Quelles sont les principales recommandations des experts français du VIH pour la grippe A ?

Publié par Franck-seronet le 19.09.2009
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grippe A (H1N1)
Le groupe d’experts français du VIH a donné en septembre ses recommandations sur la grippe A. Elles sont destinées aux professionnels de santé. Seronet vous en propose une synthèse.
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Tout d’abord qui consulter en cas de symptômes de grippe ? La personne « recours » est dans ce cas le médecin traitant ou généraliste de ville. Néanmoins lors des consultations habituelles, votre spécialiste VIH (ou infectiologue) pourra évoquer avec vous la question de la grippe. Ceci est souhaitable étant donné que certains recours  demandent de la rapidité et de la réactivité (notamment en cas de symptômes de grippe pour accéder aux antiviraux).

La vaccination contre le virus de la grippe A(H1N1)v

Elle est recommandée pour les personnes séropositives et d’autant plus chez les personnes présentant une plus grande vulnérabilité : absence de traitement antirétroviral, T4 (CD4) <500/mm3, pathologies associées, comme la co-infection par une hépatite virale, la consommation de tabac, des conditions de vie difficiles (précarité ou emprisonnement par exemple), et chez les enfants de moins de 5 ans.

La vérification de votre état vaccinal et la mise à jour de la vaccination anti-pneumococcique, si nécessaire

La vaccination par PNEUMO23 sert à se protéger contre les problèmes pulmonaires causés par une bactérie opportuniste. C’est une des principales causes de surinfection et de complication possible avec la grippe, à partir de l’expérience que l’on a avec les grippes saisonnières « classiques ». Dans certains endroits, des ruptures d’approvisionnement ou délais d’attente ont été signalés. Le plan du ministère de la santé doit prévoir d’assurer la disponibilité de ce vaccin.

La vaccination contre la grippe saisonnière dès la disponibilité du vaccin
(Mise à jour de cet article le 21 septembre ) La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière "classique" débute le 25 septembre. Cette vaccination n'apporte pas de protection contre le virus A (H1N1), et inversement.  Elle est gratuite et conseillée pour les personnes séropositives. Chaque personne devrait recevoir durant le mois de septembre un formulaire en deux volets. Le premier volet concerne la prise en charge du vaccin et doit être rempli par le médecin pour la prescription et le pharmacien pour la délivrance du vaccin. Le second volet concerne la prescription pour l'injection du vaccin. Il permet au médecin, s'il le souhaite, de prescrire l'injection par un(e) infirmier(ère). Pour les personnes ne recevant pas le formulaire, une prescription spécifique peut être établie par le médecin et adressée au médecin conseil de la caisse d'assurance maladie afin de donner lieu à une prise en charge à 100 % du vaccin. Un délai de trois semaines est conseillé entre la vaccination contre la grippe saisonnière "classique" et la vaccination contre la nouvelle grippe A (H1N1), lorsque cette dernière sera disponible.

Prévention par les médicaments

La prescription précoce (dans les 48 heures)  de Tamiflu ou Relenza est recommandée chez les personnes les plus vulnérables  et chez les enfants, lorsqu’il y a eu un contact étroit avec des personnes présentant une certitude ou une possibilité de grippe A.

Traitement d’une grippe

La prescription précoce (dans les 48 heures) de Tamiflu ou Relenza devrait être faite chez les personnes les plus vulnérables et chez les enfants, qui présentent des symptômes de grippe A. Il est impératif pour le médecin de s’assurer, au plus tôt, de l’absence de complication, en particulier de pneumonie bactérienne secondaire, justifiant une prise en charge à l’hôpital. Le traitement par Tamiflu ou Relenza fait, plus largement l’objet, de critères d’utilisation dans la population générale. Ici, il s’agit d’insister sur l’utilisation plus systématique de ces traitements chez les plus fragiles.


Le groupe d’expert demande qu’une évaluation de l’efficacité et de la tolérance du vaccin contre le virus de la grippe A/H1N1 soit faite. L’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) lance deux projets spécifiques :

- Un essai vaccinal : plusieurs formulations vaccinales (principalement des laboratoires GSK, Novartis, Sanofi), renforcées par adjuvant (qui agit comme « renforceur ») ou non, sont en cours d’évaluation  générale. Par contre, il est indispensable d’évaluer l’efficacité, la tolérance et la réponse immunitaire à ces vaccins dans certaines populations comme les personnes séropositives. En octobre des essais vaccinaux seront initiés chez 200 personnes séropositives au VIH, avec adjuvant, en fonction du nombre deT4 (CD4).

- Un observatoire des cas d’infection et de suivi des personnes séropositives contractant la grippe A(H1N1)v à partir d’une file active de 45 000 personnes.
L'idée est de pouvoir détecter tout signal sur l'efficacité, la tolérance, des évènements indésirables ou toute spécificité des personnes séropositives vis-à-vis de la grippe A, des vaccinations ou des traitements mis en place.
Ces recommandations proviennent de l’avis des experts français du VIH sur la grippe A (« Rapport Yeni ») : protection, vaccins et traitements.

Iconographie : S.Blot