Sida : une pilule qui réduit les risques de contamination... ça vous parle ?

Publié par Guillemette Quatremère le 14.05.2014
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InitiativePrEP

AIDES lance une enquête en ligne jusqu’au 31 mai 2014 sur un nouvel outil de prévention du VIH : la prophylaxie pré-exposition (PreP). Le questionnaire s’adresse aux personnes séronégatives pour le VIH (la participation est anonyme et cela ne dure pas plus de cinq minutes) et l’association mise sur le fait que les résultats seront utiles pour défendre les besoins de certaines personnes en matière de prévention ! Interview de Guillemette Quatremère, chargée de mission à la Mission Innovation Recherche Expérimentation (MIRE) à AIDES.

Pourquoi réaliser une enquête sur ce nouvel outil de prévention du VIH qu’est la PreP (prophylaxie pré-exposition) ?

Guillemette Quatremère : En fait, peu de données sont disponibles sur le nombre et les caractéristiques des personnes qui, aujourd’hui, connaissent l’existence de la PreP en continu en France, qui sont intéressées par la PreP en continu et/ou qui auraient l’intention d’entrer dans un dispositif dès que la PreP sera autorisée. C’est ce que nous cherchons à renseigner via cette enquête. Nous avons proposé un premier volet de l’enquête début avril en proposant un questionnaire papier aux personnes qui venaient faire un dépistage à AIDES. Et nous avons décidé d’élargir l’enquête pour aller au plus près des groupes pour lesquels cet outil a un intérêt très net (les personnes migrantes, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, etc.) et pour obtenir un nombre important de réponses car cela donne de la force aux résultats. Ceux qui ont déjà complété l’enquête papier n’ont pas besoin de remplir le questionnaire en ligne.

Tu parles de PreP en continu… comment définit-on la PreP ?

La PreP (prophylaxie pré-exposition) est une méthode médicale qui consiste à donner les traitements d’une maladie dans un but préventif : c’est  le cas, par exemple, des traitements contre le paludisme. Dans le cas du VIH, il s’agit, en bloquant le cycle de multiplication du virus, d’empêcher qu’il infecte l’organisme. La PreP s’inscrit ainsi dans l’usage du traitement antirétroviral comme prévention et participe à l’élargissement de la palette des outils de prévention. On parle de PreP en continu lorsque la PreP consiste à prendre un comprimé quotidiennement d’un médicament anti-VIH. On parle de PreP intermittente (ou "à la demande") lorsqu’il s’agit de prendre un comprimé quelques heures avant et après les rapports sexuels exposants comme cela est le cas dans l’essai ANRS-IPERGAY, actuellement en cours. Le médicament anti-VIH utilisé en PreP le plus courant est le Truvada. Ce moyen de prévention (PreP en continu) est déjà disponible aux Etats-Unis.

Petite précision, tu dis que la PreP n’est pas encore autorisée. Qui doit donner cette autorisation, dans quel délai et qu’est-ce que cette autorisation permettra ?

La PreP est déjà disponible aux Etats-Unis et au Québec. En France, les autorités sanitaires (l’Agence nationale de sécurité du médicament) ont été interpellées en 2013 afin de rendre possible la prescription de Truvada (le médicament anti-VIH utilisé en PreP le plus courant) dans les meilleures conditions possibles (encadrement, sécurité, prise en charge financière et évaluation). Nous attendons une réponse dans les prochains mois. Si la réponse est favorable, il sera possible d’avoir accès à la PreP. Il s’agira de prendre un comprimé (Truvada) par jour pour les personnes exposées au VIH. Nous souhaitons que cela prenne place dans un dispositif d’offre globale de prévention, c’est-à-dire associant un dépistage régulier du VIH, le dépistage et le traitement des IST, distribution de préservatifs, conseils adaptés aux pratiques sexuelles de chacun.

Pourquoi en France la PreP n’est-elle pas encore autorisée ?

