Sida info service : l’avenir en suspens(e)

Publié par Mathieu Brancourt le 12.03.2016
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Politiquesida info service

Fin février, l’association connue pour sa ligne d’écoute et de prévention sur le VIH, annonçait être en cessation de paiement, faute de pouvoir régler ses créances ; elle demandait à être placée en redressement judiciaire. Jeudi 10 mars, le Tribunal de grande instance de Paris a accédé à cette demande, sauvant provisoirement une structure dont la gestion comptable est critiquée en interne. La direction, elle, réfute en bloc et accuse l’Etat et la baisse des financements publics. Récit.

Une des plus anciennes associations de lutte contre le VIH dans la tourmente. La gestion financière de Sida info service (Sis), célèbre pour sa ligne téléphonique de soutien et d’information du même nom, est sous le feu des projecteurs, suite à la cessation de paiement annoncé le 23 février dernier par le média LGBT Yagg. Le jour même, SIS lançait une procédure de redressement judiciaire auprès du tribunal de grande instance de Paris, qui reportait sa décision au 10 mars. Aucune communication de l’association n’est intervenue jusqu’au 8 du même mois, où Sida info service a organisé une conférence de presse seulement ouverte aux journalistes. Mais comment en est-on arrivé là ?

La direction de Sis à boulets rouges contre l’Etat

Face aux médias, la direction est droite dans ses bottes. "L’Etat est responsable de notre situation et de la demande de redressement judiciaire", explique Gérard Desborde, président de Sis Association, qui rassemble les différentes entités et activités de la structure. Celui invoque la baisse "drastique et constante" des subventions de l’Inpes (Institut national de prévention et d’éducation à la santé) depuis 2006, soit 30 % en neuf ans. Des subventions dont Sida info service est très dépendant. En effet, ces fonds publics représentent plus de 90 % du budget de la structure. Fin février, avec l’émotion suscitée par un péril imminent pour une association très ancrée dans le paysage de la lutte contre le sida en France, le directeur de l’Inpes François Bourdillon avait annoncé le déblocage immédiat d’un acompte d’un million et demi d’euros, afin de permettre à la structure de régler les salaires de février aux employés. Cette enveloppe vitale était conditionnée à une inspection de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), afin de comprendre les raisons de cette impasse financière.

Si la direction invoque la responsabilité de l’Etat, elle réfute toute forme de mauvaise gestion. Pendant la conférence de presse du 8 mars, elle a tenu à répondre "point par point" aux accusations parues dans la presse. Un rapport, commandité par le comité d’entreprise (CE) de Sis, avait pointé des retards comptables fréquents, l’opacité financière et des mouvements de trésorerie entre les différentes entités de la structure. Ce rapport critique du cabinet 3EC, rendu à la direction en novembre 2015, a été contesté par Patrice Gaudineau, directeur général de Sida info service. "Aucune défiance comptable n’a pu être constatée", à l’aune d’une évaluation de ce rapport à charge demandée par le Conseil d’administration. Décaissement des fonds, gestion des assurances, absence de directeur administratif et financier durant plusieurs mois ou manque de contrôle externe : cette évaluation est tout aussi critique sur le rapport que celui-ci l’était contre les gestionnaires en place. "Les faits invoqués par le rapport 3EC ne sont pas étayés, soit inexacts, soit caducs", avance Patrice Gaudineau. Ce dernier indique avoir mis en place l’ensemble des mesures d’économies demandées en 2006 par l’Igas et l’Inpes. Ce qui s’est traduit par une forte augmentation de la productivité des écoutants, un déménagement des locaux, et une réduction de 20 % de la masse salariale. "Si la gestion avait été mauvaise, nous ne serions même pas là pour en parler", se défend encore Patrice Gaudineau.

Evidemment, autre son de cloche chez le syndicat majoritaire et le CE, qui ont dénoncé le "show médiatique" et la "débauche financière" en ces temps de crise. Dans leur communiqué, ils s’inquiétaient "d’un risque de plan social concernant 37 personnes, de la liquidation judiciaire [qui n’a pas eu lieu] et d’une casse de l’identité et du savoir-faire de Sida info service". Le Comité d’entreprise insiste aussi sur l’inertie de la direction, alors qu’il avait lancé une procédure d’alerte dès mai 2015, ainsi qu’une motion de défiance envers la direction. Invitant "la direction de Sida info service à revenir à la réalité, à prendre ses responsabilités et à construire enfin un plan d’action qui dépasse une polémique stérile".

Avenir en suspens

Paroles contre paroles, c’était au tribunal de trancher et de donner un avenir ou non à Sis. Le 10 mars, le tribunal de grande instance de Paris a placé Sida info service en redressement judicaire, sous la responsabilité d’un administrateur judiciaire. Une décision saluée par la direction. "Nous allons maintenant pouvoir, avec le soutien de l’administrateur judiciaire, étudier les mesures qui nous permettront d’assurer la pérennité de notre mission de prévention". Mais au constat de dépendance actuelle de Siss devant les fonds publics et leur moindre montant, il y a fort à parier que ces mesures auront des conséquences sociales. Une mission de l’Igas doit rendre ses conclusions fin mars. Le suspense demeure.

Commentaires

Portrait de caliméro75

sa serais dommage ci sida infos doit fermer c'est portes.

sida infos service ,a répondu a mes questions quand j'ai apris étre séropo .ci elle devez  fermer  il vas avoir  un manque pour les personnes qui je pose des question sur le vih.

elle doit peux ètre changé ça maniére de comuniquer  ,et de mieux tenir leurs compte financier 

Portrait de jean-marc

Ils ont été là et m'ont soutenu quand j'ai appris ma séropositivité. Je n'oublierai jamais le soutien qu'ils m'on apporté.

Les seules personnes vers qui je pouvais me trouner au début.

Ils sont bien et font un travail formidable.

Espérant que Sida Info Services trouvera des solutions et ne fermera pas.