Transmission mère/enfant : la fin "à portée de main"

Publié par jfl-seronet le 09.08.2012
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La disparition de la transmission du VIH de la mère à l’enfant dans le monde est à "portée de main" et pourrait marquer un tournant dans l'épidémie de sida, bien que la prévention chez les adolescents soit toujours problématique, estime Craig McClure, le directeur de la section VIH/sida de l'Unicef.
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"Pour la première fois, nous sommes vraiment au début de la fin de l'épidémie", a-t-il déclaré dans un entretien accordé à l'AFP à Paris avant la prochaine conférence internationale (IAS) sur le sida prévue du 22 au 27 juillet à Washington. Ce responsable de l’Unicef reste cependant plus réservé sur la prévention du VIH chez les adolescents. Il estime qu’elle peine à s’imposer. En revanche, Craig McClure est plutôt confiant concernant l'élimination de la transmission du VIH par la mère à son enfant pendant la grossesse, au moment de l'accouchement ou pendant l'allaitement.


Grâce aux efforts (prévention, suivi de grossesses, accès aux traitements, etc.) réalisés ces dernières années, les nouvelles infections de la mère à l’enfant ont diminué de près de la moitié entre 2003 (600 000 infections) et 2010 (390 000). L'objectif fixé par l'Unicef est ambitieux, mais "réalisable", selon Craig McClure : réduire de 90 % le nombre d'infections chez les nouveaux nés pour les porter à 40 000 en 2015 et diminuer de moitié la mortalité des mères liée au sida au cours de la même période. Dans les pays riches, où les femmes enceintes ont déjà presque toutes accès au dépistage puis aux traitements si elles sont séropositives, la transmission du VIH de la mère à l’enfant n'existe pratiquement plus. La très grande majorité des nouvelles infections de la mère à l’enfant (90 %) se produit actuellement dans 22 pays dont 21 pays situés en Afrique sub-saharienne et en Inde, explique le spécialiste qui préconise diverses mesures pour enrayer le phénomène.


Quelles sont ces mesures ? Craig McClure préconise une généralisation des tests de dépistage pour les femmes enceintes, des traitements plus simples (une seule pilule par jour), une meilleure prise en charge des femmes par les services locaux de santé et de nouvelles techniques de diagnostic. Il propose également de généraliser les traitements antirétroviraux (ARV) à toutes les femmes séropositives de ces 22 pays, en supprimant la simple prophylaxie, préconisée jusqu'à présent par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), pour certaines d'entre elles. Les traitements sont pour l'instant pris en charge à 50 % par des financements internationaux, avec des variantes selon les pays pouvant aller jusqu'à 100 %. En 2010, près de la moitié des séropositifs recensés dans le monde recevaient des traitements anti-VIH, soit 6 millions de personnes, un chiffre qui devrait passer à 15 millions en 2015. "Les chiffres sont encourageants et le progrès continue", estime M. McClure, mais il reconnaît également que les enfants de moins de 15 ans sont pour l'instant moins bien lotis, avec seulement 25 % d'enfants séropositifs traités. "Le diagnostic est plus compliqué, tout comme le traitement" a-t-il dit, en souhaitant davantage de recherches dans ce domaine.


Un autre sujet préoccupe ce responsable : les adolescents, difficiles à sensibiliser aux mesures de prévention. "La prévention ne marche pas très bien" chez les 11 à 18 ans, a reconnu Craig McClure, faisant état d'"une baisse modeste des nouvelles infections, de l'ordre de 12 % seulement entre 2001 et 2009. "L'éducation sexuelle dans les écoles est souvent dominée par des débats moralistes, ce qui ne facilite pas les choses", relève-t-il. Pour se faire dépister, encore beaucoup de pays réclament des adolescents qu'ils obtiennent l'autorisation de leurs parents, ce qui dissuade nombre d’ados de faire un test. Les adolescents les plus fréquemment infectés par le VIH sont globalement les jeunes hommes homosexuels et ceux qui consomment des drogues, avec une exception pour les pays d'Afrique australe où plus de 10 % des jeunes filles de 11 à 16 ans sont séropositives, soit nettement plus que les jeunes garçons de leur âge. L'Unicef réfléchit à de nouveaux programmes destinés aux adolescents et compte sur la conférence de Washington pour évoquer des projets pilotes et de nouvelles recherches dans ce domaine, ajoute Craig Mc Clure.