SFLS 2022 : des ateliers… au-delà des frontières !

Publié par Rédacteur-seronet le 17.11.2022
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ConférencesSFLS 2022

Pour sa 23e édition, le congrès annuel de la Société française de lutte contre le sida (SFLS) a choisi pour thème : « VIH et santé sexuelle au-delà des frontières » (professionnelles, géographiques, culturelles, etc.) Un thème autour duquel vont s’orchestrer durant deux jours : des plénières, des ateliers thématiques, des symposiums et la présentation de posters relatant projets et recherches et présentant les résultats obtenus. Le 16 novembre, plusieurs ateliers ont été proposés en préambule au congrès.

Les villes sans sida

Un atelier thématique de trois heures consacré aux Fast track cities (Les villes s’engagent contre le VIH). Collaboration internationale entre l’Onusida et l’International association of providers of aids care (Iapac), le programme voit les choses en grand. Il entend mettre en avant le « rôle important » des villes pour atteindre les objectifs nationaux et mondiaux en matière de VIH et pour mettre fin au sida d’ici 2030. Lancé en 2014, le programme compte aujourd’hui plus de 500 villes dans le monde, dont 120 en Europe. En France, Paris fut la première ville à rejoindre ce projet avec l’association Vers Paris sans sida, lancée en février 2016 et la plus récente est Marseille, en avril 2022, avec le programme Vers Marseille sans sida et sans hépatites.

Vaccination Monkeypox à Nice

Lors de cet atelier, des intervenants-es de plusieurs villes de France qui font partie des Fast track cities sont venus-es présenter des projets locaux et innovants. Un partage d’expériences qui montre en quoi le programme Villes sans sida est un laboratoire d’idées qui donne une certaine dynamique locale. Point intéressant soulevé par une personne dans la salle : le fait que ces programmes sont principalement financés par le secteur privé (l’industrie pharmaceutique en majorité) avec un investissement parfois minimum des municipalités qui se contentent de mettre à disposition des locaux, du matériel ou qui participent à des actions de communication, souvent autour du 1er décembre pour leur promotion...

Premier intervenant, Salim Fakir, membre d’Objectif Sida Zéro à Nice, a montré comment l’association niçoise s’est servie des méthodes et du réseau local déjà en place pour le VIH afin d’améliorer la réactivité et le dimensionnement de la vaccination Monkeypox à Nice, l’été dernier. Le chef de projet en santé sexuelle a expliqué que grâce à une bonne connaissance des acteurs-rices territoriaux-les et une communication ciblée vers les HSH (envoi de mails, posts sponsorisés sur les réseaux sociaux, etc.), la vaccination contre le Monkeypox à Nice a été un succès. Il cite l’exemple d’une soirée gay où plus de 100 personnes ont été vaccinées en quelques heures.

Dépister et traiter le VHC en deux heures !

Autre action innovante avec une présentation du Dr Jérôme Gournay, gastro-entérologue et hépatologue au CHU de Nantes et membre de l’association Nantes objectif zéro, sur la mise en place du test and treat (dépister et traiter) de l’hépatite C. Cette action lancée en novembre 2022 en partenariat avec les acteurs-rices locaux-les de Nantes, est destinée aux communautés les plus exposées au VHC (personnes usagères de drogue par injection, usagers-ères de chemsex et migrants-es). Au cours de la même visite dans un lieu délocalisé (en dehors de l’hôpital), un parcours de moins de deux heures est proposé aux personnes avec plusieurs étapes : un Trod VHC (dépistage rapide) ; en cas de Trod positif, un test de confirmation PCR ; si le test ARN est positif, l’équipe médicale propose une évaluation de la fibrose du foie avec un FibroScan et la personne repart avec une prescription pour initier un traitement anti-VHC à base d’antiviraux à action directe (AAD).

