Surdoses : nouvelle semaine de la naloxone

Publié par jfl-seronet le 31.08.2020
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Depuis 2001, chaque 31 août, se déroule la journée internationale de prévention des surdoses. Lancée en Australie par des militants-es de l’Armée du salut qui voulaient rendre hommage aux personnes victimes d’overdoses, cette journée est mieux implantée dans le monde anglo-saxon qu’ailleurs, mais elle est aussi célébrée en France. À cette occasion, AIDES lance sa seconde semaine de la naloxone.

En France, le nombre de décès dus aux consommations d’opioïdes (présents, entre autres, dans l’héroïne, le tramadol ou la codéine) s’élève à environ 400 par an. « Un chiffre tragique qui démontre l’inefficacité des politiques répressives en matière de drogue et l’inaccessibilité des outils disponibles pour pallier les décès par overdose. C’est le cas de la naloxone, antidote dont l’accès n’est toujours pas optimal pour les personnes usagères de drogues » dénonce l’association qui se mobilise du 1er au 4 septembre,à travers des actions partout sur le territoire pour rappeler aux pouvoirs publics que la « naloxone sauve des vies et que restreindre son accès tue ».

Naloxone en spray : des tergiversations intolérables !

Véritable outil de réduction des risques, dont l’efficacité est reconnue depuis des décennies, la naloxone permet de neutraliser les effets d’une surdose d’opioïdes et donc de sauver des vies. Le traitement était jusqu’à présent accessible à l’hôpital, dans les Caarud (centres d’accompagnements à la réduction des risques pour les usagers-ères de drogues) et Csapa (centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie) sous deux formes : par voie injectable en intramusculaire ou par spray nasal. Le laboratoire pharmaceutique Invidor, qui produit la naloxone en spray nasal - sous le nom commercial de Nalscue – a pris l’année dernière la décision de stopper la commercialisation du spray en France. « Les derniers stocks arriveront à péremption en décembre 2020. Nous ne pouvons que regretter que les parties prenantes ne soient pas parvenues à s’accorder pour maintenir le produit sur le marché et pour promouvoir sa distribution », explique le communiqué de AIDES.

Un nouveau spray nasal, le Nyxoid, sera certes mis sur le marché à l’automne 2021, mais que se passera-t-il durant cette période de carence de six mois entre l’arrêt de la naxolone et l’accès au Nyxoid. Il y aura alors une unique possibilité : le Prenoxad, qui s’utilise par voie intramusculaire pour faire face aux surdoses. « Ce mode d’administration, plus difficile à utiliser pour certains-es, peut également générer une réticence chez d’autres, les exposant davantage encore aux risques de surdoses. Nous regrettons fortement qu’aucune décision n’ait permis d’accélérer la mise sur le marché de ce nouveau spray, essentiel pour compléter la palette des outils de réduction des risques », note l’association.

Acteurs-rices-communautaires délaissés-es, usagers-ères en danger

Une fois la mise sur le marché du nouveau spray Nyxoid, après six mois sans alternative au Prenoxad, encore faudra-t-il pouvoir se le procurer… Le spray sera disponible uniquement sur prescription, ce qui exclut de fait la délivrance par les acteurs-rices communautaires non soignants-es. « Cette restriction est dommageable compte tenu de la relation privilégiée de ces acteurs-rices et des associations communautaires, comme AIDES, avec les personnes usagères, souvent éloignées du système de soin classique ». Elle va d’ailleurs à contre-courant des nécessités de santé publique. « Autre aberration, les services de premiers secours et les forces de l’ordre ne pourront pas administrer ce traitement alors qu’ils sont bien souvent les premiers-ères intervenants-es en cas de surdose aux opioïdes ».

La naloxone sera disponible en pharmacies de ville et d’hôpital, ainsi qu’en Csapa. En l’état actuel, l’obligation de prescription pose également question dans le cas des Caarud. « Très souvent, il s’agit de structures démédicalisées dont les acteurs-rices, non soignants-es, ne pourront pas prescrire le spray. Une solution doit donc être trouvée pour permettre un accès effectif de la naloxone dans ces structures essentielles aux personnes usagères de drogues. La mise sur le marché du Nyxoid est, en soi, une bonne nouvelle, mais les modalités de distribution qui l’entourent ne sont pas satisfaisantes : exclure les acteurs-rices communautaires et les premiers secours des réseaux de distribution, c’est restreindre l’accès à la naloxone à certains-es usagers-ères. Et mettre des vies en danger ».

Une semaine de sensibilisation

Toute l’année, les militants-es des Caarud de AIDES effectuent avec les personnes usagères un travail de sensibilisation et de réduction des risques liés à l’usage de drogues en proposant une large palette d’outils répondant à leurs besoins comme le dépistage, l’accompagnement et l’éducation aux risques liés à l’injection, l’analyse de produits ou la sensibilisation aux signes de reconnaissance des surdoses. Cette seconde semaine de la naloxone (1er au 4 septembre) sera l’occasion pour de nombreux lieux de mobilisation d’orienter leurs actions sur l’accès à cet outil auprès des usagers-ères et de leurs proches. Plusieurs lieux de mobilisation de AIDES, dans différentes régions, participent à la semaine de la naloxone 2020. En Pays de la Loire, à la Roche-sur-Yon, une communication autour de la naloxone est prévue durant toutes les actions de la semaine avec délivrance de kits de Nalscue. En Bourgogne Franche-Comté, à Besançon, une information sera faite auprès des personnes usagers-ères au cours des accueils durant toute la semaine, avec délivrance de kits. Est également prévu un temps de présentation et de formation en ligne pour les personnes usagères du Caarud via la plateforme naloxone.fr. Des temps d’animation dédiés à l’utilisation de la naloxone sont proposés dans l’ensemble des Caarud de AIDES en Limousin Poitou Charente (Nouvelle Aquitaine) : Niort, La Rochelle, Poitiers, Limoges, Angoulême. À Rennes (Bretagne), même opération avec distribution de kits durant les permanences d’accueil et les actions en extérieures. Les Caarud de Brest et Quimper proposent des ateliers de présentation et d’utilisation de la naloxone lors des permanences. Les Caarud de Metz, Nancy, Mulhouse participent à l’opération tout comme à Clermont-Ferrand ou encore Nîmes.