Sida : une étude souligne l'intérêt d'un traitement précoce des enfants infectés

Publié par jfl-seronet le 10.09.2013
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Un traitement temporaire précoce des enfants séropositifs pour le VIH permet de retarder à la fois l'instauration d'un traitement à vie et la progression de la maladie, selon une étude publiée jeudi 21 août dans la revue médicale britannique "Lancet".

A peine plus d'un quart des enfants séropositifs dans le monde bénéficient de traitements anti-VIH, malgré les efforts de financement développés ces dernières années. Du coup, des chercheurs sud-africains ont étudié l'intérêt d'un traitement temporaire précoce sur 377 bébés séropositifs recrutés en 2005 alors qu'ils étaient âgés de six à douze semaines. L’objectif, indique l’AFP dans l’article qu’elle consacre à ce sujet, était de voir si un traitement précoce temporaire permettait de retarder l’entrée dans le traitement (qu’il faut après continuer à vie) et de retarder la progression de la maladie… donc la nécessité de se traiter. Un premier groupe de nourrissons a reçu un traitement précoce contre le VIH de 40 semaines (10 mois), un second un traitement précoce de 96 semaines (24 mois), tandis que le traitement du dernier groupe a été retardé jusqu'à ce que des symptômes de la maladie apparaissent. Des résultats préliminaires publiés en 2007 avaient déjà montré que le traitement précoce réduisait le risque de décès et de progression de la maladie de 75 % par comparaison au traitement retardé, ce qui avait conduit l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à recommander l'instauration des traitements antirétroviraux chez les bébés séropositifs, dès lors que leurs CD4 tombaient en dessous d'un certain niveau.

Des résultats

Cinq ans après le début de cette étude, les résultats définitifs montrent que les enfants ayant reçu un traitement précoce se portent mieux que ceux ayant reçu un traitement plus tardif et que l'interruption de leur traitement leur a permis d'être moins exposés aux antirétroviraux, même si tous doivent désormais recevoir un traitement à vie.  "Un traitement précoce suivi d'une interruption est incontestablement meilleur et moins coûteux que de retarder le début du traitement chez les nourrissons", relève le Dr Avy Violari, l'un des co-auteurs de l'étude publiée dans la revue médicale britannique "Lancet", citée par l’AFP. Selon l'étude, le traitement précoce d'une durée de 40 semaines a permis de retarder en moyenne l'instauration du traitement à vie de 33 semaines, contre 70 semaines pour le traitement précoce d'une durée de 96 semaines. Chez les enfants non immédiatement traités, le traitement à vie a dû être instauré au bout de 20 semaines. Plus surprenant encore, une partie non négligeable des enfants ayant reçu le traitement précoce n'avaient toujours pas repris de traitement à l'issue de l'étude de 5 ans (19 % de ceux ayant reçu le traitement court et 32 % de ceux ayant eu le traitement long).

Des limites

Dans un commentaire joint à l'étude, Robert Colebunders (Université d'Anvers) et Victor Musiime (Université de Kampala, Ouganda) s'interrogent sur les conséquences éventuelles d'une interruption du traitement et relèvent que les régions pauvres d'Afrique ne sont pas en mesure actuellement de surveiller l'évolution des CD4 chez les enfants séropositifs. "Mais avec de nouvelles méthodes pour surveiller l'infection, l'arrêt des antirétroviraux après un traitement efficace pourrait devenir une option" ajoutent-ils. Selon des estimations de l'OMS, quelque 3,4 millions d'enfants de moins de 15 ans vivaient avec le VIH à la fin 2011, dont 91 % en Afrique sub-saharienne. La plupart ont été infectés par leur mère pendant la grossesse, l'accouchement ou l'allaitement.