Des controverses persistent autour de la PreP malgré la démonstration de son efficacité. Les réticences sont encore nombreuses, notamment de certains journalistes et médecins qui semblent penser que les gens vont massivement considérer la PreP comme une alternative aux préservatifs. Mais on sait que ce n’est pas le cas ! Pour se protéger du VIH avec un préservatif, il faut l’utiliser, et l’utiliser systématiquement. Or, on sait que certain-e-s n’utilisent pas ou peu de préservatifs. La PreP est un moyen de prévention pour ces personnes. De plus, il n’y aurait pas d’augmentation des rapports non protégés chez les personnes qui utilisent la PreP d’après différentes études. Enfin, l’expérience des deux premières années d’autorisation du Truvada aux Etats-Unis ne montrent ni engouement particulier pour la PreP de la part de personnes qui n’en auraient pas "vraiment besoin", ni une réduction de l’utilisation des préservatifs chez les personnes qui y ont recours. L’argument du coût est parfois avancé. Le traitement au prix actuel du Truvada pour un mois de prévention coûterait environ 500 euros, mais on ne sait pas encore quel sera le montant à la charge des personnes qui bénéficieront de la PreP. Pour la collectivité, la PreP a un coût, mais il reste inférieur à celui d’un traitement  à vie pour une personne qui s’infecterait par le VIH. De plus, on sait qu’il y a déjà des personnes qui utilisent de la PreP "en sauvage". Par ailleurs, le Conseil national du sida (CNS) et le groupe d'experts français sur la prise en charge du VIH se sont dits favorables à la mise à disposition de ce nouvel outil de prévention.

La PreP, est-ce que ça marche ?

Les données actuellement disponibles montrent que l’efficacité préventive est d’environ 90 % si le médicament est détectable dans le sang. Cette présence du médicament dans le sang dépend de la bonne prise de celui-ci. L’efficacité baisse rapidement si on ne le prend pas correctement. Mais la PreP ne permet pas de se protéger des autres infections sexuellement transmissibles (IST). La PreP n’est pas un outil de remplacement du préservatif comme moyen de protection. C’est un outil complémentaire. Elle s’adresse aux personnes séronégatives pour le VIH qui sont fortement exposées au VIH et pour lesquelles les stratégies de prévention traditionnelles ne conviennent ou ne suffisent pas, pour diverses raisons, à un moment de leur vie. La prise de la PreP peut s’accompagner, comme tous les médicaments, d’effets sur la santé moins souhaitables comme des effets indésirables et il peut y avoir un risque d’intolérance pour le rein et de diminution de la densité des os. C’est pourquoi la prise de PreP doit être accompagnée par un suivi médical (dépistage IST, surveillance de la tolérance rénale et du taux de calcium dans les os, surveillance des effets indésirables, etc.).

Traiter de la PreP sur un site comme Seronet ne coule pas de sources, cela suscite parfois des réactions. Pour être clair, des Séronautes qui vivent avec le VIH ne voient pas l’intérêt pour eux d’être informés sur une méthode de prévention destinée aux personnes séronégatives… En quoi est-ce utile que Seronet traite de ce sujet ?

Je pense que c’est important que les Séronautes connaissent les dernières avancées en termes de moyen de prévention du VIH parce que c’est un outil qui lutte contre l’épidémie. Et puis, la PreP peut être utile pour des personnes qui sont en couple sérodifférent et dont le partenaire séropositif n’a pas une charge virale indétectable. Nous voulons que les personnes puisent être éclairées sur les choix de prévention qui existent et qui sont les plus adaptés à leur situation personnelle. Or la PreP semble encore peu connue dans certaines communautés. Comme je l’expliquais plus haut, nous avons aujourd’hui peu de données concernant les personnes qui connaissent l’existence de la PreP en continu, qui sont intéressées par cette méthode de prévention, qui auraient l’intention de l’utiliser dès lors qu’elle sera autorisée. C’est pourquoi il est important de parler de l’enquête autour de nous.

Répondre au questionnaire.

Verbatim : commentaires de l’enquête Flash-PreP version papier
Une partie de l’enquête a été faite, en avril dernier, sur papier. Les personnes qui ont répondu avaient la possibilité d’écrire des commentaires. En voici quelques extraits. "Protocole très intéressant pour diversifier les possibilités en termes de prévention", explique l’un des répondants, un homme hétéro de 44 ans. Hétéro également, un jeune homme de 21 ans indique : "J'aime bien cette stratégie, plus facile à mettre en œuvre. Mieux adapté à la vraie vie. Aujourd'hui les gens ont de plus en plus de mal à mettre des capotes. A développer le plus rapidement possible". "Stratégie pertinente à développer le plus rapidement possible. Attendons impatiemment son arrivée en France", indique un autre jeune homme de 18 ans. Agé de 62 ans, un autre participant explique : "Je pense que le traitement expliqué puis mis en pratique sera un bien pour l'avenir de cette maladie et sur la médecine". "Très bonne initiative, il faut que cela soit en France le plus vite et que cela soit abordable", explique un participant, gay, de 41 ans. Pour un autre encore, lui aussi gay, 32 ans, la PreP suscite bien des questions : "Quels sont les effets secondaires du Truvada ? Quel recul avons-nous et quels effets sur le corps et le cerveau à court, moyen et long termes ? Quelle part active les labos pharmaceutiques prennent-ils dans ce futur dispositif ?"

