Renforcement des systèmes de gestion au sud

Publié par Vincent Leclercq le 03.05.2014
10 508 lectures
Notez l'article : 
0
 
Initiativesystème de gestionAfraVIH 2014

Montrer leur capacité à bien gérer les fonds qui leur sont confiés par les bailleurs internationaux ou leurs gouvernements, c’est le pari que doivent relever les associations de lutte contre le VIH/sida du Sud. La plateforme Elsa a élaboré un outil pour atteindre plus facilement cet objectif.

Une volonté d’exemplarité des associations du Sud

La lutte contre le sida dans les pays du Sud repose bien souvent sur un tissu associatif engagé dans la prise en charge, la prévention et le soutien des personnes concernées par le VIH. Et ces structures ont à cœur de démontrer leur capacité à bien gérer les fonds qui leur sont confiés par les bailleurs internationaux ou leurs gouvernements. Pour soutenir cette démarche, la plateforme Elsa (Ensemble Luttons contre le Sida en Afrique) constituée d’un ensemble d’associations internationales et de bailleurs de fonds (1) a élaboré un outil d’auto-diagnostic du système de gestion. Présenté lors de la conférence AFRAVIH, il se compose d’un ensemble de questions sur la gestion financière, de questions administratives ou encore relatives aux ressources humaines et à la gouvernance, qui permet d’identifier les principaux axes de progression en fonction des ambitions de l’association. Et ainsi envisager un plan de renforcement à mettre en œuvre.

Les difficultés rencontrées par les associations

Néanmoins la transparence et la bonne gestion ont un coût. Et cette volonté se heurte souvent aux difficultés criantes des associations à retenir du personnel qualifié en gestion ou encore à faire financer l’installation ou la maintenance du matériel nécessaires au suivi et à la justification des dépenses, comme un logiciel comptable ou la certification des comptes.

Sans compter les contextes particuliers qui entrent en contradiction avec certaines exigences des grands bailleurs de fonds. A l’image du "zero cash policy" du Fonds mondial de lutte contre le sida qui limite grandement l’utilisation des paiements en espèce dans des pays où c’est pourtant la norme de transaction ou encore sur la justification des petites dépenses d’achats alimentaires. Il est, en effet, bien difficile sur les marchés d’obtenir des tickets de caisse, des factures et pourtant la plupart des bailleurs exigent que chaque dépense soit justifiée par une pièce comptable. Conséquences ? Les achats sont faits auprès de fournisseurs beaucoup plus chers.

Plaidoyer

Face à ces difficultés, plusieurs associations du Nord et du Sud, sous l’impulsion de Coalition PLUS, Sidaction et PILS (association mauricienne), se sont engagées dans un projet de mutualisation des compétences et de renforcement des capacités en gestion financière des associations bénéficiaires de ressources du Fonds mondial. Financé par "l’initiative 5 %" de France Expertise Internationale (2), ce projet comprend un volet diagnostic de chacune des structures, des échanges Sud-Sud entre les associations pour que ce qui a marché à un endroit puisse être exporté à un autre et des missions d’appui technique pour aider à la structuration du système de gestion.

Ce projet entend aussi recueillir les difficultés rencontrées par les associations dans la mise en œuvre des subventions du Fonds mondial. Ce cahier de doléances pourra alors être porté aux instances dirigeantes du bailleur international avec des pistes de solutions élaborées par les associations du Sud pour répondre à ces difficultés. Un projet plus que bienvenu dans un contexte de suspicion permanente de mauvaise gestion, qui entrave à la lutte contre le sida.

(1) Les associations membres de la plateforme Elsa sont AIDES, Le Planning Familial, Sidaction, SIS Réseau et Solidarité Sida.
(2) France Expertise Internationale est une agence publique de premier plan au service de la coopération internationale et du développement. Elle assure l’ingénierie et la conduite de projet au profit de bailleurs et clients bi et multilatéraux.