Qui est touché dans nos communautés africaines et caribéennes vivant en France ?

Publié par olivier-seronet le 22.12.2008
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C'est une évidence qu'il est mieux de connaître la réalité pour mieux l'affronter. C'est pourquoi nous vous proposons de faire le point, chiffres à l'appui, sur les communautés africaines et caribéennes vivant en France touchées par le VIH/sida et par les hépatites B et C.
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Depuis 2003, la déclaration obligatoire de séropositivité permet de recueillir en France des informations sur les nouveaux cas d’infection par le VIH(1). Le nombre de personnes vivant en France avec le VIH/sida (on parle aussi de prévalence) est estimé entre 113 000 et 140 000 à la fin 2007. Tous les ans, il y aurait environ 5 200 nouvelles infections et 1 700 décès(2). Il n’est pas possible actuellement d’estimer combien de ces personnes font partie des communautés africaines et caribéennes. Parmi les personnes qui sont infectées par le VIH/sida, 36 000 personnes ne le savent pas bien qu’en 2006 le nombre de nouveaux diagnostics d’infection recensés soit de 6 300.

Les communautés africaines plus touchées que les autres
En 2006, le taux de nouveaux diagnostics rapportés aux nombres de personnes de ces communautés vivant en France diffère beaucoup d'une communauté à une autre. Avec un taux de 386 cas de contamination pour 100 000 habitants, les personnes originaires d’Afrique subsaharienne (3) sont de loin les plus touchées. Parmi elles, les nouveaux diagnostics restent plus nombreux chez les femmes (509 pour 100 000 habitants) que chez les hommes (281 pour 100 000 habitants). Ces chiffres sont stables pour les hommes depuis 2003 et en légère diminution, entre 2003 et 2005, pour les femmes. A titre de comparaison, ces taux sont de 141 pour 100 000 habitants parmi les personnes originaires du continent américain (dont Haïti), entre 10 et 12 pour 100 000 habitant chez les personnes originaires du continent asiatique, d’Europe et du Maghreb et 5 pour 100 000 habitants (soit presque cent fois moins) parmi les personnes originaires de France.

Une épidémie qui touche plus les moins de 40 ans…
Les femmes africaines découvrent en moyenne leur séropositivité à un âge plus jeune que les hommes africains (32,1 ans pour les femmes contre 37,9 ans pour les hommes) et plus tôt que les femmes d’origine française (38,2 ans). Parmi ces femmes, une sur cinq a découvert sa séropositivité (en 2005) au moment d’une grossesse.

…mais aussi des enfants
Depuis 2003, 45 enfants de moins de 13 ans, nés en France, ont été découverts infectés par le VIH. Les deux tiers de ces enfants sont nés de mères appartenant aux communautés africaines ou caribéennes (communauté africaine pour 19 mères, communauté caribéenne pour 12 mères).


Une transmission essentiellement hétérosexuelle
Les modes de contamination rapportés sont des rapports sexuels hétérosexuels dans 81 % des situations, des rapports homosexuels pour 1,8 % des personnes et l’usage de drogues pour seulement 0,4 % des cas (Pour 17 % des déclarations, le mode de contamination reste inconnu). Ces contaminations peuvent s’être produites en Afrique (avant l’immigration ou lors d’un voyage), mais aussi en France. Les trois quarts de ces contaminations sont le fait d’un type de virus (dit non-B) très présent dans les communautés africaines (en France et en Afrique) et un quart par un virus (dit type B) très majoritaire en France.

Une découverte de l’infection moins précoce
De manière générale, dans les communautés africaines vivant en France, le recours au dépistage s’est développé, soit en faisant (ou refaisant) un test rapidement après l’arrivée en France, soit en pratiquant des tests régulièrement (et plus fréquemment que les hétérosexuels d’origine française). Cependant le recours à un test dans les six mois qui suivent une prise de risque, permettant ainsi un dépistage précoce, reste plus faible en 2006 (4) chez les personnes hétérosexuelles d’origine africaine (9 %) que chez les hétérosexuels d’origine française (28 %).

Une infection peut en cacher une autre ….
On peut penser que l’épidémie de VIH qui touche les communautés africaines et caribéennes vivant en France est en partie le reflet de l’épidémie dans les pays d’origine des personnes, souvent immigrées, qui composent ces communautés. Le même phénomène est constaté (5) pour l’infection par l’hépatite B (ou VHB) et par l’hépatite C (ou VHC). Parmi les personnes de 18 à 80 ans vivant en France métropolitaine, plus de 5 % des personnes originaires d’Afrique subsaharienne sont porteuses du VHB (présence de l’Ag HBs, il s'agit d'une antigène qui indique que l'infection est chronique) contre 0,5 % des personnes d’origine française. Pour l’hépatite C, le risque d’avoir été en contact avec le virus VHC est trois fois plus grand pour les personnes originaires d’Afrique subsaharienne. Ces chiffres donnent des bonnes raisons de se faire dépister pour ces deux hépatites qu’on soit ou non infecté par le VIH, et de se faire vacciner contre l’hépatite B.

(1) Lutte contre le VIH/sida et les IST en France. 10 ans de surveillance (1996-2005), Institut de veille sanitaire, mars 2007.
(2) Rapport d'experts (Yeni) 2008.
(3) Données InVS calculées à partir des chiffres population nationalités. Insee 2005.
(4) Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 27 novembre 2007.
(5) Prévalence des hépatites B et C en France en 2004, Institut de veille sanitaire.
Illustration : Yul Studio