Santé et candidat-e-s à la présidentielle ?

Publié par jfl-seronet le 06.03.2017
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PolitiquePrésidentielle 2017

Pour l’élection présidentielle de 2017, AIDES a choisi de ne pas interpeller les candidat-e-s comme elle le pratiquait habituellement. L’association portera le débat d’une façon différente, plus inattendue, Seronet y reviendra bientôt. Comme à chaque élection de cette importance, la santé et la protection sociale tiennent une place particulière. Les deux sujets font l’objet de nombreuses propositions. Voici un premier panorama. Seronet proposera ultérieurement un article spécifique sur les propositions des candidat-e-s sur le prix du médicament, un des grands sujets Santé du moment.

Les candidates et candidats à la présidentielle évoquent depuis quelques mois leurs mesures en matière de protection sociale et de santé. Elles et ils le font dans le cadre de leurs programmes souvent accessibles sur Internet, lors d’interviews, de meetings, d’interventions publiques à l’occasion de réunions thématiques comme celle organisée le 21 février dernier par la Mutualité française. Voici un panorama (arrêté aux déclarations faites avant la fin février 2017) des propositions des principaux candidats et candidates. Nous n’avons pas pu être exhaustifs : le nombre des propositions varie beaucoup d’un candidat à un autre. Un lien est proposé permettant à celles et ceux qui veulent aller plus loin d’accéder aux programmes santé et protection sociale lorsqu’ils existent à ce stade de la campagne. Les candidates et candidats sont présentés par ordre alphabétique.

Nathalie Arthaud

La candidate de Lutte ouvrière, explique dans une lettre au Collectif santé 2017 : "Je pense qu'il faudrait que tout soit totalement gratuit pour tous. C'est le cas actuellement dans la prise en charge du cancer. Et cela permet d'aller jusqu'au bout des possibilités pour chaque patient même le plus démuni, mais aussi de faire progresser beaucoup plus rapidement la science dans ce domaine". Elle indique également : "Les grands groupes industriels, en particulier pharmaceutiques et de la finance regorgent d'argent. C'est sur leurs profits qu'il faut prendre pour assurer une médecine gratuite pour tous. Il n'y a pas d'autre solution réaliste". Plus d’infos.

Nicolas Dupont-Aignan

Le candidat de "Debout la France" défend une politique de santé qui s’appuie sur une "relance légère (…) et ciblée" des dépenses maladie (Ondam) (1) entre 2,5 et 3 %. Ce qui permet le passage de la consultation à 35 euros (elle est actuellement de 23 euros chez le médecin généraliste, secteur 1). En contrepartie, les médecins s’impliquent plus dans la prévention, le dépistage, les soins primaires. Le coût de cette mesure est estimé à 2,5 milliards d’euros. Nicolas Dupont-Aignan veut augmenter le numerus clausus pour former 10 000 médecins par an (contre un peu plus de 8 000 actuellement) afin de lutter contre les déserts médicaux. Il veut aussi exonérer de charges pendant cinq ans les médecins qui s’installeraient dans ces zones sous équipées. Il propose de revoir à la "hausse tous les tarifs de remboursement des actes les plus lourds" et de "rembourser à chaque Français âgé de plus de 40 ans un bilan de santé régulier. Nicolas Dupont-Aignan veut la fin du tiers payant généralisé et l’élargissement des conditions d’accès à la CMU pour les plus de 65 ans. Il veut autoriser les actions de groupe en santé, sans avoir à passer par une association agréée.

Il supprime l’aide médicale d’Etat et la remplace par une aide médicale exceptionnelle et provisoire qui ne concernerait que les urgences sanitaires et les maladies contagieuses. Il explique que le montant qui serait ainsi économisé (estimé à un milliard d’euros) serait transféré au handicap et à la dépendance. Il veut aussi orienter les étrangers en situation irrégulière vers des dispensaires spécifiques.

En matière de prix du médicament, il veut "assurer la mise sur le marché au prix européen des médicaments reconnus comme innovants". Il veut relocaliser la production de médicaments stratégiques en France. Il préconise de "passer en revue l’ensemble du portefeuille de médicaments pour supprimer le remboursement de tous les médicaments aux bénéfices douteux ou inexistants et développer la prescription des médicaments génériques". Par ailleurs, "pour chaque médicament, le système de remboursement serait fondé sur son efficacité individuelle mesurée". (2)

(1) : L'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) est le montant prévisionnel établi annuellement pour les dépenses de l'assurance maladie.
(2) : "Quotidien du Médecin, 1er février 2017.