Bien accueillir les personnes trans

Elian Passier, chargé de mission à Vers Paris sans sida (VPSS), a présenté, en avant-première, un Mooc (formation en ligne) intitulé « Bien accueillir les personnes trans ». Conçu par VPSS et OUTrans (association féministe d’autosupport trans). Cette formation en ligne sera lancée en décembre prochain et vient compléter les formations en présentiels dispensées par OUTrans. Ce nouvel outil est né d’un constat : la transphobie sociale des personnes trans dans leurs démarches administratives quotidiennes, c’est-à-dire la charge mentale qui leur incombe de devoir expliquer qui elles sont après avoir été mégenrer par exemple (désigné par Monsieur au lieu de Madame ou inversement). Une relation parfois compliquée avec les institutions y compris médicales, ce qui peut générer du stress, de l’anxiété, voire un renoncement aux soins ou à des aides sociales. D’après une étude d’OUTrans en 2020 : 35 % des personnes trans interrogées dans l’enquête déclaraient avoir déjà renoncé aux soins à cause de propos transphobes. « L’objectif de cette formation est de faciliter les interactions entre les personnes trans et les administrations », explique Elian Passier. Ce e-learning d’une durée de deux heures propose les bases de la transidentité avec des quizz, des vidéos, etc. Un module de spécialisation pour les officiers-ères d’état civil est également en développement avec des cadres législatifs, procédures, changement d’état-civil, etc.

Plaidoyer pour la dépénalisation des drogues

En clôture de cet atelier, un intervenant de renommée internationale est venu faire un vibrant plaidoyer pour la dépénalisation des drogues. Le Pr Michel Kazatchkine a un CV impressionnant. De 1990 à 2005, il a dirigé le département d’immunologie clinique de l’hôpital européen Georges-Pompidou, de 1998 à 2005, il a dirigé l'Agence nationale française pour la recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) puis il a été directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme de 2007 à 2012. Et depuis 2012, il est envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU sur le VIH/Sida en Europe de l’Est et en Asie centrale. Mais sa présence, aujourd’hui, à cet atelier se fait en qualité de membre de la Commission mondiale sur la politique des drogues. Le but de cette Commission, fondée en 2011, est de porter à l'échelle internationale une discussion informée, fondée sur la science sur les moyens humains et efficaces pour réduire les méfaits causés par les drogues aux personnes et aux sociétés.

Michel Kazatchkine explique pourquoi la Commission plaide pour la légalisation régulée de toutes les drogues à commencer par le cannabis. « Le cannabis continue d’être classé parmi les drogues les plus dangereuses alors que la littérature scientifique montre que le tabac et l’alcool sont plus dangereux (étude The Lancet) », déplore le professeur. Pas tendre envers la politique de répression des drogues de l’actuel ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le Pr Kazatchkine pointe du doigt le retard de la France qui est du mauvais côté de l’histoire alors que cinq pays de l’Union Européenne se sont engagés à dépénaliser les drogues. « La France est un des pays les plus conservateurs en Europe en matière de drogues. La dépénalisation est une mesure fondamentale en matière de réduction des risques (…). Je pense que le processus de dépénalisation des drogues est irréversible à l’échelle mondiale. La France ne pourra pas rester un îlot de conservatisme avec un ministre de l’Intérieur qui considère les consommateurs comme des délinquants ». Pour lui, la prohibition ça n’est pas la solution c’est le problème.

Le médecin se déclare pour la suppression de toutes les sentences pénales et administratives pour délit de détention de drogue qui génèrent, aujourd’hui encore, plus de 150 000 arrestations par an en France. Des politiques sans fondements scientifiques qu’il qualifie d’« abus des droits humains » et qui ont des conséquences néfastes sur la vie des citoyens-nes (dossier pénal, difficultés pour trouver un emploi, faire un prêt bancaire, etc.). Pour Michel Kazatchkine, le plus complexe est de faire changer les mentalités sur les drogues illégales. Il insiste sur ce terme en expliquant que l’alcool et le tabac sont des drogues légales tout à fait acceptées dans la culture française et qui causent pourtant des millions de décès. « Les addictions aux drogues légales ne sont pas pénalisées », a conclu Michel Kazatchkine. Gérald, si tu nous lis...

