Slam, Chemsex : une étude pilote

Publié par Khafil Aymar Moudachirou le 02.05.2018
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SexualitéChemsexslam

Préparer un programme de réduction des risques (RDR) pour les personnes qui slament (1) et plus globalement pour les chemsexeurs (2) fondé sur l’analyse de produits, tel est l’objectif d’une étude pilote, conduite par le centre d’addictovigilance, en collaboration avec le laboratoire toxicologique de Lille, l’OFDT (Observatoire français des drogues et de la toxicomanie), le Caarud (3) AIDES Paris Les Halles et des médecins spécialisés en addictologie. Explications et résultats.

L’étude pilote s’est déroulée en trois étapes. Il y a tout d’abord eu la collecte d’échantillons de produits psychoactifs et l’évaluation des pratiques liées au chemsex via un questionnaire. Puis, il y a eu une analyse toxicologique à la fois qualitative et quantitative de ces échantillons pour évaluer l’adéquation "contenu-étiquetage" et faire un état des lieux des nouveaux produits de synthèse (NPS) en vente sur Internet et utilisés dans le chemsex. Enfin, il y a eu la restitution des résultats lors de "focus groups" (4) suivie d’une évaluation de l’impact de ces résultats sur les personnes usagères et sur leurs connaissances des produits.

De janvier à septembre 2016, 17 questionnaires d’évaluation de la pratique du chemsex et 31 échantillons ont été collectés. Lorsqu’on a demandé aux personnes utilisatrices quelles étaient leurs motivations d’usage de produits psycho-actifs en contexte sexuel, elles ont indiqué : la désinhibition et la recherche de plaisir (14 mentions), la prolongation du plaisir (11 mentions), faciliter la pénétration (6 mentions) et retarder l’éjaculation (4 mentions). Les échantillons collectés ont révélé la présence de différents produits comme les cathinones (alpha-PVP, 4F-PVP, PVP-8, 3-MMC, 2-MMC, 4-MEC, méthylone, MDPV), de la 2-FMA, de la méthamphétamine, de la 3,4-CTMP, de la 3-FPM et de la cocaïne. L’analyse toxicologique a montré une adéquation à 90 % entre le produit annoncé et la molécule identifiée et une variabilité de pureté élevée en particulier pour la 4-MEC (pureté allant de 13 % à 100 % selon les échantillons). Cette variabilité à la fois qualitative et quantitative participe à la dangerosité des produits.

Plusieurs focus groups organisés avec AIDES ont révélé grâce au questionnaire B (vrai/faux sur les connaissances en réduction des risques et les représentations des personnes usagères sur l’analyse de produits) un niveau de connaissances sur la  réduction des risques évalué à 9,4 sur une échelle de 12 avec une amélioration (5) en fin de session de l’opinion des personnes participantes sur l’analyse de produit (+1 point en moyenne) et sur leurs connaissances des produits (+0,6 point en moyenne). Une analyse du contenu des focus group a permis de montrer les différentes préoccupations des personnes participantes que l’on peut regrouper en quatre thèmes principaux : le comment ; le pourquoi ; les risques ; et les expériences émotionnelles positives et négatives.

L’analyse de produits comme outil de réduction des risques a montré un intérêt prometteur au regard de l’amélioration de l’opinion des personnes participantes au focus group sur l’analyse des échantillons collectés. Ces résultats qui participent à la réflexion en cours sur le chemsex, devraient permettre la mise en place en routine d’une démarche évaluée et validée de réduction des risques spécifique à ce public.

(1) : Le phénomène du "slam" désigne des pratiques d’injection de drogues chez les gays en contexte sexuel. Les slameurs sont les personnes qui pratiquent le slam.
(2) : Le chemsex (contraction de chemicals et de sexe) est le sexe sous produits psychoactifs. Les chemsexeurs pratiquent le chemsex.
(3) : Centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues.
(4) : Technique d’entretien de groupe ou un groupe de discussion qui consiste à rassembler plusieurs individus pour comprendre en profondeur leurs attitudes ou comportements à l’égard d’un sujet ciblé.  
(5) : Deux outils sont utilisés pour l’évaluation : un score d’impact "avant/après" sur la réduction des risques et l’analyse ; et l’élaboration d’une carte heuristique (représentation graphique des thèmes abordés autour du chemsex et du slam).

Commentaires

Portrait de Paco962

Ici dans le Pas-de-Calais, éloigné de Lille une fois le virus du VIH endormis, c'est un rendez-vous tout les 4 mois auprès du docteur, pour ce qui est des addictions avec des produits psycho-actif le nitrite de propyl, personne ne s'occupe vraiment du sujet, ou on nous prends pours des personnes faibles, alors que je peux y rester 1/2 mois sans y toucher, mais tant que je ne rencontrerai pas l'âme soeur qui saura me contrôler sur cette substance, je ne pourrai m'en sortir comme cela sur un claquement de doigts