Bastien Faudot

Le candidat du Mouvement républicain et citoyen, explique dans l’ouvrage "250 idées neuves pour redresser la France" qu’il faut "refonder la politique du médicament en garantissant pour les citoyens leur innocuité, efficacité et remboursement à taux plein des médicaments, avec identification claire pour tous des produits à service médical rendu insuffisant". Il y défend aussi l’idée de "rembourser systématiquement les médicaments sur la base du prix du médicament générique le plus bas, lorsque celui-ci est disponible". Il veut développer les maisons de santé en y accueillant, en lien avec les CHU, une partie de la formation initiale et continue des professionnels pour favoriser ensuite leur installation sur le territoire. Il veut organiser des consultations ambulatoires par les spécialistes hospitaliers dans les maisons de santé et les hôpitaux locaux. Plus d’infos.

François Fillon

Fin janvier 2017, le candidat de la droite a largement modifié son programme sur la santé, il faut dire que François Fillon s’était pris les pieds dans le tapis en annonçant qu’il entendait réserver à l’Assurance maladie la prise en charge des affections graves et des maladies de longue durée (ALD), tout le reste des soins étend laisser aux complémentaires Santé. Ce qui aurait été une révolution, qu’espèrent d’ailleurs les assureurs-privés. Ce n’est plus le cas désormais. François Fillon assure maintenant que le "niveau de prise en charge des dépenses ne diminuera pas". Il propose d’ailleurs pour 2022, l’objectif d’un "reste à charge zéro pour les dépenses les plus coûteuses grâce à un nouveau partenariat entre la Sécurité sociale et les organismes complémentaires".
Il s’engage sur le remboursement des téléconsultations, la mise en place d’une consultation de prévention longue et gratuite tous les deux ans, pour tous les Français. Il propose aussi une augmentation des aides à l’acquisition d’une complémentaire Santé pour les personnes retraitées aux ressources modestes. Il revient sur l’instauration du tiers payant généralisé. Il supprime l’aide médicale d’Etat qui serait remplacée par une dispense de frais de santé limitée (sauf pour les mineurs) aux urgences et aux maladies graves et contagieuses.

Il réforme la carte hospitalière avec à la clef une réduction du nombre d’hôpitaux. La candidat de la droite propose aussi "d’améliorer la prise en charge des patients par l’accélération de la mise en place des parcours de soins (…) Nous renforcerons la coordination entre la médecine hospitalière et la médecine libérale (médecins généralistes, spécialistes, professions paramédicales, pharmaciens, cliniques privées) ; le dossier médical personnel informatisé améliorera le suivi et simplifiera les démarches pour chacun".

Il fait aussi une proposition en matière de démocratie sanitaire : les patients pourront être "associés au processus de décision des agences régionales de santé (ARS) au côté des représentants des professionnels de santé du secteur libéral et hospitalier, et des collectivités locales. La Commission nationale du débat public (CNDP) organisera le débat avec les citoyens. En matière de santé, des indicateurs facilement accessibles sur le net donneront aux citoyens une information claire sur la performance médicale des hôpitaux et cliniques, sous l’égide de la Haute autorité de santé qui en garantira la transparence". Plus d’infos.

Benoît Hamon

Le candidat socialiste entend être le candidat de la "santé environnementale" avec lutte contre les perturbateurs endocriniens, les particules fines, la sédentarité (il propose le remboursement de l’activité sportive). En matière de protection sociale, il explique : "L'égalité passe par de meilleurs remboursements par la Sécurité Sociale de certains soins, pas le report sur les mutuelles". (1) Il se prononce aussi pour un "droit à la santé universelle, indépendamment du statut professionnel ou personnel. Cela prendrait notamment la forme d’une aide à l’accès aux complémentaires Santé des fonctionnaires, retraités, étudiants, chômeurs de longue durée. Coût annoncé de cette mesure : 3,5 milliards d’euros.

Benoît Hamon a mis l’accent sur le financement de l’hôpital qui "ne peut  pas être géré comme une entreprise". Il critique les "effets pervers" de la T2A. "En fixant des tarifs identiques sur le territoire et en ignorant les coûts de production réels, la T2A survalorise et sous-valorise certaines disciplines. Avec la T2A, le patient suit l’argent et non l’inverse. Elle transforme l’hôpital en "machine à produire" des actes et soumet les personnels à un management délétère (…) Il nous faudra rouvrir le dossier des tarifs en santé, selon les règles de l’art, en travaillant sur des données longues, en comparant avec d’autres pays, en simulant, et surtout en ayant une approche plus intelligente et bienveillante de l’hôpital", explique le candidat (2).

