Sida : une urgence pour la Francophonie

Publié par jfl-seronet le 28.11.2016
4 379 lectures
Notez l'article : 
0
 
Mondeprévalencepréventionaccès aux soins

A l'occasion du dernier sommet de la Francophonie 2016 qui s’est tenu à Antananarivo, capitale de Madagascar, du 22 au 27 novembre dernier, la société civile dans la lutte contre le sida de l'Océan Indien, sous l'égide du réseau Ravane Océan Indien, a décidé de mettre en lumière les problématiques spécifiques de Madagascar et d'interpeller les décideurs politiques. Explications.

"Si la Francophonie œuvre avec persévérance et intelligence à son rayonnement qu’il soit économique, culturel ou encore scientifique, elle ne peut faire l’impasse sur le sida". D’entrée de jeu, dans leur Déclaration (1), les représentants de la société civile de la lutte contre le sida dans l’Océan Indien, sous l’égide du réseau Ravane OI, expliquent pourquoi ils montent au front sur le VIH et se saisissent de la tenue de ce sommet pour "mettre en lumière les immenses enjeux de santé publique qu’il reste à relever (…) en particulier dans le monde francophone de l’Océan indien.

Pourquoi ?

"Parce qu’une pandémie aux effets meurtriers déstabilise, freine, voire paralyse, le développement de toute société", explique la Déclaration. A Madagascar, la situation est particulièrement alarmante. "Seulement 1 000 personnes sont actuellement diagnostiquées séropositives sur toute l’île alors qu’elles seraient en réalité 45 000 à vivre avec le VIH, selon les estimations de l’ONU". De fait, "Madagascar est l’un des pays ayant la cascade de prise en charge la moins efficiente au monde !" Ainsi, à chaque étape de la prise en charge, qui va du dépistage jusqu’à la prise régulière du traitement, il y a une perte extrêmement importante de personnes suivies. Au niveau mondial, la lutte contre le sida a fait de remarquables progrès. A l’échelle de la planète, le nombre de décès a chuté de 42 % depuis le pic de 2004. Le nombre de nouvelles infections a également baissé de 35 % depuis 2000 et même de 58 % parmi les enfants, rappelle le texte du réseau Ravane OI.

On sait qu’un "monde sans sida est désormais envisageable sans attendre l’arrivée d’un vaccin miracle". La feuille de route à suivre consiste à rendre la mise sous traitement systématique afin de raréfier les nouvelles infections et bloquer la propagation du virus. Les traitements antirétroviraux actuels permettent en effet de garder les personnes vivant avec le VIH en bonne santé et d’empêcher de nouvelles transmissions.  Et la Déclaration d’expliquer : "C’est la santé de tous qui est mise en danger par les ruptures d’approvisionnement. Sans traitements réguliers, les [personnes vivant avec le VIH, ndlr] peuvent développer et propager des formes plus résistantes du virus.

Quand on voit que les cartes téléphoniques sont disponibles partout dans le pays, y compris dans les endroits les plus reculés, n’y a-t-il pas des solutions à développer pour assurer un acheminement sûr et efficace des traitements contre le sida ? D’autres pays de la zone francophone (Mali, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Burundi, République Démocratique du Congo, etc.) permettent aux associations communautaires de dispenser des antirétroviraux par des médecins référents, avec bien souvent de meilleur taux de rétention dans le soin". Ce n’est pas le cas à Madagascar.

"ll est urgent d’agir au risque que l’épidémie du VIH n’explose sur l’île !"

Avec cette Déclaration, les représentant-e-s de la société civile de la lutte contre le sida dans l’Océan Indien, appellent à :

● Une réelle politique de dépistage ciblant les populations les plus exposées au VIH, politique qui se fonde notamment sur l’expertise communautaire et associative
● L’accès efficient aux examens biologiques de base sur tout le territoire malgache : comptage de CD4 et examen de charge virale a minima
● L’accès réel aux traitements antirétroviraux de qualité sur tout le territoire national malgache pour toute personne qui en aurait besoin, en s’inspirant de l’expérience du secteur privé, comme de celle des associations communautaires.

(1) : La Déclaration d’Ivato 2016 de la société civile de lutte contre le sida dans l’Océan Indien est à l’initiative de Ravane OI, réseau d’associations et de personnalités engagées dans la lutte contre le VIH/sida, créé en 2014 à la Réunion et présent dans les sept îles principales de l’Océan Indien (Madagascar, Maurice, les Seychelles, Mayotte, Rodrigues, La Réunion et les Comores).