Salles de shoot : deuxième couche

Publié par jfl-seronet le 13.01.2010
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piqueriesalle de shoot
Après Valérie Pécresse, ministre et candidate à la présidence de la région Ile-de-France, c'est au tour de Chantal Jouanno, tête de liste UMP pour les régionales à Paris et elle aussi ministre, de dégainer contre les salles d'injection supervisée… et l'usage des drogues en général. Un nouveau thème de campagne qui n'échappe pas à la caricature.

Le 8 janvier dernier, Chantal Jouanno s'est déclarée "totalement opposée à la dépénalisation" des drogues, prônant plutôt des politiques de prévention et d'information (qui marchent très  bien comme chacun sait). "Je suis totalement opposée à la dépénalisation, mais favorable à un plan tolérance zéro contre les drogues", affirme Chantal Jouanno dans un communiqué. "Les solutions résident davantage dans des politiques éducatives de prévention et d'information renforcées, de mise en œuvre d'une politique cohérente à l'échelle territoriale pour la jeunesse", estime la secrétaire d'Etat à l'Ecologie. "En aucun cas, je n'accepterai un simple encadrement des usages de drogue pour les Parisiens", tonne la ministre. C'est intéressant de voir quel usage l'UMP fait de cette question au tout début de la campagne électorale régionale. Elle agite le chiffon rouge, entonne le couplet classique de la tolérance zéro (c'est exactement ce qui est appliqué aujourd'hui) et laisse entendre que la gauche serait laxiste voire même pro drogues. Cette sortie, Chantal Jouanno l'a faîte en réaction à la décision du Conseil de Paris d'accorder une subvention de 27 000 euros à une association qui sera chargée de réaliser une expertise sur les salles de consommation des drogues pour les personnes usagères de drogues. "Je demande alors à messieurs Le Guen [député PS à l'origine de la proposition] et Bertrand Delanoë [maire PS de Paris] de me prouver quelle serait l'efficacité d'un dispositif qui conduit à parquer les toxicomanes, sous prétexte de leur fournir une faible prise en charge médicalisée", ajoute Chantal Jouanno. On notera au passage que les candidates UMP ne proposent aucune autre mesure concernant les personnes usagères de drogues sur la question du VIH ou des hépatites, par exemple. On peut aussi noter que la question de l'usage des drogues n'est posée par l'UMP uniquement comme un problème concernant la jeunesse. On en a un très bon exemple avec le récent communiqué de presse du le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre qui juge que "les propositions de création de salles de shoot par les socialistes parisiens contribuent à l'acceptation d'un phénomène qui fragilise la jeunesse tant au plan de sa santé, que sur ses capacités de concentration sur les études, et donc de préparation de son avenir". En revanche "l'annonce d'un plan tolérance zéro dans les lycées d'Ile-de-France sur la drogue, par Valérie Pécresse, est une annonce courageuse et une excellente nouvelle pour l'avenir de la jeunesse", écrit Frédéric Lefebvre. Tout est dit !

Commentaires

Portrait de frabro

En 1988, c'est une ministre femme de droite, Madame Simone VEIL, qui est passé outre aux mêmes arguments de la droite rigide et inconsciente pour imposer la vente libre des seringues, les programmes d'échanges de seringue des associations, et ouvert ainsi la porte à la politique de réduction des risques. Ses "amis" lui opposaient à l'époque la même position : vous favorisez l'usage de drogue et mettez notre jeunesse en danger. Sous la pression des associations, la politique de RDR a finalement été inscrite dans la Loi de santé publique en 2004, puis institutionnalisée à travers des établissements médico-sociaux (CAARUD, CSAPA). Il reste un pas à faire : celui des salles de consommation, symbolique mais si important pour réduire aujourd'hui l'épidémie d'hépatite C comme nous avons réduit l'épidémie de VIH. C'est à nous de démontez point par point les arguments irréalistes des tenants de la prohibition et de cette fameuse "tolérance zéro" dont des siècles d'historie montrent qu'elle est absurde. Tous les pays qui nous entourent progressent : salles de consommations, héroïne médicalisée, diversification des produits de substitution. Seule la France est arc boutée sur une position idéologique archaïque à visée électoraliste. La Santé publique est absente du discours de ces ministres, qui n'en ont visiblement "rien à cirer". Revient, Simone ! Ils sont devenus fous...
Portrait de claudius95

salut, un peu avant c'était en 87 , et la ministre Michèle barzac qui avait fait passé la loi( de mémoire de toxicomane on s'en souvient mais c'était déjà bien trop tard...)...reviens michèle?
Portrait de frabro

d'avoir corrigé ma mémoire défaillante, ça ne change rien au fond du propos. Effectivement c'était Michèle Barzac et tu a bien fait de rectifier ! Elle peut revenir aussi Michèle, elles seront pas trop de deux ! François