"Trans’ : moins de silence !"

Publié par jfl-seronet le 13.12.2011
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Act Up-Paris entend rendre publics les enjeux sanitaires qui touchent la communauté Trans depuis plusieurs années. Cette semaine, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire publie les premières données d’une enquête réalisée de juillet à octobre 2010 par l’INSERM. Que disent ces données ?
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Fondées sur le recueil de 381 questionnaires (dont 25,2% remplis par des female-to-males/FtM : des femmes qui deviennent hommes), ces "données confirment nos inquiétudes", écrit l’association dans un communiqué (23 novembre). La prévalence au VIH/sida chez male-to-female (MtF : hommes qui deviennent des femmes) est "globalement 30 fois supérieure à celle de la population générale, allant jusqu’à un taux de 36% de séropositives dans un sous-groupe particulièrement discriminé". "L’absence de déclaration de séropositivité au VIH/sida chez les FtM [femmes qui deviennent hommes ] ne permet pas de conclure que la prévalence parmi eux serait égale à celle de la population générale en raison du faible effectif de répondants", avance l’association.
Le n°42 du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) présente de façon détaillée les premiers résultats de l’enquête. Concernant le VIH/sida, l’enquête indique que "le taux de dépistage du VIH est important dans la population trans : 82,5% des MtF et 63,6% des FtM ont déclaré avoir fait le test au moins une fois dans leur vie et 32,3% des FtM et 39,2% des MtF déclarent en avoir fait un au cours des douze derniers mois. La prévalence du VIH/sida dans l’échantillon est fortement différenciée selon le sexe de l’état civil à la naissance, puisqu’aucun FtM n’a déclaré être porteur du VIH. Elle s’élève à 6,9% parmi les MtF ayant déjà réalisé un test de dépistage du VIH. Parmi les MtF ayant déjà eu recours au travail du sexe, 17,2% sont séropositives", notent les auteurs de l’étude. "Précisons que 20,6% des MtF ont déjà pratiqué le travail du sexe au moins une fois dans leur vie, ainsi que 12,5% des FtM. Par ailleurs, 10,9% des MtF nées à l’étranger sont séropositives. Au total, la prévalence du VIH parmi les MtF nées à l’étranger et ayant déjà eu recours au travail du sexe est de 36,4%", précisent-ils.
Parmi les éléments de discussion, les auteurs avancent que cette "enquête démontre qu’il est indispensable de prendre en compte le sexe de l’état civil à la naissance lorsqu’il est question de VIH dans cette population. On observe une prévalence nulle du VIH parmi les FtM, qui corrobore les résultats des enquêtes internationales (…) En revanche, la prévalence de l’infection à VIH parmi les MtF confirme la gravité de l’épidémie dans ce sous groupe et, a fortiori, lorsque ces personnes ont eu l’expérience du travail sexuel et sont d’origine étrangère (…) Les résultats font également état d’un fort taux de recours au dépistage du VIH parmi cette population, indiquant qu’elle considère avoir conscience des risques auxquels elle est exposée."
Dans son communiqué (23 novembre), Act Up-Paris estime que ses "accusations à l’égard des équipes hospitalières françaises (dites "officielles") qui n’ont jamais communiqué sur l’épidémie [de VIH/sida] chez les Trans’ sont confirmées. Quels sont les "résultats" de ces mandarins obtus ? 66% des personnes ayant une opération génitale ont été à l’étranger, 32% dans un hôpital public français. Parmi les personnes opérées en France dans une clinique privée 18% ont eu des complications à la suite, 24% pour les personnes opérées à l’étranger et le taux explose jusqu’à 49% pour les personnes opérées par les équipes hospitalières "officielles" soit disant spécialistes. L’association qui a largement participé à l’enquête exige que "l’INSERM [l’organisme qui a conduit la recherche, ndlr] publie les données recueillies sur les pratiques de safe-sex, sur les modes de transmission du VIH, sur les IST, les pratiques diagnostiques du VIH et des IST, d’auto-médication et d’auto-chirurgie, sur la santé psychique et les tentatives de suicide, le nombre de partenaires sexuels, l’usage de substances, etc". L’association demande aussi que le ministre de la Santé "Xavier Bertrand publie le rapport qu’il a commandé à l’IGAS [Inspection générale des affaires sociales, ndlr] sur la prise en charge médico-sociale des transitions", que l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé "poursuive et précise ses efforts de prévention auprès des Trans’", que les "équipes médicales "officielles" arrêtent le massacre" des personnes et enfin que "l'Etat reconnaisse les discriminations contre les Trans’ et s'engage à les combattre."