Salles de conso : une étude importante

Publié par jfl-seronet le 17.05.2023
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Une étude française sur les salles de consommation à moindres risques (SCMR) à Paris et à Strasbourg — où les gens s'injectent des produits en toute sécurité — montre qu'il y a moins d'overdoses, de seringues partagées, d'abcès, de visites aux urgences, de consommation de drogue en public et de criminalité que dans les villes où il n'y a pas de SCMR. Explications.

L'étude de Marie Jauffret-Roustide, sociologue et chargée de recherche à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) à Paris, était une étude de cohorte longitudinale de 12 mois portant sur 664 personnes qui s'injectent des drogues dans quatre villes de France : deux avec une SCMR (Paris et Strasbourg) et deux sans SCMR (Bordeaux et Marseille) rapporte le site médical Code Blue. Il s'agit de la première étude en Europe et dans le monde à évaluer l'efficacité des SCMR à l'aide d'un groupe de contrôle (comparatif). Sur l'ensemble de la population étudiée, 67 % des personnes s'injectaient des substances depuis plus de dix ans, dont près d'un quart (24 %) utilisaient quotidiennement des sulfates de morphine non prescrits et 22 % du crack de cocaïne, suivis de la cocaïne (11 %), de la buprénorphine non prescrite (8 %) et de l'héroïne (3 %). Environ 27 % des personnes étaient positives à l'hépatite C et 5 % au VIH. La majorité des personnes étaient des hommes (80 %) et l'âge moyen était de 38 ans. Par rapport au groupe de contrôle dans les deux villes sans SCMR, les participants-es dans les deux villes avec SCMR avaient 24 points de moins dans la fréquence des visites aux urgences au cours des six derniers mois, 20 points de moins dans l'engagement dans des activités criminelles au cours du dernier mois, et 15 points de moins dans les pratiques d'injection dans les espaces publics.

Les chercheurs-ses ont observé moins d'abcès au cours des six derniers mois parmi les participants-es vivant dans des villes dotées de SCMR (onze points de moins), moins de pratiques exposant au risque de contracter le VIH ou une hépatite C au cours du dernier mois (dix points de moins) et un peu moins d'overdoses non mortelles au cours des six derniers mois (deux points de moins). Lors de la conférence de presse scientifique de la Conférence internationale Harm Reduction (HR23) le 18 avril dernier, Marie Jauffret-Roustide a indiqué que le nombre de seringues jetées dans les espaces publics autour de la SCMR parisienne était trois fois moins important qu'avant l'entrée en vigueur de la SCMR. « Nous avons également analysé des données policières et administratives, combinées à des entretiens avec des officiers de police, et les données ont mis en évidence que la zone parisienne où la SCMR a été mise en œuvre n'était plus considérée comme un lieu problématique en termes d'ordre public, de criminalité et de sécurité depuis la mise en place de la salle de consommation de drogues », a expliqué Marie Jauffret-Roustide. « Nous avons également mené des entretiens avec des personnes qui s'injectent des drogues et qui fréquentent des salles de consommation à moindres risques. Elles ont indiqué qu'elles considéraient les salles de consommation comme un refuge protecteur et comme un lieu où elles se sentent respectées en tant que citoyens ». Pas moins de 95 % des personnes usagères de la salle étaient satisfaites tandis que 60 %, non usagères étaient prêtes à en utiliser une. Une étude importante pour appuyer le travail de plaidoyer des associations de réductions des risques et inciter les pouvoirs publics à ouvrir de nouvelles salles de consommation à moindres risques.  Aucune nouvelle SCMR n’a été ouverte en France depuis 2016 malgré la volonté des acteurs-rices locaux-les.