Traitements : le prix de la différence

Publié par jfl-seronet le 19.09.2009
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accès aux traitements
Une étude récente montre qu'il existe une très large variation de prix des médicaments anti-VIH d'un pays à l'autre… Un phénomène qui intéresse le site Plus news qui y a consacré un article. Un enjeu d'autant plus important que de nombreux pays ne ménagent pas leurs efforts afin de pouvoir financer ces traitements et les mettre à disposition de toutes les personnes qui en ont besoin.
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Pour quelles raisons les traitements anti-VIH peuvent-ils coûter jusqu'à trois fois plus cher pour certains pays qu'à d'autres ? C'est la question que s'est posée le AIDS2031, une ONG qui a réalisé un document de travail sur cette question. En fait, il ne s'agissait pas de comparer le coût dans un pays émergent et le coût du même traitement dans un pays riche, mais de voir pourquoi il y avait de tels écarts concernant des pays ayant des taux de prévalence et des niveaux de revenus semblables. Par exemple, selon des données officielles, le Nigeria payait, en 2007, 334 dollars par personne soignée par an pour un ensemble de médicaments anti-VIH de première intention qui ne coûtaient que 95 dollars au Congo. Les deux pays sont dans la catégorie des pays à revenus faibles, mais le Nigeria présente un taux de prévalence du VIH plus élevé dans la population qu’au Congo ( 3,1%, contre 1,2 %). Le Rapport constate d'ailleurs que, contrairement à une idée reçue, plus on commande de médicaments plus on les paye chers.

Alors qu'est-ce qui explique ces différences ? AIDS2031 en identifie plusieurs. Il y a d'abord les barèmes qu’appliquent les entreprises pharmaceutiques, qui prennent en compte des indicateurs socioéconomique des pays, par exemple le niveau de vie. Autre facteur, la capacité de la fondation Clinton (l'ONG qui achète le plus de traitements anti-VIH au monde) à négocier d’importantes réductions de prix au nom des pays. Une autre explication réside dans le choix entre des médicaments anti-VIH de marque et génériques. Comme on l'a vu, la quantité de médicaments achetée par un pays n'a pas d'influence sur la baisse des prix, c'est même le contraire. Pour AIDS2031, l'explication est simple : un achat en gros devrait logiquement permettre de tirer les prix vers le bas. Mais si le pays fait des commandes importantes, c'est parce qu'il n'a pas le choix. Car c'est le signe que la demande en traitement est forte et la pression sociale d'un large accès aux traitements forte elle aussi. Les labos jouent sur ce point. Prix bas ou prix plus élevés, les pays à forte prévalence n'auront pas d'autres choix que d'acheter. On peut donc les faire payer plus.

Pour AIDS2031, cet audit ne suffit pas. Il doit servir de base à des propositions "pour rendre ces médicaments plus abordables". Le rapport suggère de renforcer la capacité des pays pauvres à tirer parti des licences obligatoires, c’est à dire d’autoriser un tiers à fabriquer un médicament breveté ou utiliser le brevet sans le consentement de son propriétaire. Le rapport recommande de fournir une assistance technique à la production d’antirétroviraux génériques pour permettre de stimuler la concurrence entre les fabricants ; améliorer l’efficacité de production et acheter des substances actives moins chères pour réduire les coûts de fabrication, explique Plus News.

Pour les spécialistes, l'enjeu de la baisse n'est d'ailleurs n'est pas tant pour les médicaments de première intention, mais ceux de deuxième intention dont les coûts actuels sont au moins neuf fois plus élevés. Aujourd'hui, environ quatre millions de personnes ont accès aux médicaments anti-VIH, sur les quelque dix millions de personnes qui en auraient besoin dans le monde. Ce nombre devrait augmenter pour atteindre environ 22 millions d’ici à 2015.
Plus d'infos sur Plus news : http://www.irinnews.org/fr/
Plus d'infos (en anglais) sur AIDS2031 : http://www.aids2031.org/

Illustation : Lusi