Test and treat : un essai ANRS démarrera en Afrique du Sud en 2011

Publié par Renaud Persiaux le 09.12.2010
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Mettre en place des dépistages massifs et traiter immédiatement les personnes dépistées séropositives, c’est le principe du « test and treat » (dépister et traiter). Une stratégie dont l’évaluation en vie réelle va démarrer très prochainement en Afrique du Sud à travers la phase pilote de l’essai ANRS 12249 –TASP (« treatment as prevention »), a annoncé l’agence publique le 29 novembre.
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Le principe est désormais connu : «  Le contrôle de la charge virale, induit par les antirétroviraux […] s’avère le facteur déterminant pour réduire, voire bloquer, la transmission du virus d’un individu à un autre », explique le communiqué de l’ANRS. « Peut-on imaginer que les antirétroviraux pourraient infléchir la courbe de l’épidémie au niveau d’un groupe, d’une population ? Si des modèles mathématiques tendent à conforter cette hypothèse, on n’en a cependant pas la démonstration scientifique sur le terrain. »
Obtenir une telle démonstration est le but de l’essai TASP, présenté par le professeur suisse Bernard Hirschel lors de la dernière conférence internationale sur le sida, à Vienne en juillet (voir article sur VIH.org). Le co-auteur de l’avis suisse de janvier 2008, le fameux pavé dans la mare qui a ouvert le débat sur le traitement comme prévention, précisait cet été que l’agence française n’avait pas les moyens d’assumer seule son coût et recherchait des co-financeurs.  
De fait, la phase pilote (3 millions d’euros) d’acceptabilité et de faisabilité, menée à partir de 2011, concerne 15 % de la population totale de l’essai (qui incluera 40 000 personnes au total). Si cette phase est concluante, celui-ci se poursuivra jusqu’en 2015, « sous réserve de compléments financiers internationaux ».


Qu’est-il prévu exactement ?
L’essai se déroulera au KwaZulu Natal, une région rurale d’Afrique du Sud très fortement touchée par l’épidémie : la prévalence y supérieure à 20%. Le dépistage du VIH y sera proposé systématiquement. Deux groupes de personnes seront ensuite aléatoirement distribués, en fonction de leur village : dans le premier groupe de villages, toutes les personnes dépistées séropositives se verront proposer une mise sous traitement immédiate ; dans le second groupe de villages, les personnes recevront le traitement en fonction de leur nombre de CD4, selon les recommandations sud-africaines. Toutes les personnes recevront une large gamme de moyens de prévention.
Les chercheurs sont François Dabis (Université Bordeaux II) et Marie-Louise Newell (Université du KwaZulu Natal), tandis que Bernard Hirschel préside le conseil scientifique de l’essai. Des discussions avec les autorités Sud-Africaines sont engagées pour définir les conditions optimales de réalisation de la recherche sur les plans politique et éthique.
Plus d’infos sur le site de l'ANRS