement exposées aux contaminations au VIH/sida et autres infections sexuellement transmissibles ainsi qu'aux abus et violences, expliquent les associations signataires. Déchues de leurs droits fondamentaux, les travailleuses et travailleurs du sexe et prostituées et prostitués précarisés et pénalisés, ont vu leurs conditions de travail et de vie se dégrader de façon dramatique".

Hollande avait promis

Dans un communiqué de presse qui appelle à la manifestation du 16 mars, les associations pointent les promesses de l’actuelle majorité. "Le candidat François Hollande avait promis l’abrogation du délit de racolage public. Mais le respect de cette promesse est cependant sans cesse repoussé alors que se profile un engagement vers une pénalisation des clients et clientes qui est présenté comme un moyen de protéger les travailleurs et travailleuses du sexe et les prostitué-e-s en inversant la charge pénale. Cette mesure aura exactement les mêmes conséquences que la pénalisation du racolage public. C'est pourquoi plus de vingt organisations dénoncent ce projet depuis bientôt deux ans. La prise en compte de l’expertise des travailleurs et travailleuses du sexe et les prostitué-e-s, de leurs allié-e-s et des recommandations des autorités indépendantes [Le Conseil national du sida, le PNUD, la Commission nationale consultative des droits de l'homme, etc.) est fondamentale. Combien d’agressions, de contaminations, d'arrestations et de détentions arbitraires, d’expulsions, de morts seront encore nécessaires avant que les voix des travailleurs et travailleuses du sexe et prostitué-e-s et de leurs alliés soient entendues ? Et quand, enfin, les enjeux de santé publique seront considérés et les droits fondamentaux des personnes respectés ?"

Les exigences des associations

- L’abrogation immédiate et sans condition du délit de racolage public ;
- L’abandon du projet de pénalisation des clients et clientes ;
- La fin de toute pénalisation et répression du travail sexuel ;
- Une lutte efficace contre tout abus ou violence, en particulier le travail forcé, la servitude, l’esclavage et la traite à ces fins.
- Ces revendications seront défendues lors d’une manifestation qui se tient samedi 16 mars 2013 à Paris. Le rendez-vous est fixé à 14h30, place Pigalle. Les premiers signataires de cet appel à la manifestation sont le Syndicat du Travail Sexuel (STRASS), l’association Acceptess–T, Act Up-Paris, AIDES, Les Amis du Bus des femmes, ANA (Avec Nos Aînées), Cabiria, Etudions Gayment, Médecins du Monde, Solidarité Sida.