Monkeypox : travailler ensemble différemment

Le choc a été tel chez les personnes infectées, elles-mêmes, parmi les soignants-es déjà mobilisés-es sur le VIH la Covid-19 et chez les autorités de santé (à tous les échelons et dans tous les secteurs) qu’il était logique qu’un atelier complet soit consacré à l’épidémie de Monkeypox (variole du singe) ; dont le premier cas a été signalé en France le 19 mai dernier. Dans le cadre de la SFLS, c’est l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France qui a organisé le débat, alternant les aspects méthodologiques de suivi de l’épidémie, ou de la mise en place de la vaccination, des éléments de pratique clinique et des constats et analyses quant à l’impact de cette épidémie de plus, sur des groupes déjà largement affectés par la crise de la Covid-19… pour ne citer que la plus récente. Dans son introduction, le docteur Luc Ginot (directeur de la Santé publique à l’ARS Île-de-France) a rappelé que « cette affaire était survenue brutalement », pointant qu’il était probable qu’un tel phénomène soit amené à se reproduire et que nous devrions, à l’avenir, apprendre à gérer des crises plus fréquentes. Le médecin de santé publique a souligné « l’impact social du Monkeypox dans les communautés concernées » et mis en évidence l’apport de la lutte contre le VIH (épidémie ancienne) et celui de la crise de la Covid-19 (plus récente), qui a permis « de capitaliser ». Autrement dit, les acquis de la réplique à ces épidémies ont permis d’avoir une meilleure réponse (tous-tes acteurs-rices confondus-es) à l’épidémie de Monkeypox. De son point de vue, la collaboration pouvoirs publics et communautés (les personnes concernées) a sans doute pu générer, de part et d’autre une « forme de frustration ». Par exemple, il n’est pas certain que le travail des pouvoirs publics (et donc les décisions prises) ait toujours été compris, ou accompagné de façon optimale. Il note que nous aurions tous et toutes intérêt à travailler dans la controverse, comme cela se pratique eu Québec. C’est-à-dire : être capable d’entendre les arguments des uns-es et des autres, leur logique et d’arriver à un consensus. Ce qui est sûr, pour lui, c’est qu’il n’est plus possible aujourd’hui de faire de la santé publique (sous-entendu, efficace) sans associer les communautés concernées. « Il faut apprendre à mettre en partage les difficultés matérielles, logistiques », a indiqué le médecin, mettant en avant la « plasticité des institutions face aux épidémies. Il faut comprendre dans ce concept, l’idée d’une « adaptabilité » plus grande de ces dernières à faire face à l’inattendu ; et cela dans un contexte de « porosité entre les responsabilités des pouvoirs publiques et les responsabilités citoyennes.

Monkeypox : une épidémie sous surveillance

Médecin de veille sanitaire, la docteure Laura Reques (DVAGS, DVSS) a retracé la méthodologie de surveillance mise en œuvre en Île-de-France concernant l’épidémie. Auparavant, elle a pointé une similitude entre l’épidémie de Monkeypox en Europe et celle constatée dans la région francilienne. Selon les données de l’ECD (Europe), on dénombre 35 375 cas en Europe, dont 98 % concernent des hommes, 80 % des hommes âgées de 10 à 44 ans, pour un total d’hospitalisations de 7,2 %. En France, 4 097 cas ont été recensés. Ils concernent à 61 % l’Île-de-France ; 97 % sont chez les hommes, majoritairement HSH. L’âge médian est de 36 ans ; 2,2 des cas ont fait l’objet d’une hospitalisation. Laura Reques a expliqué comment nous étions passés-es d’une surveillance renforcée dans la première partie de gestion de l’épidémie à une évolution vers une déclaration obligatoire (DO). Dans sa présentation, la médecin de veille sanitaire a mis en avant des éléments intéressants tous les acteurs-rices de la réponse à cette épidémie ; par exemple, le fait que la surveillance via les laboratoires ait été plus exhaustive que la déclaration obligatoire ou encore qu’il y a eu des « difficultés à identifier et tracer les sujets contacts (notamment les partenaires sexuels-les) des personnes infectées, ce qui est un frein à la maitrise de l’épidémie. Elle a noté aussi qu’au fur et à mesure de l’évolution de la surveillance il y a eu une « perte de finesse dans la caractérisation de l’épidémie » ; autrement dit, le fait de savoir qui étaient précisément les personnes infectées : personnes cis ou transgenres, niveau de précarité, contexte de travail du sexe, etc.)

