Réactions en chaîne

Publié par olivier-seronet le 09.09.2008
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On vous avait promis, cet été, une rentrée un peu chaude à propos du fichier Edvige lancé par le gouvernement Fillon. C'est au-delà des espérances puisque chacun y va de ses attaques contre un fichier policier qui a décidemment bien du mal à passer. Voici les dernières réactions qui précédent le lancement d'une nouvelle opération de protestation contre Edvige.
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Si la CGT s'est rapidement engagée contre Edvige (le syndicat est cosignataire d'un des recours devant le conseil d'Etat), son patron, Bernard Thibault, n'avait pas encore sorti l'artillerie lourde. C'est chose faite depuis hier. Le secrétaire général de la CGT a dénoncé  Edvige, symbole selon lui d'une "société de flicage", en soulignant qu'il "n'est pas acceptable dans un pays comme le nôtre que l'on veuille mettre en fiche l'ensemble de nos concitoyens dès l'âge de 13 ans en fonction de leur appartenance et de leur engagement sur le plan politique, syndical, religieux".

Du côté du PC, c'est au Sénat que l'on bouge. La présidente du groupe communiste au Sénat, Nicole Borvo Cohen-Seat, a demandé, le 8 septembre, l'organisation d'un débat parlementaire sur "les implications du fichier Edvige en matière de libertés publiques". "Etant donné le caractère attentatoire aux libertés publiques et au respect du principe de la vie privée, et les situations discriminatoires qu'un tel fichier ne manquera pas de créer", les sénateurs communistes "considèrent que la gravité de ce fichier justifie la tenue d'un débat parlementaire dès la reprise de la session parlementaire".

Auteur d'un des recours devant le conseil d'Etat contre le fichier Edvige, Corinne Lepage, présidente de Cap 21 et vice-présidente du MoDem, a demandé, le 8 septembre, l'organisation d'"un référendum d'initiative populaire" sur le décret instaurant le fichier Edvige, en application de la réforme de la Constitution votée le 21 juillet. Il faut que "l'extraordinaire mobilisation autour du fichier Edvige se transforme en acte officiel et légal de résistance", indique la responsable centriste.

A droite aussi, on commence à être "perturbé" par le fichier Edvige. C'est ainsi qu'Hervé Novelli, chef de file des Réformateurs (les libéraux de l'UMP) et surtout membre du gouvernement, a demandé une "clarification des objectifs du fichier Edvige". Une façon de se faire l'écho "des inquiétudes exprimées par certaines associations ou institutions, et notamment des réserves persistantes de la CNIL concernant le type et la durée des données collectées". Le Parti radical (associé à l'UMP et dirigé par le ministre Jean-Louis Borloo) a lui aussi demandé la création d'"une mission d'information parlementaire". Le parti souhaite que "des garanties supplémentaires soient apportées à l'utilisation du fichier Edvige".

Même Hervé Morin, le ministre de la Défense, y est allé de ses états d'âme. Le ministre a, en effet, souhaité "poser un certain nombre de questions" sur le contenu de ce fichier qui est d'ores et déjà entré en vigueur.

Face à ces critiques et ces interrogations, le gouvernement joue l'ironie, le mépris et parfois se fout ouvertement de la gueule du monde. C'est notamment le cas de Gérard Gachet, porte-parole du ministère de l'Intérieur, qui a essayé d'expliquer, le 8 septembre sur RTL qu'"il n'y aura ni fichage d'homosexuels, ni de séropositifs, ni de malades" dans le nouveau fichier policier Edvige.

"Il n'a jamais été question et il ne sera jamais question que ce soit dans le fichier des RG ou dans Edvige d'écrire sur une fiche que quelqu'un est homosexuel ou que quelqu'un est malade du sida ou souffre de telle ou telle maladie", a affirmé le porte-parole de Michèle Alliot-Marie. "En revanche, nous pouvons être amenés à écrire dans la notice biographique de quelqu'un qu'il est président d'une association de lutte contre l'homophobie ou président d'une association des victimes de l'amiante", a-t-il ajouté. "Le fait d'écrire cela sur une notice, la loi considère que cela crée un lien indirect avec l'orientation sexuelle supposée ou l'état de santé supposé de la personne en question. Cela fait partie des données sensibles (...) La loi oblige à mettre dans le décret (…) qu'Edvige recueillera peut-être des informations ayant un lien indirect avec l'orientation sexuelle" a-t-il déclaré. Si ça, ce n'est pas du fichage.

Crédit illustration : Adobemac