Personnes migrantes et hépatites : tout un "Parcours" !

Publié par jfl-seronet le 17.11.2012
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Le Réseau des Associations Africaines et Caribéennes (RAAC-Sida) s’est réuni en séminaire début novembre à Toulouse. A cette occasion, ce collectif avait décidé de travailler plus spécifiquement sur la lutte contre l’hépatite B.
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"Le virus de l’hépatite B concernerait 450 000 personnes en France, mais les relevés précis manquent sur cette épidémie silencieuse. Une chose est sûre : il frappe d’abord les personnes migrantes, huit fois plus touchées que la population générale, indique un communiqué de presse de AIDES, membre du RAAC-Sida. C’est plus que le VIH qui concerne une personne migrante sur trois. Examiner les facteurs de risque de l’hépatite B et les défaillances dans la prise en charge médicale des migrants est précisément la préoccupation principale de l’enquête "Parcours" mené par l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites dont une restitution anticipée a été faite lors du séminaire du RAAC. "Il y a des facteurs que nous ne connaissons que trop bien : le succès d'une prise en charge médicale dépend d’un cadre de vie digne. Or beaucoup de personnes migrantes n’ont ni titre de séjour, ni de quoi subvenir à leurs besoins. Pourquoi le dépistage de l’hépatite B serait-il la priorité d’une personne qui passe ses nuits aux portes des préfectures pour obtenir ou renouveler ses papiers ?", déplore Joseph Situ, chargé de mission Migrants à AIDES et coordinateur du RAAC-Sida.


En plus des discriminations et des freins à l’accès aux droits, l’enquête "Parcours" met en lumière d’autres raisons plus enfouies : chez les personnes migrantes, l’hépatite B génère des peurs et des préjugés comparables au VIH. En conséquence, la majorité des personnes qui sont atteintes cachent leur infection à leurs proches. Une dimension souvent ignorée par les médecins qui prennent le réflexe de rédiger des ordonnances aux membres de la famille… "En résumé, le corps médical semble mal outillé face à des personnes dont il peine à saisir les craintes et l’environnement social", indique AIDES. Circonstance aggravante : le virus de l’hépatite B est mal connu tant au niveau de ses modes de transmission que de sa chronicité. Par exemple, il peut avancer masqué pendant des années et se réveiller brutalement, avec pour conséquence une prise en charge médicale tardive.


Les personnes migrantes vivant avec cette hépatite sont souvent perdues de vue après le diagnostic et retrouvent le chemin des soins lors d’un examen de routine… ou quand la cirrhose se déclare. Cela se vérifie d’autant plus chez les personnes dépistées entre 1975-1990, période durant laquelle aucun traitement n’existait. Dans ces conditions, comment inciter au dépistage ? Améliorer le soutien aux personnes malades ou la prise en charge médicale des hépatites ?