Syphilis : nouvelles ruptures d'antibiotiques

Publié par jfl-seronet le 10.12.2017
6 141 lectures
Notez l'article : 
5
 
0
ThérapeutiqueExtencillinebenzathine benzylpénicillinesyphilis

Des ruptures de stock du traitement de première intention contre la syphilis (extencilline, benzathine benzylpénicilline) sont attendues et devraient s'aggraver dans les prochaines semaines. L’Agence de sécurité du médicament (ANSM) a fait passer un message (23 novembre) à ce sujet. Explications.

Le 23 novembre, l’ANSM (Agence de sécurité du médicament) a fait passer une information concernant des difficultés d’approvisionnement en "benzathine benzylpénicilline". Ce médicament est un antibiotique de la famille des bêta-lactamines, du groupe des pénicillines (pénicilline à action longue). Il s’agit d’un antibiotique de référence dans le traitement de la syphilis et dans la prévention des rechutes du rhumatisme articulaire aigu. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a été informée par le laboratoire Sandoz d’une rupture de stock de cette spécialité à compter du début du mois de décembre 2017 et ce pour une durée d’au moins six mois. "Cette rupture de stock est liée à la combinaison d'un défaut de fabrication sur un lot chez Sandoz, l'absence de stock tampon et la situation de monopole de fait dans laquelle se trouve le laboratoire, faute d'intérêt de la concurrence pour ce produit peu rentable mais indispensable", explique Vincent Leclercq (représentant de AIDES au TRT-5).

L’ANSM a décidé, en attendant de nouveaux approvisionnements, que les spécialités de Sandoz concernées vont  de façon transitoire être uniquement dispensées dans les hôpitaux et mises à disposition dans les Cegidd (Centre gratuit d'information, de  dépistage et de diagnostic des infections par le VIH et les hépatites virales et les infections sexuellement transmissibles). Il ne sera donc plus possible de se procurer le traitement en pharmacie de ville. Cette situation devrait durer au moins six mois si des solutions alternatives ne sont pas rapidement trouvées.

Pour l’ANSM, il "est nécessaire de réserver la prescription [de ces spécialités, ndlr] aux seules situations cliniques pour lesquelles la possibilité d’utiliser des alternatives thérapeutiques ne serait pas adaptée aux patients". L’ANSM indique d’ailleurs aux professionnels de santé de "réserver la prescription des spécialités Benzathine benzylpénicilline Sandoz aux seules situations cliniques pour lesquelles la possibilité d’utiliser des alternatives thérapeutiques ne serait pas adaptée aux patients, en privilégiant le traitement de la syphilis".

Concrètement dans un premier temps les pharmacies hospitalières et les Cegidd vont prodiguer deux piqûres au lieu d'une seule car la rupture concerne le lot de la formule 2,4M qui se faisait en une seule injection : il faudra faire deux piqûres de 1,2M pour avoir la même dose d'extencilline. D’ici quelques semaines la rupture de stock sera généralisée à tous les dosages (y compris la nversion 1,2M) et au niveau mondial. "En cas d'indisponibilité du traitement de première intention, les personnes se verront proposer d'autres traitements alternatifs plus complexes à administrer, ce qui peut être à l'origine de retard d'accès au soin et de perdus de vue. Cette situation risque de provoquer de nouveau une recrudescence du nombre de cas de syphilis", explique Vincent Leclercq.

Le TRT-5 collectif interassociatif sur les traitements et la recherche thérapeutique, dont AIDES est membre, est en contact étroit avec l'ANSM pour suivre ce dossier. Plus que jamais le dépistage précoce est essentiel pour casser les chaînes de transmission, d’où la recommandation de prendre un rendez-vous en Cegidd pour un dépistage de la syphilis, a fortiori s’il n’a pas été réalisé depuis quelques temps.

De son côté, l’ANSM poursuit ses investigations afin de pallier l’indisponibilité de ces spécialités, notamment par la recherche de voies d’importation d’autres spécialités similaires. Des mesures complémentaires pourraient être prises en fonction de l’évolution de la situation, indique l’agence.