Sauver des vies chez les personnes injectrices

Publié par jfl-seronet le 02.08.2017
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Les personnes consommatrices de drogues injectables comptent parmi les populations clés les plus exposées au risque de contracter ou de transmettre le VIH. Pourtant, ce sont aussi celles qui ont le moins accès aux services de prévention, de soins et de traitement du VIH, car leur consommation de drogues est souvent stigmatisée et criminalisée, note l’Onusida (21 juin).

Les estimations montrent que, dans le monde, il existe environ 12 millions de consommateurs de drogues injectables, dont 1,6 million (14 %) vivent avec le VIH et 6 millions (50 %) vivent avec l’hépatite C. La prévalence du VIH chez les femmes qui consomment des drogues injectables est souvent plus élevée que chez leurs homologues masculins. Selon l’Onusida, 140 000 personnes consommatrices de drogues injectables ont été nouvellement infectées par le VIH dans le monde en 2014 et aucune baisse n’a été enregistrée dans le nombre annuel de nouvelles infections à VIH chez les personnes consommatrices de drogues injectables entre 2010 et 2014.

La réduction des risques fonctionne

On sait comment améliorer la santé et la vie des personnes consommatrices de drogues. Les moyens sont connus et facilement disponibles. Par exemple, on sait que les programmes d’échanges de seringues diminuent la propagation du VIH, de l’hépatite C et d’autres virus véhiculés par le sang. Le traitement substitutif aux opiacés et d’autres formes de traitement de la dépendance aux drogues permettent de limiter la consommation de drogues, de réduire la vulnérabilité aux maladies infectieuses et d’améliorer le recours aux services sanitaires et sociaux. Les études scientifiques le prouvent : la réduction des risques fonctionne.

Un exemple ? Le traitement de substitution aux opiacés a été associé à une réduction de 54 % du risque d’infection par le VIH chez les personnes consommatrices de drogues injectables et une baisse du risque d’infection par le virus de l’hépatite C, une augmentation de l’observance du traitement antirétroviral pour le VIH, une baisse des dépenses de santé non remboursées et une réduction du risque d’overdose aux opiacés de près de 90 %. On peut citer l’exemple australien. Dix années de programmes aiguilles-seringues ont vu diminuer le nombre de cas de VIH jusqu’à 70 % et celui d’hépatite C jusqu’à 43 %.

Moins d’incarcérations, plus de soins

On sait également et avec le même poids de validation scientifique que les lois et les politiques qui empêchent les personnes consommatrices d’accéder aux services de santé ne fonctionnent pas. "Par exemple, appliquer des lois qui proposent une alternative aux poursuites judiciaires et à l’incarcération pour usage et possession de drogues pour consommation personnelle permet de réduire les effets nocifs pour la santé associés à la consommation de drogues et n’aboutit pas à une augmentation de la consommation de drogues", rappelle l’Onusida. Tout aussi importants et décisifs dans leurs effets, les programmes de RDR pilotés par les communautés clefs qui peuvent atteindre plus efficacement les personnes consommatrices.

80 pays seulement font de la RDR

"Pourtant, malgré un large corpus de preuves, seulement 80 des 158 pays dans lesquels la consommation de drogues injectables a été recensée disposent d’au moins un lieu proposant un traitement substitutif aux opiacés, et seulement 43 pays ont mis en place des programmes d’échanges de seringues dans les prisons", note l’Onusida. De tels programmes sont disponibles dans 90 pays uniquement et seuls douze pays fournissent le seuil recommandé de 200 aiguilles stériles par consommateur de drogues injectables et par an. Pour l’OOnusida, il faut changer tout cela car "la combinaison entre l’indisponibilité des services de réduction des risques" et "une couverture inadéquate là où ils existent met en péril le progrès de la riposte au VIH. Cela revient aussi à refuser des services de santé vitaux aux millions de consommateurs de drogues injectables".