TROD : les premiers résultats pour AIDES

Publié par jfl-seronet le 14.12.2012
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Chiffresdepistage rapideTrod

Les tests de dépistage rapide à orientation diagnostic du VIH (TROD) permettent d'atteindre des personnes insuffisamment dépistées dans les populations à risque françaises, notamment les communautés gay et afro-caribéenne, selon un premier bilan fourni (28 novembre) par AIDES. Voici les chiffres.

Entre le 1er janvier et le 30 septembre dernier, des militants de AIDES ont réalisé 12 695 tests de "dépistage rapide" dans vingt-trois régions de France incluant la Guyane, la Guadeloupe, Saint-Martin et la Martinique, dont 70 % réalisés lors d'actions "hors les murs" c'est-à-dire dans des lieux publics, des saunas, des clubs, des sex-bars, etc.


Quelles sont les Communautés d'appartenance des personnes dépistées ? Sur les 12695 tests réalisés, 40 % concernent des homosexuels masculins (toutes origines) ; 30 % concernent des hétérosexuels d'origine africaine et caribéenne (65 % hommes/35 % femmes) ; 30 % concernent des hétérosexuels dits "caucasiens" (les Blancs) (55 % hommes/45 % femmes). A noter que les trans, les personnes consommatrices des produits psycho-actifs et les travailleurs et travailleuses du sexe sont représentées dans les 3 catégories citées ci-dessus. En allant ainsi à la rencontre des populations à risque sur leurs lieux de vie, AIDES a obtenu plus de 1 % de résultats positifs sur l'ensemble des tests, soit 5 fois plus que dans l'offre de dépistage classique (0,2 %).


Autorisé depuis novembre 2010, le TROD est réalisé par des non médecins. Il a l'avantage d'apporter une réponse quasi immédiate à la personne qui le passe, avec un délai de 30 minutes contre plusieurs jours d'attente pour les tests classiques. Les taux de résultats positifs ont été les plus élevés parmi les gays originaires d'Afrique (3,49 %), devant l'ensemble des gays (1,9 %), les hétéros d'origine africaine ou caribéenne (0,8 %) et les hétérosexuels blancs (ce sont eux que les chercheurs appellent "caucasiens" (0,2 %)).


Autre avantage des TROD, ils ont été réalisés sur des personnes qui, pour 30 % d'entre elles, n'avaient encore jamais été testées auparavant, un taux s'élevant à 45 % pour les hétéros d'origine caribéenne ou africaine. Chez les gays, plus familiarisés avec le dépistage, 21 % avaient déclaré ne pas avoir fait de test depuis plus de deux ans. Selon AIDES, mais aussi les autorités de santé en France, 30 000 à 40 000 personnes ignorent leur séropositivité en France. "Ce premier bilan confirme la pertinence de notre dépistage militant" relève l'association qui annonce un développement de son offre de dépistage du sida en 2013. L'association compte également sur les liens de confiance établis par ses militants lors des entretiens préalables aux tests pour convaincre les personnes qui découvrent leur séropositivité d’être suivies médicalement. Il s’agit notamment de réduire le taux des "perdus de vue" qui atteint actuellement 30 % pour les dépistages réalisés dans des établissements de soins. L'association demande enfin aux autorités de santé de mettre en place "au plus vite" des tests rapides démédicalisés pour dépister les hépatites virales B et C, "particulièrement virulentes parmi les populations migrantes et les usagers de la drogue".