PrEP : une enquête européenne

Publié par jfl-seronet le 23.12.2016
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SexualitéPrEP

La PrEP (prophylaxie pré-exposition) est une stratégie efficace de prévention du VIH. De nombreuses études, dont ANRS-Ipergay et Proud ont démontré l’efficacité préventive du Truvada, médicament anti-VIH, pour éviter l'infection par le virus. A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre, AIDES et Coalition PLUS ont rendu publiques les premiers résultats de l’enquête Flash PrEP en Europe qui porte sur le niveau de connaissances et d'intérêt des publics européens pour la PrEP. Explications.

La PrEP constitue une protection individuelle tout en contribuant à diminuer la dynamique de l’épidémie à VIH. Elle est autorisée et disponible aux Etats-Unis depuis 2012 et en France depuis 2016 où elle est remboursée par la Sécurité sociale. Problème. La PrEP peine à être intégrée dans les politiques de santé publique en Europe. Seule la Norvège a suivi l’exemple de la France, et ce, en dépit des recommandations internationales (comme celles de l’Organisation mondiale de la santé) et de l’autorisation de l’Agence Européenne du Médicament en août 2016.

Un "accès à la PrEP pour toutes les populations vulnérables au VIH"

A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre, AIDES et Coalition PLUS ont rendu publiques les premiers résultats de l’enquête Flash PrEP en Europe. Cette grande enquête européenne porte sur le niveau de connaissances et d'intérêt des publics européens pour la PrEP, ainsi que sur son utilisation informelle (c’est-à-dire hors cadre de prescription). Réalisée de juin à juillet 2016 en partenariat avec l’Université d’Amsterdam et un ensemble d’associations européennes de lutte contre le VIH, cette enquête a été lancée dans douze pays. 16 000 personnes y ont participé, de l’Irlande à la Roumanie, en passant par le Danemark, le Portugal ou la Grèce. "Les résultats confortent nos revendications en faveur d’un accès à la PrEP pour toutes les populations vulnérables au VIH, dans l’ensemble des pays européens. Nous avons plus que jamais besoin d’un accès équitable à ce nouvel outil pour inverser la dynamique de l’épidémie en Europe", explique Aurélien Beaucamp, président de AIDES, dans un communiqué (1er décembre).

La PrEP comprise et attendue par les personnes

Ces premiers résultats montrent à la fois une large compréhension de ce qu’est la PrEP, et une très forte attente des répondants-es concernant l’accès à ce nouvel outil de prévention. La PrEP répondrait, pour beaucoup, à leurs besoins de prévention, son accès devant être intégré dans une offre globale de dépistages, de suivi et d’accompagnement et prescrit par un médecin généraliste ou au sein d’un centre de santé. L’attente est telle que la PrEP est déjà utilisée hors cadre de prescription par un certain nombre de répondants-es. "Ce recours informel à la PrEP est problématique dans la mesure où le suivi médical nécessaire à son efficacité n’est pas assuré", explique Hakima Himmich, présidente de Coalition PLUS. "Si nous voulons avoir un réel impact sur l’épidémie, il nous faut au plus vite harmoniser les politiques européennes de lutte contre le VIH en y intégrant partout ce nouvel outil".

Diversifier l’offre de prévention existante

En France, la PrEP a permis de diversifier l’offre de prévention existante. Si ce nouvel outil répond à un réel besoin des populations les plus exposées au risque d’infection par le VIH, il reste encore peu connu et difficile d’accès pour certaines d’entre elles. Aujourd’hui en France, 120 consultations PrEP sont ouvertes et près de 2 300 personnes ont accès à ce nouvel outil. Ce sont essentiellement des hommes gays, bisexuels et des personnes trans. C’est un début encourageant, mais l’accès à la PrEP doit désormais s’ouvrir aux autres publics. Un travail d’information et de pédagogie doit être mis en place, notamment pour que les personnes migrantes d’origine africaine ou caribéenne, les femmes ou encore les travailleurs et travailleuses du sexe puissent s’approprier ce nouvel outil.

"Pour atteindre l’objectif d’en finir avec le VIH/sida d’ici 2030, il est indispensable d’élargir l’offre de prévention et de dépistage et de généraliser et de faciliter l’accès à la PrEP pour toutes les populations concernées, partout en Europe", concluent AIDES et Coalition PLUS.