Rétention : La Cimade dénonce
L'une, la Cimade, est remuante et ne cesse d'alerter les pouvoirs publics et l'opinion de la situation dégradée dans les centres de rétention administrative (CRA). L'autre, Brice Hortefeux, ministre de l'Immigration, s'en agace et attaque la Cimade. Voilà pour le contexte. Alors, "la situation des centres de rétention en France est-elle particulièrement alarmante par rapport à d'autres pays européens ?" "La pratique de l'enfermement des migrants dans l'ensemble des pays européens est aujourd'hui un sujet de préoccupation majeure, indique, pour sa part, un représentant de la Cimade. La situation française n'est pas la plus grave, même si l'évolution de la rétention administrative depuis 2003, l'agrandissement du nombre comme de la taille des centres de rétention et l'application de la politique des quotas d'expulsions entraînent au quotidien la multiplication de la souffrance humaine et des actes de désespoir. Automutilations, tentatives de suicide, grèves de la faim, mouvements de protestation font désormais partie du quotidien dans les centres de rétention."
Pour le responsable associatif, un des tournants est "le vote en juin dernier de la directive "retour", que nous avons qualifiée de "directive de la honte" qui "est particulièrement inquiétante". "Elle prévoit l'allongement de la durée de la rétention jusqu'à dix-huit mois, la possibilité de priver de liberté des mineurs isolés, de renvoyer les personnes vers des pays de transit, par exemple. Le risque est que l'enfermement devienne un mode de gestion des populations migrantes.", dénonce le responsable de la Cimade.
On vous recommande de lire l'intégralité du chat qui est excellent et fait comprendre bien des enjeux de la passe d'armes actuelle entre la Cimade et Brice Hortefeux, ministre de l'Immigration, l'Intégration et l'Identité nationale. L'intégralité du chat est consultable sur le site du Monde.
Rétention : un Collectif proche de l'UMP candidat
Six associations ont répondu à l'appel d'offres lancé par le ministère de l'immigration pour intervenir auprès des étrangers placés en centres de rétention. Parmi elles figure le Collectif respect, créé en 2003 et présidé par Frédéric Bard, membre de l'UMP Paris. Ce groupe, inconnu jusqu'alors dans le domaine des droits des personnes immigrantes/étrangères, a pour objectif de "promouvoir le respect dû à l'autorité légitime, et en particulier aux institutions et au président de la République". Pour couronner le tout, Le Monde affirme que Frédéric Bard est, par ailleurs, "chargé de mission au département Développement solidaire du ministère de l'Immigration." Un beau mélange des genres.
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Commentaires
Le droit des étrangers ne peut se réduire à un marché....
copier-coller signifiant
Réforme des centres de rétention : des médecins s'inquiètent pour les étrangers malades
L'appel d'offres lancé par le ministère de l'Immigration pourrait mettre un terme au monopole de la CIMADE, jusqu'à présent seule association habilitée à exercer une mission d'aide et d'information auprès des étrangers en situation illégale placés dans les centres de rétention administrative (CRA). Si l'organisation médicale n'est pas directement concernée, l'enquête menée par « le Quotidien » montre que, au-delà de l'émotion ressentie dans le monde associatif, le décret Hortefeux suscite perplexité et inquiétude parmi les professionnels de santé, qui sont souvent les derniers recours des personnes retenues.
Comment ça marche aujourd'hui Des situations très différentes selon les CRA
Si les CRA ont été créés en 1981, ce n'est qu'en 1999 qu'un décret a mis en place dans chacun des centres une assistance médicale fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Pour chacun des 27 CRA, une convention a été passée entre la préfecture et un hôpital public, aux termes de laquelle médecin(s) et personnel infirmier sont affectés au suivi des personnes retenues. Mais, comme le note le dernier rapport de l'ODSE (Observatoire du droit à la santé des étrangers), «tous les médecins ne connaissent pas leur rôle précis dans la protection des malades. En particulier, ils évaluent diversement la possibilité qu'ils ont de saisir le MISP (médecin inspecteur de santé publique) au sein des DDASS, pour avis, lorsqu'ils estiment qu'il y a incompatibilité entre l'état de santé des étrangers retenus et leur expulsion. Aucune formation n'est dispensée à ces médecins, aucun texte ne leur est fourni».
Le fonctionnement des dispositifs varie, en outre, considérablement d'un lieu à l'autre. Dans les locaux de rétention, souligne encore l'ODSE, «le plus souvent, les étrangers n'ont pas d'interlocuteur médical, sauf en cas d'urgence appréciée par les fonctionnaires de police».
Un centre modèle.
Les médecins interrogés par « le Quotidien » confirment cette disparité existant entre CRA, aussi bien quant à leur organisation médicale que pour les suivis des signalements transmis aux MISP. À Lyon, le CRA Saint-Exupéry fait figure de centre modèle. Avec deux infirmières à plein-temps et une troisième à mi-temps, il dispose de deux médecins à mi-temps, présents à tour de rôle une demi-journée. En cas d'absence, les infirmières peuvent faire appel au médecin du groupement mobile d'intervention et de soins. «Nous sommes très gâtés, par rapport à d'autres CRA, note le Dr Pascale Beaupère, car les personnes retenues bénéficient d'un libre accès à l'infirmerie. Elles peuvent consulter sans passer par la PAF (police de l'air et des frontières). Les enfants présents dans le centre sont systématiquement examinés à leur arrivée.» Quant à la prise en compte des signalement transmis, via les MISP, aux préfectures, le Dr Beaupère assure qu'«elle est systématique, avec des libérations qui interviennent en l'espace de quelques heures, l'administration ayant pu vérifier que nous n'agissons qu'à bon escient, sans lancer des demandes à tout-va». À Bordeaux, en revanche, les infirmiers et les médecins doivent se faire ouvrir l'infirmerie par la police. À défaut, ils ne peuvent entrer en contact avec les personnes retenues. En cas d'urgence, celles-ci sont conduites menottées à l'hôpital. À Marseille, le Dr Anne Galinier, par ailleurs chef de service médical pénitentiaire, intervient dans le CRA une demi-journée par semaine depuis 2000. Elle déplore l'«absence de libre circulation des personnes retenues, ce qui les prive du libre accès à l'infirmerie. Pour les signalements, aucun de ceux que j'ai effectués, affirme-t-elle, n'a jamais été suivi d'effet à ma connaissance, qu'il s'agisse de patients atteints de sida, d'hépatiteC ou de diabétiques insulinodépendants renvoyés dans un pays du Maghreb». La barrière de la langue ajoute aux difficultés, souligne-t-elle : «Nous avons élaboré un questionnaire en douze langues, mais nous attendons toujours la mise en place d'un système d'interprétariat téléphonique.» Comme la plupart de ses collègues intervenant en CRA, le Dr Galinier redoute en permanence d'être instrumentalisée :«D'une part, les personnes retenues sont souvent aux abois et exercent sur nous toutes les pressions possibles pour obtenir une médicalisation de leur situation. D'autre part, la police de l'air et des frontières nous sollicite pour cautionner des mesures disciplinaires, en nous demandant d'établir les certificats d'aptitude à l'admission en cellules de sécurité.»
Christian Delahaye
Le Quotidien du Médecin du : 17/10/2008
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