Il propose d’augmenter la part de remboursement de la Sécurité sociale pour les soins dentaires, d’optique et les prothèses auditives. Il défend la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle. Il prône une régulation des prix des médicaments, afin de faire baisser les prix des médicaments coûteux. Il n’exclut pas le recours à la licence d’office. Il propose pour lutter contre les déserts médicaux que le conventionnement des médecins par l’assurance-maladie soit conditionné à l'installation dans une zone qui n'est pas déjà surdotée (3). Il défend la fin de la liberté d’installation des médecins libéraux, mais propose des aides à l’installation pour les médecins qui s’installent dans des zones sous dotées en médecins. Plus d’infos.

Le candidat écologiste, Yannick Jadot, a rejoint Benoît Hamon. Il n’est donc plus candidat. Il avait travaillé, avant son retrait, sur des propositions concernant la santé et la protection sociale qui sont consultables en ligne.

(1) : Conférence de presse, le 12/12/2016
(2) : "Pourquoi docteur", janvier 2017
(3) : "Quotidien du Médecin", 30 janvier 2017

Marine Le Pen

Sur les 144 mesures du programme du parti d’extrême droite, une quinzaine portent sur la protection sociale et la santé. Marine Le Pen entend "garantir la Sécurité sociale pour tous les Français, ainsi que le remboursement de l’ensemble des risques pris en charge par l’assurance-maladie". Pour lutter contre les déserts médicaux, elle préconise d’instaurer "un stage d’internat dans les zones concernées" et que des "médecins retraités puissent y exercer avec des déductions de charge" et la création de maisons de santé.
Elle propose d’augmenter le numerus clausus d’accès aux études de santé pour "éviter le recours massif aux médecins étrangers et permettre le remplacement des nombreux départs à la retraite" des médecins, ces prochaines années.

Elle veut créer une "carte Vitale biométrique" pour lutter contre les fraudes, carte qui serait fusionnée avec le titre d’identité. Dans le domaine du médicament, elle défend la multiplication des médicaments génériques. Elle veut une baisse des médicaments les plus coûteux, sans expliquer comment cela serait obtenu et défend la vente des médicaments à l’unité. Elle demande la "suppression de l’AME réservée aux clandestins" ( !) et veut l’instauration d’un délai de carence qui "pourrait être de deux ans" pour accorder des soins aux personnes étrangères. Elle veut créer une cinquième branche de la Sécurité sociale consacrée à la dépendance. Plutôt opposée au tiers payant généralisé (1), elle entend faire un bilan du tiers payant et, si le bilan est jugé négatif, de revenir sur cette disposition. Plus d’infos.

(1) : Interview au "Parisien", 8 janvier 2017.

Emmanuel Macron

Le candidate de En Marche entend lutter contre les déserts médicaux et propose de multiplier pour cela par deux le nombre de maisons de santé d’ici 2022. Il fixe aussi à la fin de la mandaturel’objectif d’un remboursement à 100 % par la Sécurité sociale des lunettes, des prothèses dentaires et des appareils auditifs.

Emmanuel Macronannonce qu’"aucun soin utile ne sera déremboursé". Il expliquait le 1er janvier 2016 qu’il faudrait, en matière de santé, "construire une stratégie pluriannuelle qui permette d’intégrer les investissements massifs nécessaires, les innovations technologiques et organisationnelles". "Je pense en tout cas qu’il faut refonder l’Ondam" (1), expliquait-t-il alors.

Il entend améliorer la gestion et l’organisation des hôpitaux, "pilier de notre système de santé". Un investissement de cinq milliards d’euros sur cinq ans y sera consacré. Il veut la mise en place d’un plafonnement à 50 % de la tarification à l’activité (T2A) (2). Le tiers payant doit être "généralisable", mais pas généralisé, pas plus de précisions. Il défend une régulation des prix grâce à la mise en concurrence des professionnels. Il réfute l’idée d’un transfert de la prise en charge vers les complémentaires Santé et d’une augmentation parallèle de leurs tarifs, au détriment des ménages. Il veut instaurer la vente des médicaments à l’unité. Plus d’infos.

(1) : L'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) est le montant prévisionnel établi annuellement pour les dépenses de l'assurance maladie.
(2) : La tarification à l’activité (T2A) est le mode de financement unique des établissements de santé, publics et privés. Lancée en 2004 dans le cadre du plan "Hôpital 2007", elle repose sur une logique de mesure de la nature et du volume des activités et non plus sur une autorisation de dépenses.

Jean-Luc Mélenchon

"Notre programme en matière de santé (...) part de la réalité humaine et non des objectifs comptables ou de l’intérêt financier des actionnaires des assureurs privés. Ainsi, la suppression des dépassements d’honoraires chez le médecin et le remboursement à 100 % par la Sécurité sociale des soins permettraient de faciliter une prise en charge rapide des malades évitant ainsi une aggravation de leur maladie. Aujourd’hui, un Français sur trois renonce à des soins pour des raisons financières ! Et ensuite, quand son état est devenu trop grave, il se présente aux urgences venant participer de l’embouteillage à cet endroit du système de santé"(1), explique le candidat de La France insoumise.
Jean-Luc Mélenchonentend créer une "Sécurité sociale intégrale", ce qui permettrait un remboursement à 100 % de toutes les dépenses de santé dont les soins et appareils dentaires, optiques et auditifs.