Commentaires

Portrait de Cherche à comprendre

Est ce réellement nécessaire de commencer à donner à la population des molécules chimiques, qui nous le savons déjà, sont des bombes à retardement....

Jai 44 ans et cela fait des années que je n'ai plus entendu des messages sur la prévention. Nevoudrait il pas commencer par cela...

Portrait de bernardescudier

 Comment justifier des medoc avec des personnes non infectees par le Vih ?

 Comment justifier des programmes de sante et de prevention aussi couteux ?

 Si vous avez des reponses, donnez les moi svp, svp !

Portrait de Muffin64

Toujours le fric que ça rapporte. 

Portrait de Sophie-seronet

... qui sont évitées pour ceux qui n'utilisent pas systématiquement le préservatif !

On peut certes leur jeter des pierres ou leur proposer une solution alternative.

Bonne journée. Sophie

Portrait de Muffin64

et dangereuse. Je ne suis pas du tout d'accord Sophie même si je comprends ton raisonnement. Je sais que le but soit disant est d'éviter les contaminations. Mais même en rabachant qui faut mettre un préservatif ou en donnant ces pilules magiques mais qui ne sont pas sans effets secondaires et qu'il faut prendre avant de prendre chaque risque. Je pense que le but est de vendre plus de médicaments et de ramasser un maximum de fric c'est tout. Je trouve stupide de faire prendre des médicaments anti-hiv a des personnes qui sont en bonne santé, séronégative et non malade. Voilà. Je défendrai mon point de vue jusqu'à la mort. Je sais de quoi je parle avec ces putains de médicaments ... Inadmissible deontologiquement car on bousille la santé et le corps de personnes saines et stupide je le redis grrrrr. Autour de moi en tout cas pour une fois les médecins que je côtoie sont plutôt de mon avis. 

Portrait de Sophie-seronet

Hello,

Chaque personne qui souhaite se tourner vers la Prep est particulièrement bien informée, c'est une chance en plus de ne pas se faire contaminer et qui n'est jamais proposée en opposition au préservatif.

C'est un outil de plus à la palette de la prévention combinée.

C'est une liberté individuelle en plus, un choix que chaque personne séronégative qui s'expose particulièrement au risque pourrait faire, ou non, pour se protéger.

Pourquoi vouloir décider pour autrui ?

Et pour parler de la question du coût, ça coutera toujours moins cher de fournir du Truvada en Prep même sur le long court que de traiter une personne séropositive à vie.

Bises. Sophie

Portrait de Muffin64

Tu n'empêcheras jamais les nouvelles contaminations. Il y en aura toujours. Quoique tu fasses. Je dis que donner des médicaments a des personnes non infectées est une folie et non déontologique médicalement. Relis le serment d'hypocrate. Qu'on commence a faire sérieusement de la prévention et a inciter les personnes a se faire dépister. Ce serait la première des choses a faire. Pas de campagne tv en ce moment rien.  Faire prendre ou donner des médicaments a tous le monde c'est du n'importe quoi et les effets secondaires sont bien pire en coûts futurs que pour le coût  d'un séropositif a vie. D'ailleurs pourquoi parle t-on de cout pour les seropos cela n'a pas de sens. Il faut soigner, prévenir et guérir si on peut. Je ne décide pas pour les autres. Encore faut- il qu'on écoute les seropos. Prendre des médicaments n'est pas anodin et c'est trop facile. Les séronégatifs et les populations dites a risque (je n'aime pas du tout cette espèce de stigmatisation)  ne demandent qu'à être informés et bien conseilles. Désolé 95 % des français sont incapables ou se trompent encore en 2014 pour dire comment on se contamine pour le hiv ou des hépatites.  La faute a qui? Je sais que je ne mourrai pas du sida en 2014 mais a quel prix pour ma sante,  organes, ma vie sociale et personnelle... jusqu'à quand mon corps va tenir? Certainement pas longtemps si on ne trouve pas autre chose que les médicaments (je rappelle qu'ils ne nous guérissent pas). Alors on fait quoi on ne cherche plus, tout va bien et on se contente des médicaments pour tous??? 

Portrait de alsaco

si je comprends bien  AIDES  prone  le sans - capotes   mais avec TRUVADA    quelle abérration !!!

les personnes a risque  consomment donc bcoup de sexe   ( sauna, endroits de drague  etc )   Or dans ces endroits   les sero +  sous trt  ne sont +  contagieux    ( trt   résultats sang  etc  charge  virale )

Tout le monde sait que les infections  sexuellement  transmissibles   ( herpes - clamydia -  syphilis )  sont légions   dans les temples  gay .