Monkeypox : de la clinique aux conséquences sociales

C’est à partir des données de la file active suivie à l’hôpital Bichat (AP-HP, Paris) (390 personnes ayant eu une PCR Monkeypox positive) que le Dr Nathan Pfeiffer-Smadja, médecin infectiologue, a présenté les éléments de la prise en charge des cas. Des éléments qui portent sur la localisation des lésions (mains, membres, torses, bouche, œil, appareils génitaux, anus….), les formes sévères (lésions surinfectées avec nécessité d’interventions chirurgicales, pneumonies, sepsis, lésions oculaires et buccales, etc.) et les infections sans symptômes. Le médecin — à grand renfort de photos, parfois dures à supporter — a surtout insisté sur la difficulté à poser un diagnostic dans certains cas, tant certains signes cliniques peuvent évoquer d’autres maladies. Dans ces cas, c’est le diagnostic différentiel (   ) qui permet de lever l’hypothèse en s’appuyant sur le contexte. Ainsi, une manifestation dans la gorge pouvant laisser penser à une angine prendra un tout autre sens si le médecin entend son patient est un gay qui a des relations avec plusieurs partenaires. « Le contexte, le contexte, le contexte » a d’ailleurs souligné le médecin.

Antonio Alexandre, directeur de l’Enipse, a rappelé la stratégie « d’aller vers » et de « ramener vers » mise en place par sa structure. Constatant « sur le terrain » que la communauté HSH changeait peu ses comportements sexuels, la structure a d’abord mobilisé les personnels des établissements de sexe et de fête pour qu’ils se vaccinent. Parallèlement, elle a via son réseau largement informé les clients-es sur l’importance de la vaccination préventive. L’Enipse a aussi souhaité que cette approche sur le Monkeypox ne se fasse pas au détriment d’opportunités de dépistages des IST, dont le VIH, ou de proposition d’orientation vers la Prep pour celles et ceux qui pourraient en avoir besoin. Responsable du Pôle prévention à Acceptess-T, Lazslo Blanquart est revenu sur la gestion de cette épidémie par l’association trans. « Des personnes sont arrivées avec des symptômes ; des salariés-es de l’asso ont été également touchés-es », a-t-il expliqué, rappelant que des actions d’informations (affichage, bouche à oreille, réseaux sociaux) ont été rapidement mises en place. Des actions de dépistages ont été menées au Bois de Boulogne avec la Croix rouge, des créneaux de vaccinations ont été mis en place à Bichat, partenaire hospitalier de longue date de l’association. Côté constats, Lazslo Blanquart rappelle qu’il y a eu une bonne mobilisation générale, même si cela a été compliqué au milieu de l’été avec d’une part les vacances et d’autre part la nécessité pour certaines personnes TDS d’avoir à se rendre à l’étranger pour y travailler. Faute de moyens logistiques, il n’a pas été possible de procéder à des vaccinations préventives au local d’Acceptess-T, ce qui a sans doute constitué une perte de chances d’accès à la vaccination pour nombre de personnes. Tout comme avec la Covid-19, l’impact du Monkeypox a été dur, avec son lot d’isolement, de renforcement des difficultés économiques et sociales. Par exemple, comment travailler lorsqu’on a des symptômes et qu’aucune protection n’est assurée pour pallier l’absence complète de revenus ou ressources ? Il y a eu les conséquences immédiates d’une absence de filet de secours (parce que l’État n’a rien prévu) et celles qui sont encore craintes : comme de perdre son outil de travail même après la période de contamination. « Nous avons l’impression que près de 80 % des personnes TDS qui avaient peu de symptômes ont été contraintes de travailler » faute de solutions permettant d’avoir des ressources de secours permettant de faire face à un arrêt de l’activité, a souligné Lazslo Blanquart

Monkeypox : le début de la fin ?