Il préconise la création d’un pôle public du médicament. Il veut créer "une médecine publique, avec des centres de santé publique et la création d’un corps de médecins généralistes fonctionnaires"(2), ce qui permettrait de lutter contre les déserts médicaux. Il propose la suppression des dépassements d’honoraires des médecins. Dans un livre programme (3), il expliquait vouloir : "Imposer un plan de lutte et de prévention contre les MST et promouvoir des politiques de santé sexuelle et reproductive émancipatrices des personnes". Plus d’infos.

(1) : La grippe à l'hosto, 15 janvier 2017.
(2) : Discours au mans, 11 janvier 2017.
(3) : "L’avenir en commun, Le programme de la France insoumise et de son candidat Jean-Luc Mélenchon", éditions du Seuil.

Rama Yade

Dans son programme "La France qui ose", la candidate du mouvement éponyme propose d’"établir un plan pluriannuel de santé publique avec des priorités chiffrées (hypertension, dépistage des cancers, risques médicamenteux, lutte contre les pollutions chimiques, bactériennes et électromagnétiques)". Elle veut aussi "sortir de l’hospitalo-centrisme et de l’engorgement des urgences par le rétablissement des permanences des soins, individuelles ou collectives en revalorisant les consultations médicales". Elle veut : "Assurer le retour à l’équilibre budgétaire de l’assurance-maladie d’ici 2020 en le sanctuarisant dans la Constitution par une "Règle d’or de l’Assurance médicale nationale". Elle préconise d’"établir une édition des meilleures pratiques thérapeutiques avec une grille de coûts et de remboursements des pathologies" et veut "officialiser un comité d’experts indépendants sur les médicaments, les produits chimiques et les ondes électromagnétiques d’origine humaine". Plus d’infos.

Pour aller plus loin...

Les sites des candidates et candidats présentent les programmes Santé et Protection sociale. Le site du LEEM (Les entreprises du médicament) publie ses propres propositions concernant la présidentielle 2017 dans un document intitulé "2017. Santé, l’heure des choix". Le LEEM a aussi créé un site particulièrement bien documenté, qui permet des comparaisons entre les différents programmes présidentiels.

Le Medef a aussi fait ses propositions concernant la protection sociale et la santé. Son programme "Le Monde change, changeons la France !".

Vous pouvez également consulter le site du Collectif santé 2017 qui fait des propositions, lance un appel  et interpelle les candidates et candidats à la présidentielle.

Commentaires

Portrait de unepersonne

...n'evoque lesujet des MDPH et de l'AAH versée aux personnesadultes handicapées , aux dernieres nouvelles de 2016, un grand menage devrait etre fait illiminant les personnes les moins malades des MDPH et delà leur supprimer leur AAH

tout ça parce que le VIH a une autre image aujourd'hui vis à vis de la societé, le VIH est devenu une maladie chrnoique avec laquelle on peut mener une vie normale et bosser or les anciens VIH des années 80 soont usées dessechés par des decennies de traitements lourds qui souvent finisssent à par declarer un cancer vu que les ttt contre le VIH sont tres nocif sur l'organisme sur le long terme

 sur gooogle on lit bien le nombre de morts  qu'il y a chaque années à cause du sida

supprimer une AAH à une personne VIH incapable d'aller bosser est un probleme qui aurait du etre soulever par aides aupres des candidats à la presidentielle , faut savoir que vivre dans la precarité n'aide pas à avoir une bonne santé physique et psyschique quand on est VIH  mais biensur les fillon et compagnie ont d'autres chats à foueter que de s'interesser à une minorité de gens dont la vie tient à un fil

vu les programmes presentés par tous ces candidats, il y a peu de place pour les personnes VIH quant à leur revenus , plus question de les voir augmenter mais juste deles conserver or fillon veut economiser sur des depenses sociales , je doute qu'il fasse quelque action que ces soit envers les personnes VIH vivant sous leseuil de pauvreté

lui vit sur une autre planete comme ses acolytes, il se fait offrir des costards à 15000 boules, il est au dessus des lois comme le sont les autre saussi, nous dans tout ça ne sommes quedes miettes qu'on balayent d'un revers de main

quand je pense que des etrangres jouent leur vie pour venir vivre en france, ils ne savent pas combien la france n'est pas l'eldorado tant revé, la france c'est chacun pour sa gueule qui plus est si VIH