Un mec sous TRUVADA  en préventif   va  en + se coltiner  tous les effets secondaires  du médicament   -   TRUVADA   est considéré  déja comme un POISON    par pas mal de spécialistes 

La prévention est un échec  Notable  et retentissant    -  Un seul échappatoir   la vie en couple  !!!!  - mariage pour tous

Portrait de frederic16

Sophie a raison pour la controlabilité et le cout.AMITIE

Portrait de bernardescudier

De savants sociologues  nous informent sur le mariage du Bareback et du Truvada ?

Wouah ! Quelle chance !

On se controlle, on se controle. Beau mantra ! Avec des pillules !

Portrait de alsaco

belle formule 

Portrait de Sophie-seronet

Aides n'a jamais proné la Prep versus la capote, je l'ai dit dans mon post précédent, il s'agit de prévention combinée.

Mais qu'est-ce que vous proposez pour les personnes qui n'utilisent pas le préso et qui sont parfaitement au fait des risques qu'elles prennent ? Parce que la Prep, c'est celles-là qu'elle vise, ce n'est pas une prévention tout public !

La Prep n'est pas une solution pour tous, c'est une proposition ciblée qui oui , je crois, peux éviter des contaminations. Et en cela c'est une forme de prévention qui je le répête ne s'oppose pas au préservatif.

Rappelez-vous de l'arrivée du TPE (traitement post-exposition), beaucoup hurlaient à la dérive... Il a parfois fait ses preuves, ce qui est sûr c'est qu'il n'est pas devenu un mode de prévention pour tous !

A méditer...

Bises. Sophie

Portrait de Muffin64

Oui moi 3 ans de trithérapies et mes reins chargent. Et toutes les trithérapies ont le truvada. Je fais de nouveau une prise de sang demain. Je te le redis Sophie cette solution est stupide et inadaptée, coûteuse et dangereuse. Tu connais le coût des dialises? Les gens qui ne veulent pas utiliser le préservatif et veulent prendre des risques ça relève plutôt de psychiatrie et de l'addiction que de la prévention. Il faut les prendre en charge.  En fait leur donner le Truvada c'est cautionner ce qu'il font et surtout s'en debarasser pour dire que tout est résolu et qu'on passe a autre chose car on n'arrivera a rien avec eux. D'autant plus qu'il y a souvent des problèmes d'alcool ou de drogues récréatives  en plus. Ça donne quoi tout ce cocktail avec le Truvada?? Sophie hein!!! Des coûts supplémentaires a terme pour la sécurité sociale que les labos veulent démanteler . Donc rien de bon ni pour nous seropo+, les séronégatifs et notre société.

Portrait de bernardescudier

Merci pour ce post Muffin ! Cest un vrai temoignage. Parlons simplement en n utilisant pas des abreviations medicales !

Meditons ! Ne faisons pas de la sociologie de Bazar !

Meditons sur les savants sociologues !

Portrait de WhiteAngel

que j'en ai parlé et à l'époque je m'étais faite virer.

Il ne s'agit pas de prendre ce traitement pour s'amuser ou pour le troquer contre une capote.

Je ne pense pas qu'il remplace la prévention ou qu'il soit fait pour aller s'éclater dans des partouzes.

Mais pour une vie de couple séro-discordante, je pense que ce médicament peut être utile. Pour ma part, je préfèrerais prendre un traitement qui, certes, n'est pas anodin pour l'organisme et rester séro- ,plutôt que risquer devenir séro+ et devoir prendre, par conséquent, ensuite, une panoplie de ARV.

J'entends bien ce que dit Sophie.

Ensuite, bien sûr, que ce médicament n'est pas un bonbon et que sa prise doit être réfléchie avec le médecin prescripteur.

Quant au prix, cher oui, mais moins qu'un traitement à vie si la personne devient positive au HIV.

Si je devais à nouveau être confrontée à une vie avec un séro+, j'en discuterais avec lui et l'infectio avant tout abandon du préservatif.

C'est un choix et une décision personnels.

Portrait de bernardescudier

De nos jours si ton copain est seropositif, et s il prend de la tritherapie qui le rend indectectable, tu peux baiser sans prendre de Prep ? Tu vois la science avance ? Mais si je me trompe, dis le moi ................

Portrait de WhiteAngel

de "si" !!!

Ce n'est malheureusement pas le cas de tout séropositif.

Comme je l'ai dit, c'est à réfléchir selon le cas.

Je donne mon avis sur l'article, c'est le but de sa mise en line ici.

Portrait de bernardescudier

Dans tous les cas, le preso c est le mieux, copain ou pas