Pas de réponse précise chez les experts-es du panel organisé par l’ARS Île-de-France. On note qu’il n’y a plus de cas en Île-de-France depuis trois semaines, c’est un bon signe. Reste que rien n’assure, à ce stade, que l’épidémie va être éradiquée chez nous, même si certains-es experts-es se montrent confiants-es vers une sortie de crise.

 

Sexologie et santé sexuelle
Agnès Daniel, présidente de la région Auvergne Rhône Alpes de AIDES et Secrétaire générale adjointe de l’association, a suivi les échanges du workshop du Réseau de Santé sexuelle public (RSSP) présentant la sexologie dans des parcours de santé sexuelle. La première partie a été très didactique et pédagogique en rappelant ce qu’était le RSSP (association francilienne créée en 2017), la sexologie, etc. Les deux intervenantes ont fait quelques rappels comme celui concernant la nécessité d’« adapter la santé sexuelle aux populations les plus vulnérables et les plus discriminées » ou encore le fait d’« aborder la question de la sexualité et de la santé sexuelle lors de consultations médicales », etc. Elles pensaient n’avoir face à elles que des professionnel-les de santé ! En tant que militant-e de AIDES, parler de sexualité n’est pas trop la difficulté. La seconde partie de ce workshop fût nettement plus surprenante. Trois présentations : deux faites par des sexologues et une par un médecin. Consultations de sexologie dans un Cada (centre d’accueil de personnes demandeuses d’asile) en direction des personnes LGBTQIA+ et l’autre dans un service hospitalier. Mais la cerise sur le gâteau fut l’intervention du médecin, militant dans une association LGBTQIA+, qui a tenu un discours sur la Prep, d’un autre temps. Il trouvait surprenant que les hommes migrants HSH qu’il rencontrait dans l’association où il milite veuillent avoir accès à la Prep. Lui, dans certaines situations, disait ne pas être favorable à la prescription de la Prep. Inutile de vous dire que dans l’assistance qui comptait un certain nombre de militant-es de AIDES ça commençait à s’agiter ! Au cours de mes années de militantisme, des idioties j’en ai entendu, mais, là, refuser la prescription de Prep, jamais !

 

Bilan et avenir des Corevih
Tradition oblige, en amont du congrès annuel de la SFLS, se déroule toujours le forum Corevih ; un événement important qui réunit tous-tes les acteurs-rices mobilisés-es dans les Corevih (coordinations régionales de lutte contre le VIH). Souvent méconnues, mais importantes, les Corevih sont des instances de démocratie sanitaire, mises en place suite à la loi Kouchner de 2002, qui permettent aux représentants-es des usagers-ères du système de santé issus-es des associations habilitées d’y être nommés-es. Ils-elles y travaillent avec des représentants-es des collèges soignants-es, médecins hospitaliers-ères, et professionnels-les du champ médico-social. Leur mission principale est de coordonner à l’échelle régionale, en lien avec les Agences régionales de santé (ARS) et l’ensemble des acteurs-rices impliqués-es dans les territoires (villes, établissements pénitentiaires), associations, hôpitaux, établissements médico-sociaux dont les Csapa (Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie) et Caarud (centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues) et d’autres encore la politique de santé en matière de lutte contre le VIH, de santé sexuelle, de coordination des Ceggid (Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic) selon les régions. Cette année, le Forum entendait dresser le « bilan de l’année du groupe d’interface nationale ». Ce forum a notamment parlé du devenir de ces instances régionales de démocratie sanitaire. Une mission de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales, ndlr) est diligentée. Elle a pour objet d’émettre des « préconisations sur l’organisation de l’offre en santé sexuelle en France pour la rendre plus lisible, accessible et mieux coordonnée ». Ce rapport servira de base au ministère de la Santé pour définir le nouveau périmètre des missions des Corevih pour les prochaines années, missions qui pourraient donc évoluer… ou pas, selon l’arbitrage des pouvoirs publics et des acteurs-rices concernés-es. Une crainte cependant : que le VIH soit « solubilisé » dans la santé sexuelle et ne soit plus, en tant que tel, une priorité de santé publique, alors que tous les voyants épidémiologiques clignotent !


Agnès Daniel, Jean-François Laforgerie, Fred Lebreton et Christian Verger