Tabac : ce qu’en dit le rapport d’experts 2013

Publié par jfl-seronet le 22.01.2014
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Thérapeutiquefumeurcigarettetabac

Important sujet de santé, la consommation de tabac fait l’objet d’un traitement spécifique et de recommandations dans le rapport d’experts Morlat 2013. Voici, extraites du rapport, les principales informations.

Des données sur la consommation

La consommation de tabac chez les personnes vivant avec le VIH (50 à 60 % selon les sources) est largement supérieure à celle observée dans la population générale (20 à 30 %). Dans la cohorte Aquitaine ANRS CO3 (qui suit depuis 1987 des personnes vivant avec le VIH), 47 % des personnes fument. Dans l’enquête ANRS VESPA 2, "la proportion de fumeurs atteint 38 % au niveau global", indique le rapport 2013. Elle est particulièrement élevée (77 % parmi les hommes et 80 % parmi les femmes) chez les personnes consommatrices de drogues par injection. Chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, la proportion est de 43 % ; elle est relativement faible parmi les personnes immigrées originaires d’Afrique subsaharienne (21 % parmi les hommes et 8 % parmi les femmes).

Des données sur les risques

Le risque de décès lié à la consommation de tabac est deux fois plus important chez les personnes vivant avec le VIH comparé à la population générale, rappelle le rapport 2013, qui enfonce bien le clou : "La consommation de tabac (…) constitue donc un problème essentiel dans la prise en charge de ces personnes et des mesures d’arrêt de la consommation de tabac doivent être impérativement proposées régulièrement au cours du suivi". Les experts pointent aussi que le tabac est un facteur de risque majeur au centre de nombreuses maladies (cardiovasculaires, ostéoporose, pneumopathies, bronchopathies chroniques et emphysème, insuffisances respiratoires chroniques, infections ORL, cancers des poumons, de la vessie, etc.), une proposition systématique de prise en charge doit être faite.

Les moyens de l’arrêt

"Les patchs et gommes sont utilisables en tant que substitut nicotinique. Le dosage proposé dépend du degré de dépendance à la nicotine et sera apprécié par le nombre de cigarettes consommées par jour", indique le rapport. Les experts indiquent qu’un dépistage de la dépression doit être proposé systématiquement. Ils rappellent qu’il "n’existe pas d’interaction entre les substituts nicotiniques et les antirétroviraux". En revanche, l’utilisation du Zyban (bupropion), médicament qui aide au sevrage du tabac, est "déconseillée en raison des interactions possibles" avec certains traitements. Un autre médicament, le Champix (varénicline), n’a pas ces interactions. Il fait l’objet d’un essai (INTERACTIV-ANRS 144), dont les résultats "seront connus dans le courant de l’année 2014". "La place de la cigarette électronique dans les stratégies de sevrage reste à préciser mais pourrait être une voie prometteuse", indique le rapport 2013.

L’art délicat de la prise en charge

"La maitrise de ce facteur de risque est difficile, en raison de facteurs psychosociaux intervenant à la fois, compte tenu du tabagisme et de l’infection par le VIH", avancent les experts. "Les thérapeutiques disponibles sont peu nombreuses, peu efficaces et la tolérance variable selon les individus. Ceci nécessite une prise en charge à la fois globale et multidisciplinaire, faisant intervenir un suivi spécialisé en tabacologie et une surveillance des troubles psychiatriques". Les experts entendent par là les troubles dépressifs. "Les échecs du sevrage tabagique sont nombreux, mais la probabilité de succès augmente avec le nombre de tentatives de sevrage", concluent-ils.