Premier jour sous la neige

Publié par olivier-seronet le 09.02.2009
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CROI 2009
Comme prévu, la neige est bien à Montréal, le froid aussi. La 16e CROI (Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections) a commencé dimanche 8 février en fin de journée. Comme à son habitude cette conférence américaine couvrira les dernières avancées scientifiques en matière de traitement et de prévention. Ce seront environ quatre mille participants d’une centaine de pays qui arpenteront les couloirs du très vilain centre de congrès de Montréal.
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Pour calmer les grognements de chacun, le président de la conférence a annoncé en cérémonie d’ouverture que nous nous retrouverons en février 2010 sous des latitudes plus agréables : San Francisco !

Les grands sujets de la CROI 2009
La prévention pourrait être à l’honneur de cette conférence. De nouveaux résultats seront présentés sur les nouvelles stratégies de prévention. Nous savons tous ce que c’est un Iphone, un Ipod, un Imac, et bien nous saurons dans les jours qui viennent ce que c’est la IPreP, un I pour Intermittent et le PreP pour prophylaxie pré exposition (ça veut dire prendre des médicaments anti-VIH lorsque l’on est séronégatif pour se protéger de l’infection à VIH). Les résultats sur des gels à base d'anti-VIH seront présentés. Mais attention, la plupart de ces études ont été menées chez le singe. Nous sommes encore loin d’une utilisation généralisée de ces produits. Bien d’autres sujets seront abordés bien entendu. On retiendra certainement les vaccins, la prévention de la transmission de la mère à l’enfant dans les pays du Sud.

Pandémie de VIH/sida au Sud
En prélude à la cérémonie d’ouverture, quatre présentations ont mis en avant quatre sujets d’actualité concernant la pandémie de VIH/sida dans les pays en développement. Pour l’accès au traitement, des progrès considérables ont été enregistrés mais on reste loin du compte avec seulement 3 adultes sur 10 (pour les enfants le ratio tombe à 1 sur 10) qui ont accès au traitement. Le principal enjeu reste le soutien financier des pays riches à la résolution de la crise. Celui-ci stagne voir régresse alors qu’il devrait être doublé, triplé, quadruplé pour permettre la résolution de la crise sanitaire au Sud. Un deuxième exposé a fait le point sur la pandémie de VIH/sida parmi les minorités sexuelles au Sud ; la situation est alarmante. Un troisième exposé a tenté de commenter les publications récentes qui modélisaient de potentielles politiques publiques de lutte contre le VIH/sida. En effet, un article du journal Lancet soumettait l’hypothèse que si un pays décidait de dépister tout le monde une fois par an, de mettre sous traitement toutes les personnes séropositives (tout cela sur la base du volontariat bien sûr) cela aurait un impact majeur sur les nouvelles infections (pour la simple et bonne raison qu’une personne infectée en traitement efficace transmettrait moins le virus). La présentation a pris le temps de démontrer que les hypothèses du modèle étaient fragiles et qu’il serait déraisonnable de suivre à la lettre celui-ci… Enfin une quatrième intervenante discutait de l’impact de programmes de lutte contre le VIH/sida sur les systèmes de santé dans les pays du Sud.

Où se cache le VIH ?
Un traitement efficace et bien pris permet de contrôler la réplication virale (production de virus). Robert Siliciano de l’université de John Hopkins aux Etats-Unis a présenté les récents résultats de son laboratoire. Les travaux menés semblent démontrer que la trithérapie neutralise bien la réplication virale des cellules immunitaires actives. Actuellement les tests permettent de dire qu'une charge virale est indétectable quand le nombre de copies est inférieur à 50/ml. Par contre, lorsque l’on utilise des tests hyper sensibles pour mesurer la quantité de virus dans le sang, on remarque que la plupart des personnes en traitement efficace maintiennent une charge virale comprise entre 1 et 10 copies/ml de sang. Les chercheurs ont mis en évidence que ces virus provenaient des cellules mémoires du système immunitaire (réservoir qui empêche l’éradication du VIH) et que les virus produits, dès qu'ils sortent du réservoir, étaient ensuite détruits du fait des médicaments anti-VIH présents dans le sang. Cette découverte permet d’expliquer les très bons résultats des trithérapies. Un traitement efficace pris régulièrement permet de stopper la production de virus des cellules immunitaires actives et de détruire la petite quantité de virus produite tous les jours par les cellules mémoires.

Commentaires

Portrait de micheltlse

Si moi y en avoir comprendre, il y aurait donc avec les traitements actuels efficaces un réservoir de virus non éradicable dans des cellules mémoires mesurable de 1 à 10 copies et qu'à partir de 50, on a du virus qui sortirait de ce réservoir et que les traitements permettent de détruire ? Entre 10 et 50, je suppose que ce serait donc le champ de bataille entre le virus qui s'échappe et les médocs... Mais où se trouve exactement ce réservoir mémoire et le virus qui s'y trouve est-il transmissible ?
Portrait de micheltlse

Pas facile de synthétiser, je sais, mais je pense à eux, à un tout petit pays d'Amérique Latine si cher à mon coeur et qui est dans la tourmente, au Sénégal... et à bien d'autres.
Portrait de micheltlse

Quid, sur place, de l'étude française présentée à Montreal et déjà relayée sur le JT de France 2 ?
Portrait de Traitdunion

il auras un "générique" pour "reviser" "la mémoire".
Portrait de zzbar

L'équipe de Siliciano tente de comprendre pourquoi on détecte encore un peu de virus chez les séropos en traitement depuis longtemps lorsque que l'on utilise des tests de charge virale ultra sensible. Deux hypothèses pour expliquer cette production à bas bruit de virus 1) les traitements ne sont pas assez efficaces à contenir complètement la production de virus 2) ces virus proviennent d'un réservoir. L'équipe a donc intensifier les traitements des volontaires qui participaient à cette étude et cela n'a rien changé.