Travail du sexe : ce qui s’annonce dans la future loi

Publié par jfl-seronet le 16.03.2013
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Mode de vietravail du sexeprostitution

Le 16 mars se déroule à Paris (14h30, place Pigalle) une manifestation contre le délit de racolage. Délit que le gouvernement envisagerait de supprimer si on en juge par l’annonce de la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem dans une récente interview. De leur côté, les Femen demandent la pénalisation des clients.

Dans un récente interview au magazine "Causette" (N°33, mars 2013), la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a longuement expliqué quels étaient les axes de la future loi qu’elle entend porter sur le travail du sexe. "Il y a des prostitutions, de trajectoires personnelles. Il faut s’extraire des oppositions caricaturales pour construire des solutions pragmatiques, des portes de sortie individuelles. En dehors de la traite, il existe une prostitution de nature économique qu’il faut interroger (…) Il faut aussi repenser les droits des prostituées âgées - l’accompagnement vers la retraite. La prévention et la réinsertion ne suffisent pas. S’agissant des prostituées étrangères, qui constituent (…) l’immense majorité des situations, ce sont les questions de l’accès aux papiers et de la lutte contre les réseaux qui se posent au niveau national comme au niveau européen", explique la ministre.

Travail du sexe : quel calendrier pour la loi ?

Interrogée par Causette sur le calendrier, Najat Vallaud-Belkacem rappelle d’abord qu’une résolution réaffirmant la position abolitionniste de la France a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée Nationale. "Aujourd’hui, nous voulons capitaliser sur ce consensus, explique la ministre. Notamment grâce au travail, transpartisan et de terrain, de deux commissions, à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Ces travaux, qui ont commencé depuis octobre, vont se rejoindre en fin d’année. C’est sur cette base que seront dessinés les contours d’une proposition de loi. L’idée n’est pas de se focaliser sur les questions pénales, mais aussi sur l’ensemble des champs (….) prévention, droits sociaux, accès au logement, aux aides et au titre de séjour, formation, etc." Et la ministre de faire une annonce : "Ce qui sera plus rapide, c’est l’abrogation du délit de racolage passif, qui faisait des victimes de la prostitution des coupables. Il fait l’objet d’une proposition de loi [des sénatrices et sénateurs écologistes, ndlr] qui sera examinée au Sénat à la fin mars [Le texte sera présenté et débattu le 28 mars, ndlr]."

Surprise dans cette interview, Najat Vallaud-Belkacem explique qu’elle n’a jamais dit qu’elle voulait la pénalisation des clients, mais annonce tout de même : "Nous sommes encore en réflexion sur cette question de la pénalisation".

Travail du sexe : les Femen défendent une position abolitionniste

On parle beaucoup des Femen en ce moment… on ne connaît pas toujours très bien leurs positions sur certains sujets… par exemple la prostitution. On peut s’en faire une idée en lisant l’interview que la co-fondatrice des Femen, Inna Shevchenko, a accordé (6 mars) à "Charlie Hebdo". Inna Shevchenko y explique : "Nous sommes abolitionnistes. Nous sommes contre la prostitution. Mais que cela soit bien clair, nous ne nous battons pas contre les prostituées. Nous nous battons contre l’industrie du sexe, contre le business, c’est-à-dire contre l’exploitation des femmes. Les prostituées sont des esclaves, des instruments dans les mains des proxénètes". Et la la co-fondatrice des Femen de développer : "En France, beaucoup de personnes, et même des féministes - ce qui me remplit de tristesse -, ont sur la prostitution un point de vue très romantique. Elles la voient comme faisant partie des droits des femmes (…) Quand une femme aura la possibilité d’être PDG d’une multinationale le lundi et prostituée le mardi, parce qu’elle le souhaite, je l’accepterai". D’accord, mais quelle solution lui demande le journal. Réponse : "Pour nous,  la solution passe par la pénalisation du client. C’est lui qui engendre le business, qui lui permet d’exister. C’est le modèle suédois qui fonctionne très bien".

Dans le même numéro, les Femen consacrent un texte spécifique au travail du sexe. Les militantes y reviennent sur leurs positions sur cette question politique. "Femen ne s’attaque évidemment pas à la minorité des femmes qui a choisi de se prostituer en toute liberté, mais à un trafic humain organisé qui pourrait s’apparenter au trafic d’organes (…) Légaliser la prostitution, le troc de chair humaine négociée contre quelques deniers, reviendrait donc finalement à être en accord avec les bases de l’esclavagisme (…) Nous sommes clairement abolitionnistes et favorables à la pénalisation du client, qui permettrait de sortir d’une culpabilisation de la femme et de son corps. Nous récusons la prostitution en tant que business instauré et contrôlé par les hommes, dont le seul but est d’exploiter le corps des femmes comme une valeur marchande, un produit fini (…) et une source de revenus ; nous ne serions pas aussi à cran concernant l’industrie du sexe si cette machinerie capitaliste et inhumaine n’était pas essentiellement liée à des réseaux mafieux qui recrutent des femmes paumées en leur faisant miroiter une vie de rêve - et en leur chourant leur passeport, cela dit en passant".

Commentaires

Portrait de skyline

Les opposant-es à la prostitution s’appuient sur des réseaux puissants, une alliance objective avec les conservateurs, et une idéologie féministe dites «abolitionniste» qui promeut la disparition de toute forme de prostitution. Lorsqu’on analyse de plus près ce courant féministe ô combien prééminent au Québec et en France, on se rend vite compte qu’il s’agit d’un intégrisme s’articulant sur une série d’impostures intellectuelles, sociales et politiques. Explications : http://www.alliancefeministesolidaire.org/2013/03/abolition-de-la-prosti...