Recrudescence en 2016 des actes homophobes

Publié par Antoine Henry le 22.05.2017
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Initiativehomophobie

Les actes homophobes ont fortement augmenté en 2016, après deux années de baisse, affirme le rapport annuel de l'association SOS homophobie, sorti le 10 mai dernier. Explications.

Le rapport attribue cette recrudescence à la multiplication des propos discriminants durant la campagne électorale. "La haine envers les personnes lesbiennes, gays, bi et trans persiste, s'amplifie et s'ancre toujours aussi profondément dans notre société", constate SOS homophobie, qui a enregistré 1 575 témoignages de victimes en 2016, contre 1 318 en 2015, soit une augmentation de 19,5 %.

Après une forte hausse liée aux débats houleux sur le mariage pour tous, et un pic de 3 517 signalements en 2013, les actes homophobes étaient retombés en 2015 à leur niveau de 2009, celui d'une persistance de "l'homophobie ordinaire" selon l'association. Mais durant "la préparation de la présidentielle", notamment la primaire de la droite, "le discours conservateur, de haine, a été beaucoup repris dans les médias", ce qui a "stimulé" les propos discriminatoires, analyse Joël Deumier, le président de SOS homophobie. 
"Les arguments de la Manif pour tous ont été relayés par Sens commun", son émanation politique et l'un des principaux soutiens du candidat LR François Fillon, ce qui a "amplifié" leur diffusion dans "une partie de la droite", poursuit Joël Deumier. Internet, "cet espace d'expression qui échappe à la législation censée l'encadrer", a ensuite servi de "défouloir" pour les homophobes, pointe le rapport. 22,5 % des témoignages surviennent sur la toile, principal "contexte" de l'homophobie devant la famille (15 %) et les lieux publics (14 %).

Et les auteur-e-s du rapport d’expliquer : "Si Internet reste le lieu le plus propice au développement de la parole homophobe et transphobe (22,5 % des témoignages), le climat d’homophobie et de transphobie est palpable dans toute la société française. L’homophobie quotidienne, subie dans le contexte familial et dans l’entourage proche, dans les lieux publics, à l’école ou au travail, demeure très importante (42 % des témoignages)".

Alors que 2016 a constitué une année "historique" pour les personnes trans françaises, qui ont vu la procédure de changement d'état civil allègée par rapport à l’existant, les signalements d'actes transphobes ont presque doublé, passant à 121 contre 63 en 2015. "Le coup de projecteur sur la question a permis de délier les langues", observe Joël Deumier. Selon lui, "les personnes trans se perçoivent beaucoup plus comme des victimes" dans un contexte où leur "visibilité est plus forte" et elles ressentent les discriminations de manière "beaucoup plus choquante" et "intolérable". Le profil type de la victime est un homme (57 % des signalements) vivant hors d'Ile-de-France (64 %) et a entre 25 et 50 ans (63 %). 45 % des témoignages dénonçaient des insultes. Dans 13 % des cas, il y avait eu agression physique.

"Alors qu’au cours des dernières années, des progrès importants ont été accomplis en faveur des droits et libertés des personnes lesbiennes, gays, bies et trans et que ces progrès sont très largement approuvés par l’opinion publique, la banalisation des discours de rejet et de haine remettant en cause ces avancées donne toute sa force aux LGBTphobies. SOS homophobie en appelle à l’esprit de responsabilité de chacun-e pour combattre la haine anti-LGBT et construire une société ouverte et inclusive. Chaque mot, chaque acte qui tolère, légitime ou encourage l’homophobie et la transphobie rend celle ou celui qui les prononce, celle ou celui qui les commet, complice et coupable des violences que subissent les personnes lesbiennes, gays, bies et trans. Partout en France l’association reste pleinement mobilisée pour apporter son écoute et son soutien aux victimes d’actes LGBTphobes. Dans les écoles et sur les lieux de travail, elle poursuit sa mission de prévention du rejet et de la haine des lesbiennes, des gays, des bi-e-s et des trans. SOS homophobie sera particulièrement attentive à la mise en œuvre par celles et ceux qui nous gouvernent de mesures concrètes pour lutter contre les LGBTphobies, notamment celles contenues dans le cadre du récent plan de mobilisation contre la haine et les discriminations anti-LGBT de la Dilcrah. De nombreux combats restent à mener en faveur des droits et des libertés. Qu’il s’agisse, en particulier, du changement d’état civil libre et gratuit pour les personnes trans, de l’ouverture de la PMA à toutes et tous ou encore de la reconnaissance de la diversité des modèles familiaux", expliquent les auteurs du rapport.

Où trouver le Rapport annuel 2017 ?

Il est téléchargeable gratuitement. On peut également le commander en version papier (10 euros). Il est en vente au Centre LGBT Paris Ile-de-France (63 rue Beaubourg - 75003 Paris), au Centre LGBT de Nantes (3 rue Dugast Matifeux), à la librairie Les Mots à la Bouche (6 rue Sainte-Croix de la Bretonnerie - 75004 Paris), à la librairie Violette and Co (102 rue de Charonne - 75011 Paris) ou en le commandant dans votre librairie habituelle.