Precious Moments

Publié par Emy-seronet le 19.03.2010
722 lectures
Notez l'article : 
0
 
Clareece Precious Jones a seize ans. Elle est pauvre, obèse, illettrée. Maltraitée par une mère dépressive, abusée et enceinte d'un père qu’elle connaît peu, Precious obéit et doit subir. Precious avance même si, parfois, "elle voudrait ça… être morte !"
precious.jpg

Pour tenir, Precious se rêve en diva. Star de la chanson, vedette adulée par un public déchaîné… Des flashs étourdissants. De courts instants pendant lesquels elle est aimée. De toute façon, bientôt, les choses vont changer. A l’école alternative, mademoiselle Rains l’attend. Aux aides sociales, on dirait que mademoiselle Weiss veut l’aider. Mais la fin d’un combat, c’est parfois le début d’un autre. Abdul va naître ; il faudra faire un choix. Et il y a ce foulard rouge qui vole au vent, comme pour annoncer quelque chose. Une chose inévitable que Precious apprendra la tête haute, avec courage, simplement parce que c’est comme ça.

Inspiré du roman Push, écrit par l’auteure afro-américaine Sapphire, en 1994, le film Precious est un véritable triomphe. Deux Oscars, trois Awards au festival de Sundance en 2009 dont le prestigieux Grand Prix du Jury, le Grand prix Toronto 2009… une avalanche de récompenses. Même chose dans la presse : Gabourey Sidibe, l’actrice qui incarne Precious, est LA révélation féminine. Mariah Carey et Lenny Kravitz au casting oui, mais discrets, communs. Méconnaissables dans l’habit d’une assistante sociale et d’un garde-malade dévoués, leurs figures célèbres s’effacent pour laisser apparaître deux de ceux qui accompagneront Precious vers sa nouvelle vie. Quant au VIH, sujet rare et timide dans les salles sombres, il est abordé sans effusions. Aux scènes de douleur impudiques, Lee Daniels a préféré le symbolique. Pas d’exhibition grossière, pas de mots inutiles. Un foulard rouge au poignet de Precious, une annonce sobre de sa séropositivité, un bref passage à l’hôpital suffisent à rendre compte de ce drame qui se veut ordinaire. Avec ce film, Lee Daniels voulait délivrer un message, il voulait "changer le regard des gens". "Et pas que sur les Noirs, mais sur tous ceux que les médias jugent disgracieux", sur tous ceux qui ne sont pas regardés "comme des personnes". L’histoire, ancrée dans le Harlem des années 80 dès les premières images, pourrait se passer aujourd’hui. Et, comme le précisait Gabby, interviewée le 7 mars sur Canal +, Precious pourrait être n’importe qui. Dédié « à toutes les Precious de ce monde », le film s’autorise d’ailleurs quelques allusions à la communauté gay ; des homos que la mère de Precious méprise mais qui sauveront notre héroïne en faisant d’elle « la reine de la lecture ». L'avez-vous vu ?

Precious, réalisé par Lee Daniels. En salle depuis le 3 mars 2009.