Syphilis : les ruptures de stocks vont-elles relancer une épidémie sous contrôle ?

Publié par jfl-seronet le 07.07.2014
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Thérapeutiquesyphilis

Dans un communiqué, le TRT-5 et plusieurs associations (1) s’inquiètent des conséquences de l’arrêt de commercialisation de l’Extencilline (benzathine benzylpénicilline) par le laboratoire Sanofi-Aventis, un traitement simple d’accès, de tolérance et d’administration contre la syphilis et en prévention des rechutes du rhumatisme articulaire aigu. Explications.

"Alors que l’Institut National de Veille Sanitaire note une recrudescence des cas de syphilis en France depuis le début des années 2000, les personnes pouvaient jusqu’ici disposer d’un traitement par administration d’Extencilline, un antibiotique produit par Sanofi, Le produit était accessible en pharmacie de ville et son administration, couplé à un anesthésiant pour limiter la douleur de l’injection intramusculaire, pouvait se faire directement chez le médecin de ville et avec un haut niveau d’efficacité", expliquent les associations.

"Pourtant dès le mois de septembre 2013 le laboratoire Sanofi annonçait l’arrêt de commercialisation de l’Extencilline, faisant suite à une série de difficultés rencontrées au niveau de sa chaine de production qui avait entrainé des risques de ruptures de stock signalés par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dès avril 2013. Pour assurer la continuité dans le soin, l’ANSM, dans sa note du 11 février 2014 recommande aux professionnels de santé faisant face à des ruptures de stock d’Extencilline d’orienter leurs patients vers l’hôpital pour se voir délivrer Sigmacillina, du laboratoire italien SigmaTau. Si cette solution permet d’assurer la continuité du soin, nos associations travaillant au plus proche des personnes concernées s’inquiètent des modalités d’accès à ce traitement", indique le communiqué.

Des points de vigilance

Ce sont les points suivants qui mobilisent les associations : "La délivrance de Sigmacillina à l’hôpital plutôt qu’en médecine de ville — en raison de l’absence d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour ce produit — ajoute une étape supplémentaire dans le parcours de soin, de nature à générer des perdus de vue ou des retards de traitement" ; "L’apparente impossibilité  d’administrer un anesthésiant conjointement avec le produit Sigmacillina. Nous redoutons l’impact de la peur de la douleur sur le non-recours au dépistage et/ou au soin de la part de personnes pourtant éligibles au traitement" ; "Compte tenu des deux précédents points, le choix de Sigmacillina dans ses modalités d’administration actuelles ne saurait s’inscrire dans la durée".

"Depuis de nombreuses années, nous constatons que les autorités publiques se contentent d’alertes laconiques adressées aux communautés les plus exposées au risque de contracter la syphilis. Nous nous élevons contre le fait qu’un système de soin simple et efficace de la syphilis laisse place à un dispositif complexe risquant d’éloigner les personnes infectées du dépistage et du soin, et ainsi d’alimenter une épidémie croissante", dénonce le communiqué. "Le groupe associatif TRT-5 réunissant les principales associations de lutte contre le Sida en France a interpellé par courrier l’Agence nationale de sécurité du médicament pour que soit rapidement trouvée une solution n’offrant aucune régression dans l’accès au soin contre la syphilis".

(1) : TRT-5, AIDES, SIS/Le 190, Sida Info Service, Actions Traitements.

Commentaires

Portrait de alsaco

l Hopital  propose en effet   Sigmacillina  Je crois que SANOFI  a arreté  la production   de ’Extencilline vu son faible PRIX  (Prix : 4.38 €)

Evidemment personne dans ce jeu de dupe ne veut reconnaitre ses responsabilités, ni Sanofi qui arrête sa production beaucoup plus probablement pour des raisons économiques (on peut trouver de la carmelose à 2,6 dollars le kilogramme directement online), ni l’ANSM, qui doit assumer au minimum une complicité dans la baisse massive des prix des médicaments conduisant de plus en plus fréquemment à des ruptures de stocks (surtout les produits injectables comme l’extencilline), puisqu’un industriel préfèrera vendre dans un pays qui payera mieux ses médicaments. Conséquence, les malades ne peuvent plus être traités, un nouvel exemple de la médecine low-cost s’installant en France. Environ 700 cas de syphilis sont détectés chaque année en France.

bonne journée