Racolage passif : MDM dénonce la précarité

Publié par jfl-seronet le 08.04.2012
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La loi qui a introduit le délit de racolage passif en 2003 accentue la précarité des travailleuses du sexe, qui s'isolent d'avantage pour éviter d'être arrêtées, souligne Médecins du Monde dans le rapport préliminaire sur "les violences liées aux arrestations pour racolage" qu’il vient de publier (15 mars). Explications.
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"En amont de l'anniversaire de la loi pour la Sécurité intérieure [LSI] du 18 mars 2003, Médecins du Monde (MDM) reprend la parole sur la question de la prostitution dans le cadre de la campagne présidentielle 2012 (…) En réintroduisant le délit de racolage passif, la LSI a renforcé l’isolement des personnes se prostituant, les reléguant vers des lieux plus isolés, loin des structures de soins, où elles sont moins aptes à négocier des pratiques sexuelles protégées et plus exposées aux violences", note l’association.


Dans ce rapport rendu public (14 mars), qui s'appuie sur les témoignages de 56 femmes chinoises se prostituant à Paris, MDM souligne que "plusieurs femmes ont été confrontées à de mauvais traitements de la part des forces de police lorsqu'elles sont arrêtées et placées en garde à vue pour racolage". La plupart de ces femmes, qui fréquente le Lotus bus, une structure d'aide aux prostituées chinoises mise en place par MDM, décrivent "un état de stress psychologique et un sentiment de peur en raison du risque permanent d'être arrêté par la police", souligne le rapport. "Beaucoup disent avoir été arrêtées pour motif de racolage, certaines à plusieurs reprises, et parfois alors qu'elles ne sont pas en situation d'exercer la prostitution", a précisé à l'AFP Jean-François Corty, directeur des missions France à MDM. Selon lui, "les conditions de garde à vue sont souvent très difficiles", certaines prostituées se plaignant de devoir par exemple rester déshabillées pendant toute la garde à vue, de devoir dormir par terre, ou de ne pas être nourries. "On dénonce les effets contreproductifs du délit de racolage passif inscrit dans la loi pour la sécurité intérieure du 18 mars 2003", a insisté Jean-François Corty, déplorant "une pression plus importante sur les personnes qui se prostituent". Ces dernières adoptent des "stratégies de contournement" en se réfugiant dans "des endroits plus reculés", et en réduisant les temps de négociations avec les clients, au risque de se retrouver "en situation de fragilité" en acceptant des pratiques à risque, explique-t-il.


De même, "leur confiance moindre envers les forces de police" ne les incite pas à porter plainte en cas d'agression. Interrogée par l'AFP, la préfecture de police (PP) a répondu que "la lutte contre le racolage est une priorité tout comme celle contre le démantèlement des réseaux de proxénètes". La préfecture de police rappelle qu'elle "n'a pas été destinataire de ce rapport et qu'elle ne peut donc pas commenter les allégations qu'il contient mais la préfecture de police tient à rappeler que l'action des fonctionnaires se fait dans un cadre juridique et précis qui vise à faire respecter le droit des interpellés".