Salle de conso : un sujet de campagne dans le 10ème à Paris

Publié par jfl-seronet le 19.03.2014
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Produitssalle de consommation à moindre risque

L’ouverture d’une salle de consommation à moindre risque dans le 10ème arrondissement de Paris est un des sujets chauds de la campagne municipale dans l’arrondissement, mais plus largement. La candidate UMP Déborah Pawlik est montée au créneau à plusieurs reprises contre cette initiative, une association, Action Barbès, lui a répondu dans une lettre ouverte.

La salle de consommation à moindre risque, la représentante de Nathalie Kosciusko-Morizet dans le 10ème arrondissement de Paris, l’évoque sur son blog dans le carnet de campagne qu’elle tient. Elle mentionne notamment une réunion publique au café Le Magenta. Elle y retrouve Pierre-Yves Bournazel, porte-parole de NKM et lui-même tête de liste dans le 18ème arrondissement de Paris. Il y est question de la sécurité et du "projet d'implantation d'une salle de shoot dans le 10e, porté bille en tête par le maire sortant". "Je suis déterminée à m'opposer jusqu'au bout à ce projet, illégal, qui, non seulement, n'est en rien une main tendue aux toxicomanes, et est imposé de manière autoritaire (…) Je ne peux accepter que notre société prenne ce chemin". Et la candidate UMP de lancer un tract sur le sujet et d’écrire au maire du 10ème, le socialiste Rémi Féraud.

Les arguments de Déborah Pawlik

La candidat UMP avait déjà fait de cette question le sujet d’une "opération coup de poing" début février 2014, un soir sur le boulevard de la Chapelle. "Salle de shoot : l’objectif devrait être d’aider les toxicomanes, pas de les enfoncer dans leurs addictions !", expliquait-elle alors. "Voilà maintenant plus d’un an que je m’oppose à ce projet avec fermeté et avec constance, comme c’est le cas de la majorité des riverains du 10e arrondissement. Je m’y oppose, car je me refuse à accepter un projet qui enfoncera un peu plus encore des personnes qui, victimes d’un accident de vie, se sont retrouvées un jour dépendantes de la drogue. Je m’y oppose, car je suis convaincue qu’il faut leur tendre la main et les accompagner de manière responsable vers le sevrage. Je m’y oppose, car je ne peux me résigner à un projet qui condamne définitivement un quartier en en faisant une zone de non-droit (…) Ce projet d’implantation d’une salle de shoot déboucherait par ailleurs sur la condamnation de tout un quartier".

Action Barbès : la lettre ouverte à la candidate UMP

"Vous avez publié cette semaine une lettre ouverte à Rémi Féraud à propos du projet de salle de consommation de drogues à moindres risques (SCMR) au 39 boulevard de La Chapelle (…) Il convient d’abord de vous signaler que, d’une manière générale, vous faites une erreur en considérant ce projet de structure comme un outil de lutte contre la toxicomanie (…) l’objectif de cette salle est la prévention des risques liés à la consommation de drogues. Si on voulait faire une analogie avec l’alcool, lutter contre les accidents de voitures liés à la conduite en état d’ivresse n’est pas lutter contre l’alcoolisme proprement dit. Cette erreur de départ sur l’objectif même de la SCMR vous amène à faire des erreurs dans votre argumentation et vos propositions tout en vous appuyant sur une interprétation spécieuse des faits", indique l’association. Action Barbès démonte un certain nombre d’arguments à propos de la décision du Conseil d’Etat, de l’avis de l’Académie de médecin et fait un sort particulier à l’avis de l’Académie nationale de Pharmacie, déjà sévèrement étrillé par le Réseau français de réduction des risques.

Il revient aussi sur l’argument qu’une majorité d’habitants seraient opposés à cette initiative. "Loin de nous de négliger les conditions dans lesquelles un tel établissement pourrait ouvrir ses portes, mais n’est-il pas dans la logique d’un homme ou d’une femme politique de faire passer l’intérêt général avant les intérêts particuliers ? (…) Pour terminer, force est de constater que toutes les politiques répressives menées ces dernières 40 années contre les drogues et leurs trafics ont échoué. Toujours plus de consommation, toujours plus de trafics. N’est-il pas temps de réfléchir à autre chose ?"