Prévention : Transcriptases… renverse !

Publié par jfl-seronet le 22.03.2012
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transcriptasesprévention combinée
Une fois n’est pas coutume, le nouveau numéro de "Transcriptases", le 147, ne sera pas édité en version papier… Il sera uniquement disponible gratuitement sur Internet… Dommage car ce numéro devrait faire figure de collector. Le professeur Gilles Pialoux, son rédacteur en chef, ne s’y trompe pas… Il l’écrit dans son édito. Il n’a pas tort car ce numéro est une somme intelligente et intelligible sur les nouveaux outils de prévention.
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Somme, en effet, car ce numéro de 64 pages reprend "l’ensemble des débats qui ont eu lieu ces derniers mois autour de la prévention", comme le précise Gilles Pialoux. Et des débats, il y en a eu à propos du paysage scientifique, médical et social, bousculé, des nouveaux outils de prévention. La plus importante nouvelle est sans conteste les résultats de HPTN 052 qui fixent à 96% l’efficacité du TasP (treatment as prevention). Il faut, sur ce sujet, lire l’article passionnant de Gilles Pialoux (Hôpital Tenon, Paris) et Renaud Persiaux (chargé de mission soutien aux soins à AIDES, journaliste pour Seronet et Pistes) qui reviennent sur la signification de ces résultats pour les personnes. Axé sur les nouveaux outils de prévention, ce numéro de "Transcriptases" aborde certes les dernières données épidémiologiques et leurs projections d’avenir, mais fait surtout la part belle, à ce qui est nouveau justement. Par exemple, à la prophylaxie pré exposition (Prep). La Prep, cet outil de prévention combinée qui reste à valider (c’est l’objet de l’essai ANRS Ipergay) et dont l’intérêt pourrait être réel pour réduire l’incidence du VIH chez les gays et les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Le numéro aborde aussi la question de la circoncision (interview de Bertrand Auvert, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines), les questions qui se posent sur le "niveau d’efficacité du TasP à espérer chez les gays, avec des résultats récents de charge virale au niveau rectal (article de Renaud Persiaux). Sans tout détailler (le sommaire est riche), il est particulièrement intéressant de lire l’article de Virginie Supervie sur l’application à grande échelle de la notion de charge virale communautaire. Cette réflexion est d’autant plus nécessaire que "le concept de charge virale communautaire (CVC) a été récemment proposé comme marqueur de l'évolution de l'épidémie". Il s’agit, comme l’explique Virginie Supervie, chercheur à l’Inserm, d'utiliser "les mesures de charge virale des personnes séropositives d'une même communauté pour quantifier la quantité de virus circulant, et disposer d'un marqueur du risque de transmission au niveau de la communauté". Le concept est séduisant, note Virginie Supervie, mais sa "pertinence dépend de la définition retenue et du mode de calcul". C’est tout l’objet de sa démonstration. Signalons pour finir (sans être trop corporate, puisque c’est AIDES qui a réalisé cette enquête) l’article sur l’avis suisse (connu sous le nom des recommandations suisses popularisées par Bernard Hirschel). L’enquête avait, entre autres, pour objet de voir, trois ans après sa publication, qui connaissait l’avis suisse, comment les personnes séropositives en avaient entendu parler et ce qu’il avait changé dans leur vie (article de Daniela Rojas-Castro, coordinatrice de recherche communautaire à Aides). Cette enquête est la première à apporter de telles informations. Le numéro comprend aussi un article sur un "succès "surprenant" de la prévention comportementale au Zimbabwe". Arnaud Fontanet (Institut Pasteur) y revient sur un article de la revue "Plos Medecine" qui traite du déclin de l’épidémie de VIH dans ce pays et des raisons qui l’expliquent. Signalons un dernier article, celui du professeur Serge Ebolié (CHU de Treichville à Abidjan) qui recense les "sept défis" qui se posent à la "prise en charge du VIH dans les pays à ressources limitées".


Intelligent, ouvert, pro et accessible, ce numéro de "Transcriptases" ne clôt évidemment pas le débat sur les nouveaux outils de prévention, mais il se montre assez renversant quant aux enjeux à la fois individuels et collectifs qu’ils sous-tendent. Gilles Pialoux n’avait pas tort… ce numéro pourrait bien être un collector.
Il est possible de télécharger ce numéro (comme les précédents) sur vih.org