Trod VHC… c’est pour bientôt

Publié par jfl-seronet le 10.06.2016
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ThérapeutiqueTrod VHChépatite CVHC

Les tests rapides à orientation diagnostique de l’hépatite C (ou Trod VHC) arrivent bientôt. Ils pourront désormais être proposés en même temps que les Trod VIH et viennent compléter l’offre de dépistage actuelle du VHC. Explications

A la dernière estimation en 2004, 232 000 personnes vivaient en France avec une hépatite C chronique, dont quelques 75 000 restaient non diagnostiquées en 2014. Chaque année, on compte entre 2 700 et 4 400 nouveaux cas de VHC. L’hépatite C cause jusqu’à 2 600 décès par an. Les hépatites virales B et C font partie des priorités de santé publique, en témoignent la sortie en 2014 des premières recommandations d’experts (rapport Dhumeaux), la journée nationale de lutte contre les hépatites (25 mai), la mise en place d’un comité de suivi du rapport d’experts 2014, etc. Reste que malgré des avancées thérapeutiques majeures concernant le VHC (les antiviraux à action directe ou AAD), les hépatites virales continuent de se propager. De plus, la prise en charge des personnes qui en sont atteintes demeure très insuffisante, comme le pointait le rapport Dhumeaux. Pour éradiquer l’hépatite C en France, deux actions doivent être conduites : l’accès universel aux nouveaux traitements antiviraux à action directe (AAD), attendue avant la fin de l’année 2016, et un dépistage plus efficace du VHC qui passe par la mise en place des Trod.

Quels avantages pour le Trod ?

Comme c’est le cas pour le VIH, le Trod est un test d’utilisation simple, au résultat rapide, et pouvant être mis en œuvre de façon délocalisée, et les Trod VHC constituent un outil complémentaire aux tests biologiques par prélèvement sanguin. Ils permettent de renforcer la prévention et le dépistage auprès de personnes particulièrement exposées au risque d’infection par le VHC, éloignées des structures de soins ou trop peu dépistées. Les Trod VHC et VIH permettent aux personnes et aux groupes les plus exposés au VIH et VHC de mieux intégrer leurs démarches de dépistage dans une stratégie globale de réduction de leurs risques d'exposition et d’amélioration de leur santé en s'appuyant sur une offre de dépistage communautaire et sur un accompagnement vers le système de santé. Ces temps d’échanges avant et après le Trod permettent de renforcer les connaissances des personnes rencontrées sur les modes de transmission du VIH, des hépatites virales, des infections sexuellement transmissibles, des moyens de prévention et de réduction des risques, etc. Ils favorisent chez les personnes l'identification de leurs expositions aux risques, la connaissance renouvelée de leur statut sérologique et l'adaptation des comportements et des stratégies préventives. La proposition de Trod est complémentaire aux offres de dépistage et de prévention existantes (laboratoires d’analyses médicales, CeGIDD (centre gratuit d'information, dépistage et diagnostic des infections par le virus de l'immunodéficience humaine et les hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles), hôpitaux, etc.).

Un arrêté pour les Trod VHC

En mai 2014, la Haute autorité de santé (HAS) a publié des recommandations sur la "Place des tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) dans la stratégie de dépistage de l’hépatite C". Le rapport d’experts 2014 coordonné par Daniel Dhumeaux sur la " Prise en charge des personnes infectées par les virus de l’hépatite B ou de l’hépatite C" a également intégré des recommandations sur le Trod VHC (pages 28 à 32 du rapport Dhumeaux). L’arrêté concernant les Trod VHC sera bientôt publié, après plusieurs reports pour des raisons administratives et techniques. Il fixera "les conditions de réalisation des tests rapides d'orientation diagnostique de l'infection par le VIH et le VHC en milieu médicosocial ou associatif". Cet arrêté, autorisera officiellement le déploiement du dépistage communautaire de l’hépatite C. Il établira un cahier des charges pour en préciser le cadre, les enjeux, les publics ciblés, le déroulement.

Le Trod VHC comment ça marche ?

Ce sont les tests Toyo VHC distribués en France par la société Nephrotek qui sont utilisés. Il s’agit d’un test rapide à lecture visuelle, qui permet la détection des anticorps anti-VHC dans le sang. Ce test permet de vérifier si une personne a été ou non en contact avec le VHC, mais unTrod positif peut aussi bien signifier une infection active qu’une infection passée et guérie (spontanément ou suite à un traitement). Autrement dit, le Trod permet de savoir si l’on a été ou pas en contact avec le virus de l’hépatite C. Seul un diagnostic sur prélèvement sanguin dans un centre de dépistage permettra de le vérifier et de voir si l’infection par le VHC est chronique (on dit aussi active). Dans la proposition de Trod VHC de AIDES, le déroulement se fait ainsi : un entretien pré-test, la réalisation d’un Trod avec les tests Toyo VHC : recueil de la goutte de sang au bout du doigt et dépôt sur la cassette avec le diluant, puis la personne attend le résultat qui apparait après 15 mn, entretien après dépistage avec remise des résultats. L’ensemble dure environ 45 minutes.

Où et pour qui ?

Ces Trod peuvent être proposés par les médecins généralistes, mais le rapport Dhumeaux constatait, citant des enquêtes, que les connaissances des généralistes concernant les situations à risque élevé d’infection par le VHB et le VHC étaient améliorables. Les Trod peuvent être proposés dans les CeGIDD (fusion des CDAG et des Ciddist), les Caarud (centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues), les locaux associatifs agréés, en extérieurs, etc. L’offre de dépistage par Trod s’adresse prioritairement aux personnes usagères de drogues, notamment celles qui sont les plus éloignées et/ou isolées des structures d’accès aux soins, aux personnes migrantes, notamment celles qui viennent de pays où la prévalence est forte (pays du Maghreb et du Moyen-Orient, pays d’Europe de l’Est et centrale) ; les personnes en détention, les personnes qui vivent avec le VIH, certaines personnes en fonction de leurs pratiques sexuelles. La transmission du VHC par voie sexuelle est théoriquement très rare, le virus se transmet par le sang. Il y a donc risque de transmission lors de rapports pendant les règles, si les muqueuses sont fragilisées du fait de lésions causées par des infections sexuellement transmissibles ou lors de pratiques sexuelles traumatiques (fist fucking, partage de sextoys, etc.) pouvant occasionner des saignements. Les Trod VHC peuvent ainsi être proposés aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes multipartenaires, en particulier à ceux qui vivent avec le VIH et/ou sont consommateurs de produits (sniff ou injections). On peut aussi noter que le rapport Dhumeaux recommande d’élargir les stratégies de dépistage afin que tous les hommes entre 18 et 60 ans se voient proposés au moins une fois un test de dépistage du VHC.

Remerciement à Coline Mey et Virginie Laporte