RITA : des tests très limites !

Publié par jfl-seronet le 07.09.2011
892 lectures
Notez l'article : 
0
 
pénalisation
En amont d'une réunion d’experts sur les aspects scientifiques, médicaux et juridiques de la pénalisation de la transmission et de l'exposition au VIH, organisée par l'ONUSIDA à Genève, est paru un rapport du UK charity National AIDS Trust (NAT) au titre très technique : "Estimation de la probabilité d'une infection récente au VIH : implications dans le cadre de poursuites pénales".
contamination.jpg

Le rapport du NAT (National AIDS Trust) revient notamment sur les limites de certains tests qui sont utilisés dans le cadre de poursuites pour transmission du VIH. Les tests RITA estiment la probabilité qu'une personne séropositive au VIH ait été infectée récemment, généralement dans les six mois précédents. Comme l’explique l’ONUSIDA dans un communiqué (4 août), ce type de tests est très utilisé en Grande-Bretagne, le seul pays à régulièrement communiquer les résultats des tests RITA aux personnes récemment diagnostiquées. Si cette pratique est fréquente au Royaume-Uni, c’est parce que le pays autorise les poursuites à l'encontre des personnes ayant transmis le VIH à une autre personne… ce n’est d’ailleurs pas le seul.
Le problème, dont le rapport du NAT fait bien entendu état, c’est que les tests RITA ont leurs limites. Le NAT souligne d’ailleurs "l’importance de bien comprendre les tests RITA et leurs limitations" et surtout "de ne pas les utiliser de façon inadéquate dans le contexte de poursuites pénales". Pour le moment, il n’y a pas encore eu (à la connaissance des auteurs du rapport) d’utilisation de ces résultats dans les tribunaux pour tenter de prouver à quand remonte la transmission du VIH et donc l'identité de la personne qui en serait à l'origine… mais le NAT craint que cela ne dure pas. L’organisme a donc tenu à rappeler quelques vérités scientifiques : un principe de précaution  pour éviter de probables abus.
"Les progrès scientifiques tels que les tests RITA sont extrêmement utiles pour estimer à quand remonte l'infection du VIH à l'échelle de la population, en particulier parce que le diagnostic tardif constitue un problème majeur [de santé publique]", avance ainsi la responsable du National AIDS Trust. "Cependant, il est indispensable que les limitations des tests RITA soient bien comprises et ne soient pas utilisées hors contexte, comme dans le cadre de poursuites pénales". Comme les tests RITA sont destinés à une utilisation à l'échelle de la population (fondée sur des moyennes) plutôt que sur le plan individuel, le rapport conclut que les tests RITA ne sont pas fiables comme preuve d'une infection récente au VIH dans le cadre de poursuites judiciaires.
Autrement dit, "aucun test ne peut établir de façon définitive le moment où une personne a contracté le VIH". "Aucun test scientifique ne peut établir de façon définitive quand une personne a contracté le VIH", surenchérit de son côté le docteur Hankins, conseillère scientifique principale à l'ONUSIDA. "Il est important d'être prudent, de suivre un protocole défini et de connaître les limitations des résultats des tests RITA au moment de les communiquer aux patients ou de les utiliser dans le contexte de poursuites pénales", note la conseillère. Selon le rapport du NAT, pour prouver la transmission du VIH dans le contexte de poursuites pénales, une combinaison de preuves scientifiques, de dossiers médicaux et de témoignages sont nécessaires, afin de déterminer les faits, à quand remonte la transmission et la direction de la transmission du VIH.
Cette question devrait être traitée dans le cadre de la réunion d’experts juridiques et en droits de l'homme à Genève. Les participants doivent y traiter des preuves et des concepts scientifiques et juridiques pertinents relatifs, entre autres, au danger, au risque, à l'intention et à la preuve, ainsi que leur conceptualisation et éventuelle application dans le contexte de poursuites pénales pour cause d'exposition et de transmission du VIH. Mais garantit l’ONUSIDA, l’objectif de cette réunion n’est pas de renforcer la pénalisation. Tout au contraire, la réunion entre "dans le cadre des travaux de l'ONUSIDA visant à réduire de moitié le nombre de pays ayant des lois et des pratiques punitives autour de la transmission du VIH, du commerce du sexe, de la toxicomanie ou de l'homosexualité qui nuisent aux ripostes efficaces au sida, d'ici 2015".
Plus d’infos.
Plus d’infos (en anglais).