"Quels rôles pour les mutuelles aujourd'hui ?"

Publié par jfl-seronet le 14.02.2011
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mutuelles
Pas certain que le sujet fasse vibrer les foules… et pourtant l’enjeu n’est pas mince et concerne chacun d’entre nous. Fin décembre 2010, Elie Arié (médecin cardiologue) publie sur le site de Marianne une tribune où il s’interroge sur la fonction des mutuelles. "Quels rôles pour les mutuelles aujourd'hui ?", s’interroge celui qui est aussi secrétaire national à la Santé du mouvement républicain et citoyen et enseignant au Conservatoire national des arts et métiers.
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Dans cette tribune, Elie Arié explique que les mutuelles avaient pour vocation à l’origine de "financer l'accès aux soins (…) grâce au principe de la mutualisation du risque (les bien-portants payent pour les malades), qui est à la base de toute assurance, mais sans but lucratif". Avec "la généralisation progressive de l’assurance maladie à tous les Français (qui n’a été achevée qu’en 2000), leur rôle a changé", elles sont devenues le supplétif de la Sécurité sociale. A elles de rembourser ce que la Sécurité sociale ne prend plus en charge (et chaque année, c’est pire). Le problème, selon Elie Arié, c’est que la logique est différente. "La Sécurité Sociale réalise une redistribution des revenus (suivant le même principe que l’impôt) : chacun paye en fonction de ses revenus pour des soins théoriquement identiques", rappelle t-il, mais ce n’est pas seulement "les bien-portants qui payent pour les malades, mais aussi les riches qui payent pour les pauvres". Or, il en va différemment des mutuelles. A de rares exceptions près, celles-ci "restent dans la seule logique des bien-portants qui payent pour les malades : les cotisations sont identiques pour chaque adhérent, sans prendre en compte son revenu, ni le nombre de personnes couvertes par une seule cotisation", ce qu’on appelle les ayant-droits. Initialement, les mutuelles étaient à but non lucratif, ce qui "devait théoriquement conduire à des cotisations moins élevées pour une couverture de risques identique". Or, on "s’aperçoit qu’en réalité, le montant des cotisations dépend du nombre d’adhérents (plus il est élevé, plus la cotisation exigée est faible) et de la qualité de la gestion". Pour Elie Arié, ces changements s’accompagnent d’une autre modification de fonds. Disons, sans trop détailler, que les mutuelles devaient jouer un rôle comme acteur de la protection sociale… après tout, près de 30 millions de Français ont une mutuelle… Elie Arié estime que les mutuelles ne jouent pas ou plus ce rôle. "Les Caisses d’assurance maladie de la Sécurité sociale occupent de plus en plus, aux dépens des complémentaires, les espaces de la gestion du risque et du reformatage de l’offre de soins", avance t-il. Alors comment voit-il l’avenir et quels rôles les mutuelles peuvent-elles jouer ? Première hypothèse, les logiques en place se poursuivent. Dans ce cas, "les mutuelles, comme les assureurs privés, se borneront à prendre en charge les soins que la Sécurité sociale déremboursera, en ajustant leurs tarifs en conséquence". Deuxième hypothèse, "les mutuelles pourraient s’engager sur des chantiers sociaux autres que le financement des soins (…) l’éducation à la santé, le logement des personnes âgées (…) etc., en développant des champs nouveaux de cohésion sociale qui seraient ensuite contractualisés avec l’Etat."