Piqueries supervisées : Point de repères à la charge

Publié par olivier-seronet le 09.12.2009
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piquerie
Il en faut parfois de la détermination lorsqu'on souhaite que ses revendications avancent. C'est le cas de Point de repères, un organisme québécois d'aide aux personnes usagères de drogues qui est récemment revenu à la charge avec son projet de piquerie supervisée. Mais le ministre de la Santé du Québec n'est pas encore prêt à donner son feu vert. Explications.
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Le 1er décembre dernier, le directeur de Point de repères a, de nouveau, interpellé le ministre de la Santé du Québec pour savoir qu'elle était la position de ce dernier concernant les piqueries supervisées (il s'agit de salles de shoot encadrées par des professionnels de l'accompagnement des personnes usagères de drogues). Le ministre a indiqué que le gouvernement attendait notamment de consulter un avis de l'Institut national de santé publique du Québec sur les centres d'injection supervisés avant de prendre position. Ce rapport est aujourd'hui disponible. Dans son rapport, l'Institut national de la Santé publique se montre favorable à ce que "Québec permette aux toxicomanes de se piquer dans des sites supervisés", indique Radio Canada (6 décembre). Selon le rapport de l'Institut, ces sites sont sans doute la solution au problème de propagation du VIH et de l'hépatite C chez les consommateurs de produits par injecion. Récemment Points de repère rappelait qu'il y aurait "environ 3 000 utilisateurs de drogues intraveineuses à Québec. De 10 à 12 % d'entre eux auraient le VIH et environ 70 % seraient infectés par l'hépatite C."

De nombreux organismes communautaires et de services sociaux, qui aident les personnes usagères de drogues, demandent depuis longtemps l'ouverture de sites d'injections supervisés. Le ministre de la Santé Yves Bolduc est plutôt réfractaire au projet. Comme le rappelle La Presse : "L'an dernier, le ministre [de la Santé] s'était opposé à l'implantation de centres d'injection supervisés pour les utilisateurs de drogues intraveineuses, estimant que les Québécois n'étaient pas prêts à accueillir de tels centres." Une position contestée par les associations qui avancent l'efficacité de telles structures pour limiter les risques de transmission. "Les sites d'injections supervisés font consensus dans les milieux médicaux et communautaires depuis quelques années", rappelle d'ailleurs Radio Canada. Pour le moment, le ministère de la Santé mise principalement sur une approche classique avec des campagnes de publicité et de sensibilisation centrées sur la prévention du VIH, la lutte contre la toxicomanie et le soutien à des organismes comme Point de repères (à Québec) et Cactus (à Montréal) qui fournissent des seringues propres aux personnes toxicomanes. "On entend qu'il y a de l'opposition, mais quand on parle, nous, aux commerçants du quartier, aux gens qui ont des restaurants et qui sont pognés [confrontés] avec des problématiques de scène d'injection dans leurs toilettes parce qu'on n'a pas d'autres options, aux résidants aussi qui voient les gens s'injecter dans la rue, tous ces gens sont super positif", explique le directeur de Points de repère. Faute d'une décision politique claire, l'association ne "peut pas permettre aux toxicomanes de se piquer dans ses locaux sous la supervision de ses intervenants, qui doivent se rendre dans les piqueries illégales pour réduire les risques de transmission du VIH et de surdose." A suivre.

Dessin : Kollr Tawiz